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Où peut mener la nouvelle « Intifada » ?

Dimanche 11 Octobre 2015 - 15:30

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Personne n’ose le dire publiquement de peur de jeter un peu plus d’huile sur le feu qui couve, mais les troubles croissants dont la bande de Gaza, la ville de Jérusalem, la Cisjordanie et diverses localités d’Israël sont aujourd’hui le théâtre indiquent de façon claire qu’une nouvelle et meurtrière « Intifada » a débuté dans la région déjà très agitée du Levant. Avec, en perspective, des troubles infiniment plus graves que ceux, déjà meurtriers, des deux précédents soulèvements qui s’étaient produits à partir de décembre 1987 et de septembre 2000.

Mieux vaut ne pas se voiler la face alors que la tension monte entre Palestiniens et Israéliens : le pire peut sortir de la nouvelle confrontation dans laquelle ils s’engagent. Convaincus à tort ou à raison qu’Israël ne les laissera jamais s’organiser en État indépendant malgré les pressions qu’exerce la communauté internationale dans ce sens, les jeunes Palestiniens en viennent à considérer qu’ils n’ont plus rien à perdre et recourent donc au terrorisme pour défendre leur cause. Les Israéliens, quant à eux, pensent que les Palestiniens et, de façon plus générale, les pays arabes veulent leur disparition pure et simple, ce qui les conduit à s’enfermer dans une forteresse en colonisant l’un après l’autre les territoires qui composent depuis toujours la Palestine.

Si, comme on peut le penser, les troubles s’accroissent et débouchent sur une guerre larvée qui ne dit pas son nom, il n’est pas impossible que la nouvelle « Intifada » dont nous vivons les premiers instants provoque un conflit régional dans lequel les grandes puissances se trouveront impliquées qu’elles le veuillent ou non. Dans le même temps, en effet, où la Syrie, l’Irak et l’Afghanistan se trouvent confrontés à la poussée des Islamistes radicaux, les deux grands courants de la religion musulmane que sont le Sunnisme et le Chiisme s’affrontent de façon plus ou moins déguisée – cf. ce qui se passe au Yémen –, tandis que le Liban et la Jordanie, submergés par les réfugiés, se trouvent confrontés à des défis qui les dépassent. Dans un pareil contexte il est évident que la dégradation de la situation en Palestine peut être l’étincelle qui provoquera l’embrasement général de cette partie du monde.

La situation apparait d’autant plus grave que le conflit qui se déroule en Syrie dresse l’une contre l’autre, même si elles ne le reconnaissent pas officiellement,  deux des quatre grandes puissances que compte le monde moderne, à savoir la Russie et les États-Unis. Si l’on ajoute à ce qui précède que le conflit larvé opposant l'Israël et l’Iran, à propos de la détention des armes nucléaires, n’est en rien terminé contrairement aux apparences que constituent  les termes de l’accord trouvé récemment entre Téhéran et les puissances occidentales, on peut conclure que le pire, dans cette région du monde, est possible sinon même probable.

L’Histoire a suffisamment prouvé, tout au long des siècles précédents, que les pires tragédies naissent généralement d’un conflit mal éteint ou mal endigué pour que le monde moderne ne ferme pas les yeux sur les risques que comporte la dégradation présente de la situation en Palestine, dans la bande de Gaza et à Jérusalem. Si elle a raison de se préoccuper du dérèglement climatique et des conséquences désastreuses qu’auront inévitablement les atteintes portées à l’environnement par la suractivité industrielle, la communauté internationale dans son ensemble ferait bien de prendre la juste  mesure du drame que risque de provoquer l’affrontement des Israéliens et des Palestiniens.

Demain, c’est évident, il sera trop tard et personne ne saura gérer les conséquences de l’affrontement fratricide qui se dessine.

 

 

 

 

 

 

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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