Grazina, un récit du train (12)Vendredi 8 Août 2025 - 15:46 Grazina, prénom polonais ou lituanien ? Lorsque Grazina commença à décliner son identité, j’eus toutes les difficultés du monde à saisir son prénom. Après trois tentatives de prononciation infructueuse, elle griffonna d’un trait rapide le mot GraZina sur un papier. Sa calligraphie toute féminine était parfaite. Les lettres G et Z dominaient les débats. A la lecture de ce prénom, je ne puis m’empêcher de constater que dans la bouche de la Lituanienne, le Z était prononcé comme un J, ce qui donnait en définitif le son Grajina. Alors, j’observai :
Elle fut vivement surprise et intéressée par mon affirmation.
Je déclinai une observation générale que j’avais faite sur la façon d’articuler la langue chez certains peuples du monde :
Elle avait suivi mon exposé, en silence, sans me quitter des yeux. A la fin, admirative, elle s’empressa de me poser une seule question :
Sa question était logique et me mit en difficulté. J’étais à la fois francophone et russophone. Je baragouinais déjà des mots de la langue de Molière avant que ma mère ne m’inscrive à l’école. Quant à la langue de Pouchkine, mon effort pendant son apprentissage consistait à la comprendre et à la parler sans me soucier du bruit produit par les harmoniques expulsées des bouches de ses locuteurs. Je finis par botter en touche pour sortir de ma difficulté :
Elle parut satisfaite de ma réponse. J’appris par la suite qu’elle passait le plus clair de son temps dans la ville de ses études à Kaunas. A l’Institut d’Agronomie, elle passait comme moi en quatrième année, ses parents vivaient à Vilnius. Puis revenant à son prénom, elle ajouta :
Je n’en revenais pas. J’écarquillai les yeux :
Je me ressaisis rapidement et finis par reconnaître qu’au regard de l’évolution des conquêtes territoriales dont l’histoire mondiale est essaimée, selon toute vraisemblance, le narratif de Grazina n’avait rien d’une imposture. Des exemples des pays réduits à l’anonymat sur quelques hectares de terre après avoir connu la gloire dans le passé abondaient. J’avouai que si je pouvais soutenir une discussion sur l’histoire de la République romaine, les Ides de mars, le complot contre Jules Cesar, l’empire romain, Valeria Messalina et les lupanars romains, l’empereur Septimus Severus, l’invasion des Barbares germaniques et la mise à sac de Rome, j’étais en revanche nul sur l’histoire du Moyen-âge européen qui m’apparaissait comme une véritable nébuleuse. Le Moyen-âge de la partie orientale dominée par l’invasion des hordes asiatiques de Gengis Khan et Tamerlan l’était encore plus en termes de la perception du mouvement des tribus slaves et de leurs voisins germaniques. (A suivre)
François Ikkiya Onday-Akiera Notification:Non |