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Terrorisme: les armées africaines à l'épreuve

Lundi 17 Juin 2019 - 11:15

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Au cœur de la lutte engagée contre des groupes terroristes qui écument plusieurs régions du monde aujourd’hui, les gouvernements africains éprouvent des difficultés à mettre à exécution leurs plans de riposte. Cela devient un drame pour les Etats si, en effet, les forces de défense et de sécurité, dont la mission régalienne est d’assurer la protection des territoires, la quiétude des populations et la continuité des institutions publiques ne sont plus en mesure de la remplir comme il se doit.

Ce constat puise son actualité dans les événements enregistrés ces dernières semaines, ces derniers jours, au Mali. Vaste Etat d’Afrique de l’ouest confronté comme jamais depuis son indépendance, en 1960, au terrorisme de type, ce pays subit de plein fouet les conséquences des désordres qui remontent, pour être plus récent dans le propos, à huit années en arrière, lorsque la Libye de Mouammar Kadhafi s’était embrasée. Une bonne partie du territoire malien est devenue une zone de non-droit où s’activent des groupuscules convertis à la terreur, les conflits intercommunautaires qui s’y déroulent à intervalles réguliers ajoutant, par ailleurs, à la grande confusion qui y règne. 

Qui donc pour contraindre ces forces obscures à une débâcle certaine ? Au regard du cri de détresse entendu des plus hautes autorités maliennes, lesquelles appelaient, le 12 juin, à « une présence accrue des Casques bleus de la mission onusienne dans le centre du pays » (théâtre du massacre de civils deux jours auparavant), la réponse à la question posée plus haut est toute simple : personne ! Réponse simple mais inquiétante à la fois parce qu’elle interpelle tous les dirigeants africains et à travers eux les institutions panafricaines en tête desquelles l’Union africaine.

Certes, l’organisation continentale ne dispose pas de troupes stationnées quelque part, qui pourraient, dans le cadre de mécanismes éprouvés, voler au secours d’un Etat menacé d’implosion. Promise de longue date, la Force africaine en attente n’est pas toujours constituée, preuve sans doute des difficultés de divers ordres dont le continent peine à se sortir. Par le passé, néanmoins, les ensembles sous-régionaux sont parvenus à jouer un rôle de stabilisation dans les pays de leur espace géographique confrontés à de graves crises.

En 1990, l’Ecomog, force d’interposition d’Afrique de l’ouest, était intervenue au Liberia au temps fort de la guerre civile dans ce pays. Elle avait aussi fait les campagnes de Sierra Leone, en 1997, et de Guinée-Bissau, en 1999.  En 2013, pour le compte de l’Afrique centrale, la Misca a permis d’éviter le pire à la Centrafrique avant que la mission ne soit redimensionnée dans le cadre des Nations unies pour devenir Minusca. Il faut, dans le premier exemple, rappeler le fait que l’Ecomog était une force portée à bout de bras par le « géant » nigérian, qui se débat lui-même à présent contre la nébuleuse terroriste de Boko Haram. Cela explique peut-être l’absence d’initiatives d’une telle originalité en Afrique de l’ouest de nos jours.    

En même temps, ces deux expériences signifient que si les Africains sont déterminés à le faire, les crises de tous ordres qui frappent leur continent peuvent trouver des solutions africaines. Il suffit pour cela que les volontés politiques au niveau des Etats se mettent ensemble, que la confiance entre dirigeants l’emporte sur les luttes de leadership. Une fois ces antagonismes franchis, il sera possible aux gouvernements de réunir à l’échelle des sous-régions et du continent les moyens dont leurs armées ont besoin pour faire le travail qui est attendu d’elles. Car les problèmes de logistique sont le talon d’Achille des armées africaines.

Gankama N'Siah

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