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Réformer l’ONU, oui mais comment ?

Samedi 16 Janvier 2016 - 11:44

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La question se pose avec une acuité de plus en plus grande étant donnée l’importance que prennent de jour en jour les pays dits « émergents » dans l’évolution de la planète Terre. Il n’est donc pas inutile de tenter d’y répondre à partir des quelques observations que voici.

 1° L’Organisation des Nations Unies ne reflète pas, ne reflète plus dans sa gouvernance interne les réalités humaines, économiques, stratégiques du monde actuel. Créée il y a soixante-dix ans elle n’a pas su prévoir les changements qui s’opèreraient inéluctablement dans différents domaines et, ce qui est plus grave encore, elle est demeurée figée sur les positions qui avaient présidé à sa création en 1945. En témoigne de façon accablante son incapacité à ouvrir sa plus haute instance exécutive, le Conseil de sécurité, aux pays du tiers-monde et à modifier les règles qui la régissent.

 2° Dominée de facto par les « Grands », c’est-à-dire par les seuls membres permanents de ce même Conseil de sécurité, l’ONU démontre chaque jour un peu plus son impuissance face à la montée des périls qui menacent l’espèce humaine : à commencer, bien sûr, par le dérèglement climatique, par la montée des extrémismes religieux, par les conflits d’intérêt qui opposent de façon de plus en plus nette les puissants de ce monde. Pour dire les choses de façon brutale l’organisation serait incapable, tout comme le fut la Société des Nations au siècle dernier, de stopper un conflit mondial si celui-ci venait à se produire.

3° Plus que jamais le Tiers-Monde, dont le poids humain et économique ne cesse pourtant de croître, se trouve marginalisé dans les différentes institutions de la gouvernance mondiale. Incapables de se mettre autour d’une table pour définir une stratégie commune face aux « Grands » l’Afrique, l’Amérique latine, l’Asie du sud n’influent en rien, ou presque, sur les décisions qui sont prises au cœur de la Maison de verre située en plein cœur de New York. Alors que ces nations rassemblent les deux tiers de l’humanité elles n’ont aucun pouvoir véritable, aucun moyen de faire entendre leur voix.

Il va de soi qu’un jour ou l’autre le système ainsi conçu implosera si le pragmatisme ne l’emporte pas très vite sur la théorie. Comment pourrait-il en être autrement alors que les puissants de ce monde ne songent qu’à la protection de leurs intérêts et n’accordent aucune attention aux problèmes d’où surgiront à coup sûr demain de grands troubles.

S’il est une réflexion qui s’impose aujourd’hui c’est bien celle de la réforme en profondeur de la gouvernance mondiale. Mais comme, même s’ils prétendent le contraire le cœur sur la main, les « Grands » n’y sont manifestement pas prêts, c’est aux pays du monde émergent qu’il revient de le faire. Est-il absurde, dans ce contexte, d’imaginer que les trois continents du Sud se coalisent pour proposer à la communauté internationale la réforme de l’ONU qui s’impose ?

Dans un passé qui n’est pas si lointain c’est bien ainsi que s’est engagé le vaste mouvement qui aboutit, il y a cinquante-cinq ans, à la décolonisation.

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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