Grazina : un récit du train (6)Vendredi 16 Mai 2025 - 16:30 Parallélisme des formes La nuit avançait. L’entêtement de la dévotchka ne me fit pas renoncer l’idée de la voir quitter ma compagnie dès que se présentera une opportunité. Il fallait dormir. Avant de me coucher, j’attirai son attention sur la configuration des lits superposés les uns au-dessus des autres. J’expliquai, non sans humour :
Elle ne voyait pas où je voulais en venir, je dus préciser les choses :
Une petite lueur raviva ses yeux. Ses lèvres esquissèrent un sourire qui fut suivi d’un « merci » à peine audible. Je lui souhaitai bonne nuit, et sans recevoir la politesse réciproque, je grimpai les parois de l’Everest, m’y installai, et, m’allongeai pour honorer le dieu Sommeil. Aux environs de 7 heures, le train roulait vers Grodno en territoire biélorusse. A mon réveil, mon premier réflexe fut de regarder la fenêtre. Je voulais prendre le « pouls » de l’environnement extérieur et admirer les bouleaux défiler au passage du train. Puis je pensai à l’inconnue de la veille couchée en-dessous de moi, sur la première couchette que j’avais surnommé « le divan ». Je m’adressai à elle :
Elle ne répondit pas, néanmoins, je l’entendis bougonner. Elle devait avoir passé une nuit agitée poursuivie par des terribles cauchemars. J’étais plus que jamais décidé de la voir quitter ma compagnie au plus vite. J’avais trouvé dans la nuit une solution que j’estimais séduisante à notre situation. Je me précipitai de la lui proposer. Je descendis de mon Everest, me plantai à côté de la fenêtre et lui exposai ma vision :
Ma trouvaille eut la vertu de transporter de joie la jeune femme. Son visage rayonna un vif intérêt et elle me demanda d’une voix impatiente :
Je haussai le ton en indexant la cloison qui nous séparait de la cabine n° 5 :
Je sortis. Elle me suivit immédiatement. Le couloir était vide et respirait un calme profond. Je me plaçais devant la 5, toquais à la porte en appelant Michel. C’était un étudiant en 4e année de l’institut de médecine. Il se rendait à Paris où son frère aîné exerçait déjà comme gastro-entérologue. Au bout d’un moment, il apparut en grognant :
Michel était un gars du genre soupçonneux. Gros et joufflu, cheveux courts, il avait un nez proéminent et roulait les yeux voulant deviner mes intentions. J’avais fait sa connaissance deux ans auparavant au cours d’une soirée d’étudiants de mon pays. Et, depuis, on se fréquentait.
À suivre
François Ikkiya Ondaï Akiera Notification:Non |