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L’expression de la démocratie

Mardi 22 Avril 2014 - 0:04

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Les Congolais en général et les Africains en particulier ayant adopté progressivement le débat libre, la confrontation des idées, l’arbre à palabre communément appelé « mbongui » parmi les expressions fondamentales et légitimes qui doivent caractériser la cité, il semble opportun de rappeler le cheminement de ce droit, que les démocraties présentent également comme un droit civique fondamental. Nous pouvons désormais l’exercer librement, selon nos aspirations, mais sans oublier qu’il fût obtenu à coup de sang, de sueur et de sacrifices séculiers, nous avons cité le droit de vote.

Si de nos jours, la citoyenneté peut s’exprimer à l’occasion d’un scrutin contemporain, poser un choix, contribuer à l’élection de gouvernants représentatifs et répondre à une question posée par la gouvernance, sous forme de plébiscite ou de référendum, c’est bien l’expression même de la démocratie dont nous sommes fiers de porter en plein vingt et unième siècle et que nous devons perpétuer irréversiblement.

Le droit de vote, exclusivement masculin à l’origine en France, a été étendu de manière progressive, à partir de 1791, où l’on évoquait le suffrage censitaire et indirect qui n’accordait qu’aux hommes de plus de 25 ans et payant un impôt direct le droit de voter. Ils étaient appelés « citoyens actifs », et les autres, des « citoyens passifs », car ils ne pouvaient participer aux élections. Cette mesure tendait essentiellement à avantager l’aristocratie conservatrice et légitimiste.

Ce droit s’élargit timidement à travers un corps électoral, mais le suffrage censitaire refit surface en 1814 et ce jusqu’en 1830, sous la Restauration, l’an 1848 marquait et la fin de la Monarchie de Juillet et l’avènement de la république et partant, celui du suffrage universel masculin par décret du 5 mars 1848 qui ne sera plus jamais remis en cause. Désormais sont électeurs tous les Français âgés de 21 ans et jouissant de leurs droits civils et politiques, le droit d’être élu était accordé à tout électeur de plus de 25 ans, et le vote devenait secret.

Dans le contexte colonial que fut celui de l’Afrique par rapport à la France et aux autres puissances à l’instar de la Belgique et du Royaume-Uni, etc., ce n’est que sous la Quatrième République que les « indigènes » ont pu accéder à la citoyenneté théoriquement pleine et entière, le 7 mai 1946. Cela fut rendu possible à la faveur de la loi du Sénégalais Lamine Guèye, adoptée dans la Constitution du 27 octobre 1946 dite Constitution de la Quatrième République, qui se concrétisa dix ans plus tard, le 23 juin 1956, par la loi-cadre Defferre qui consacrait une citoyenneté égale entre « indigènes » et « Européens ». La Belgique n’a accordé le droit de vote à ses sujets coloniaux du Congo qu’à partir de décembre 1957, le Royaume-Uni et les Pays-Bas dans les Indes néerlandaises ont procédé en élisant d’abord des assemblées pour les colons et en introduisant progressivement des représentants indigènes et des non-Européens.

Pendant longtemps, et déjà sous l’antiquité, en Grèce, le droit de vote est refusé aux esclaves et aux femmes, que l’on considère respectivement comme des biens et d’éternelles mineures, mais aussi aux métèques et étrangers que l’on qualifiait de barbares. Ainsi constate-t-on qu’en raison d’arguments misogynes, il y a à peine moins d’un siècle que les femmes ont obtenu ce droit de vote et donc la possibilité de se présenter aux élections. Il s’agissait naturellement d’une avancée majeure pour ce droit qu’elles exerçaient pour la première fois, il y a 70 ans en France, le 29 avril 1945, à l’occasion des élections municipales et plus tard, le 21 octobre 1945 en participant au scrutin national.

En Afrique, ce droit qui donne aux femmes les mêmes privilèges est encore plus récent, car il n’est accordé aux femmes du Congo qu’en 1963, et à ce jour, la représentation au pouvoir peut être évaluée approximativement à 12% ; en Côte d’Ivoire, elles en jouissent depuis 1952 ; au Bénin, en 1956 ; et au Cameroun, en 1946. Il faut toutefois relever que c’est dans un pays d’Afrique, le Rwanda, que ce vote qui a donné naturellement le ton à la parité s’exprime le mieux dans la vie publique ou les femmes sont majoritaires au Parlement et au sein du pouvoir exécutif.

Le premier régime politique qui donne son nom à la démocratie, le système politique ayant permis que le droit de vote soit étendu aux citoyens, est né dans la cité d’Athènes durant l’Antiquité.

Ferréol-Constant-Patrick Gassackys

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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