Jacques Mulélé : « Ce n’est pas en se dandinant que l’on devient un grand sapeur. »

Dimanche 7 Juillet 2013 - 7:00

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Jacques Mulélé est l’un des précurseurs de la sape au Congo. Dans le mouvement depuis 1968, il évoque ici sa passion pour le vêtement

Les Dépêches de Brazzaville : Qu’est-ce que c’est être bien habillé ?

Jacques Mulélé : C’est se mettre sur son 31, c’est mettre l’une de ses plus belles tenues. Par contre, être mal habillé c’est mélanger un peu de tout sans tenir compte du temps qu’il fait. Car le temps exige aussi ses tenues.

LDB : Êtes-vous un sapeur ou un gentleman ?

JM : Je suis un gentleman. Parce qu’un sapeur, c’est simplement quelqu’un qui a la passion des vêtements, alors qu’un gentleman est un homme complet, qui combine les vêtements et l’intellectualisme. Sans fausse modestie, je suis un gentleman !

LDB : Pourquoi vous appelle-t-on « président » ? Votre mouvement est-il structuré ?

JM : Je suis le président dans le cadre de la Sape. Nous avons un gouvernement qui est composé d’un Premier ministre-chef du gouvernement et de quatre ministres d’État. Il faut ajouter à cela le Sénat et l’Assemblée de la Sape.

LDB : La Sape nécessite de gros moyens financiers. Peut-on pour cette raison admettre un sapeur débraillé ?

JM : Un sapeur se fait remarquer, même débraillé, voire en pyjama. Car il y a des pyjamas, des sous-vêtements, des cravates et des manchettes de marque. La Sape rime avec certains faits sociaux, parce que le sapeur veut toujours se faire voir partout où il se trouve. Mais cela ne veut pas dire qu’il faille se dandiner pour se faire remarquer, on peut se singulariser en étant posément assis. Toutefois, il faut reconnaître que dans la Sape, il y a des divisions comme au football, et je pense que les jeunes qui se déhanchent dans la rue n’ont pas encore atteint la maturité de la Sape. Avec le temps, ils comprendront que ce n’est pas en se dandinant que l’on devient un grand sapeur.

Bruno Okokana