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Pétrole : l’Afrique en force à l’Opep

Samedi 14 Juillet 2018 - 14:29

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La République du Congo a rejoint cette année les rangs de l’Organisation des pays producteurs et exportateurs de pétrole (Opep). Avec l’adhésion du Congo, qui porte le nombre de pays membres à quinze, l’Afrique compte désormais sept membres au sein de cette organisation créée lors de la conférence de Bagdad (Irak) en septembre 1960, et qui représente près de 50% de la production mondiale de pétrole. Dans ce dossier, essayons de comprendre ce qu’est l’Opep. Que peut concrètement apporter cette adhésion au secteur pétrolier dans notre pays et quel serait son impact sur l’économie nationale ?

A quoi sert l’Opep ?

Acteur incontournable du marché pétrolier mondial, l’Opep est une organisation intergouvernementale permanente. Techniquement, faire partie de l’Opep met un pays à l’abri des fluctuations des prix et de la demande et bénéficie en lieu et place des prix sûrs, équitables et stables pour le pétrole. En 2016, cette organisation possédait 81,5 % des réserves mondiales de pétrole brut et représentait plus de 50 % des exportations mondiales.

L’Opep a pour but de mettre fin aux pressions baissières sur le prix du pétrole imposées par les entreprises occidentales. Pour cela, les principaux pays producteurs s’unissent et forment un cartel afin de jouer un rôle prépondérant sur le marché mondial du pétrole, en établissant des quotas de production. Aujourd’hui, elle est composée de quinze pays avec un leader incontestable qui est l’Arabie saoudite.

Le rôle vital de l’Arabie saoudite au sein de l’Opep

D’après des chiffres publiés par le département américain de l’Énergie, les réserves mondiales de pétrole étaient estimées à 1656 milliards de barils en 2014. L’Opep en possédait plus de 80 %. Le Venezuela et l’Arabie saoudite disposant d’environ 40 % des réserves mondiales à eux deux. L’Arabie saoudite est le producteur dont les coûts de revient sont les plus faibles au monde.

Elle dispose donc de trois avantages : une production colossale, des réserves colossales et des coûts de production extrêmement bas. Lorsque vous disposez  de ces trois avantages, vous pouvez facilement contrôler les cours du pétrole mondiaux. Vous pouvez en extraire plus : cela fait baisser les cours. Vous pouvez en extraire moins : cela fait grimper les cours. Ou alors, vous maintenez un juste équilibre et les cours restent là où ils sont. L’Arabie saoudite est la seule nation à pouvoir le faire.

Quels avantages pour le Congo de devenir membre de l’Opep ?

La plupart des grands pays producteurs de pétrole dans le monde sont membres de cette organisation, sauf deux. Ces exceptions sont la Russie et les Etats-Unis, soit deux des plus grands producteurs d’énergie. Devenir membre de l’Opep permet à un pays comme le Congo à la fois de se protéger des effets des différents chocs pétroliers et aussi de faire partie dorénavant des décideurs au lieu d’être juste un acteur passif. N’oublions pas que les principaux pays producteurs s’unissent et forment un cartel afin de jouer un rôle prépondérant sur le marché mondial du pétrole en établissant des quotas de production.

Le Congo a désormais sa place à cette table. Il est important de savoir aussi que le boom du pétrole de schiste américain est une menace permanente pour les producteurs de pétrole ordinaire. C’est, d’ailleurs, à la suite de cette menace en termes de parts de marché que l’Arabie saoudite ouvrait les vannes à volonté fin 2014 avec pour conséquence un effondrement brutal du prix du pétrole et la crise économique que  notre pays continue de subir. Adhérer à l’Opep permet de figurer en première ligne dans le cercle des décisions mais aussi pouvoir bénéficier de l’énorme manne du  fonds de l’Opep pour le développement international, qui est une agence multilatérale de coopération et d’aide financières instituée par les pays membres avec l’objectif de renforcer la coopération financière entre les Etats membres et les autres pays en développement, en fournissant à ces derniers un soutien financier dans leurs projets de développement économique et social.

Avec le Congo, l’Afrique se renforce au sein de l’Opep

L’adhésion du Congo à l’Opep conforte la place de l’Afrique comme zone géographique la plus représentée au sein de cette organisation. Avec sept pays que sont l’Algérie, l’Angola, le Gabon, la Guinée équatoriale, la Libye, le Nigeria et le Congo, l’Afrique peut se targuer d’avoir tous ses plus grands producteurs de brut du continent au sein d’une organisation dont le poids géopolitique est indéniable. On notera que parmi ces pays, quatre sont d’Afrique centrale.

Les quinze membres de l’Opep

Lors de sa fondation en 1960, l’Opep comptait cinq membres fondateurs qui sont: l’Iran, l’Irak, le Koweït, l’Arabie saoudite et le Venezuela. Ils ont ensuite été rejoints par :

En Afrique : La Libye (1962), l’Algérie (1969), le Nigeria (1971), l’Angola (2007), le Gabon (membre entre 1975 et 1995 a réintégré l’organisation en 2016), la Guinée équatoriale (2017), le Congo (2018).

Au Moyen-Orient : le Qatar (1961), les Émirats arabes unis (1967).

En Asie : l’Indonésie (membre entre 1992 et 2007, a réintégré l’organisation en 2016).

En Amérique latine : l’Équateur (membre entre 1979 et 1992, a réintégré l’organisation en 2007).

Pourquoi l’Opep a-t-elle son siège en Autriche ?

Alors qu’elle ne compte en son sein aucun membre issu de pays européen, l’Opep a pourtant toujours eu son siège en Europe. Après s’être installée à Genève (Suisse) les cinq premières années de son existence comme plusieurs organismes internationaux, elle est depuis 1965 établie à Vienne (Autriche). Ce choix a été fait pour répondre à un souci de neutralité, l’Autriche comme la Suisse auparavant, ayant la réputation de pays neutre. Mais aussi afin de mettre chaque pays membre au même pied d’égalité.

 

 

Boris Kharl Ebaka

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Édition du Samedi (SA)

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