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Le Pool dans les conversations

Lundi 20 Novembre 2017 - 8:40

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On le décrit, on échange beaucoup autour de la crise dans laquelle le Pool, partie intégrante du Congo, est plongé depuis le 4 avril 2016. Deux ans dans six mois. Si on en parle tant, c’est bien parce que le sujet tient les Congolais à cœur. Dans l’ensemble, ils voudraient tous que l’on en finisse afin que les esprits s’apaisent, que chacun là où il se trouve vaque tranquillement à ses occupations, que les propriétés privées soient épargnées, les biens publics préservés, la liberté d’aller et venir aux quatre coins du pays garantie à tous.

Un ancien ministre de la République a tenté, dans la presse locale, d’émettre son point de vue sur cette question dans un article aux antipodes de la surenchère souvent observée dans les médias. Que l’on lise la toile ou les journaux, que l’on regarde la télévision ou qu’on écoute la radio, bien souvent s’enchevêtrent récriminations, affronts, calomnies. Au nom de cette crise qui perdure, les Congolais se découvrent du Nord ou du Sud, ils vont jusqu’à ne penser l’avenir de leur nation qu’en s’opposant les uns contre les autres sur ce créneau. Preuve donc que personne, jusqu’à présent, ne détient la solution miracle pour en sortir en dehors de l'effort collectif et dans le cadre d'un pays qui a du respect pour lui-même. 

Ce ministre qui s’exprimait en sa double qualité de « fils et intellectuel du Pool », on peut comprendre simplement intellectuel et ressortissant du Pool, a évoqué la rencontre du président de la République, le 10 octobre dernier, à Brazzaville, avec les sages et notabilités de ce département. Il reconnaît qu’il s’agit d’une « opportunité historique qui va dans le sens de résoudre les problèmes congolais par le dialogue et par la tolérance ». Il estime, en outre, que parmi les mesures qui pourront concourir à la paix, il y en a une qui a toute son importance : la dissolution des milices privées. Ce n’est pas sûr, en effet, qu’il y ait de bons miliciens.

Un peu plus d’un mois après l’entrevue rappelée plus haut, il semblerait que les choses soient en train lentement de bouger dans le Pool. Des groupes de combattants ninjas-nsiloulous seraient prêts à quitter les maquis pour se mettre à la disposition de la République. Ils demanderaient des garanties allant de leur prise en charge à l’abandon par les juridictions de poursuites qui les viseraient éventuellement. Combien sont-ils ? Où aimeraient-ils être cantonnés et comment envisagent-ils réellement de se réinsérer dans la vie active ? Du pain sur la planche bien sûr et les autorités doivent en être conscientes.  

Ce qui est sûr, ajoute-t-on sur ce dossier, quelques chefs d’écuries ninjas-nsiloulous auraient regagné certains villages et se déclarent prêts à négocier la fin des hostilités. En plus de vivre sur le dos de la population et de rares commerçants déjà fortement éprouvés par une situation humanitaire difficile, ces hommes possèderaient en nombre des armes de guerre et des fusils de chasse. L’une des recommandations de la rencontre du 10 octobre était que les miliciens qui choisissent la paix devaient en donner la preuve en déposant leurs armes. C’est là que réside aussi la pertinence du propos de l’ancien ministre quand il implore la dissolution des milices privées. Car c’est une dimension importante du retour à la quiétude aux portes de Brazzaville.

Pour cela, sans doute, les écrits les plus pertinents ne suffisent pas à décanter les situations aussi inextricables, mais ils peuvent offrir des pistes de solution à cette crise du département du Pool devant laquelle l’apitoiement récriminatoire doit céder le pas aux initiatives courageuses, à l’instar de celle des sages et notables. Quand bien même, pour l’avoir prise, ils sont traités de tous les noms par des velléitaires adeptes de tours de passe-passe oratoires qui ne mènent à rien.

 

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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