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Les oubliés de la presse congolaise

Jeudi 12 Mars 2015 - 10:00

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Ce vendredi 13 mars 2015, Adrien Wayi délocalise ses « Oscars de la Presse » à Oyo. Les journalistes en activité ou en retraite auront droit à une reconnaissance méritée de la part de leur corporation. Les journalistes décédés ont rarement l’occasion d’être remis en lumière dès lors qu’ils ont franchi le mur des ténèbres. C’est l’occasion de parler de certains d’entre eux que j’ai eu l’occasion de côtoyer professionnellement.

Lorsque j’arrive à la radio en 1976, je trouve en place à la rédaction, à la radio nationale, Passi Muba, rédacteur en chef. Peu de temps après il se rend à Kinshasa au poste de secrétaire général de l’Union des journalistes africains. Il y emmène Adrien Mbeyet, journaliste, lui aussi. Il se retrouve ensuite à Dakar, en qualité de directeur général de la Pana, l’Agence panafricaine d’information.  Patrick Benjamin Eboké et Jean-Claude Loemba, rédacteurs et chefs d’édition du journal parlé, m’ont fraternellement encadré lors de mon immersion à la rédaction. Leur expérience professionnelle m’a permis de franchir des paliers dans le métier. André Zinga dit Charles Alexandre, journaliste, brillant speaker, une race en voie de disparition dans l’audiovisuel, a été d’un fructueux apport dans mon insertion professionnelle. Germain Bisset, c’est la bonhomie faite homme. Pour tous les jeunes journalistes qui arrivaient à la radio, Germain Bisset était le grand-frère, toujours bien disposé à leur égard. Edmond Philippe Galy, jeune journaliste prometteur, faisait, quant à lui, ses premières armes. Par la suite, il imposa son style. Au moment où je quittais la radio en 1982, André Bernard Samba, véritable icône des médias, reprenait du service pour des chroniques. Il est, sans doute, le plus grand journaliste congolais, avec Sylvain Bemba, authentique livre ouvert, que J’ai côtoyé pour une très longue interview sur la musique congolaise.

Au service des Programmes de la radiodiffusion nationale, dirigé par Claude Bivoua, ce fut l’émerveillement. Professionnel dans l’âme, capable de passer de la radio à la télévision avec une facilité déconcertante, on lui doit la mise en orbite du journal Mweti où il a révélé ses qualités multidimensionnelles dans le journalisme. Dans le même service, Pauline Bal, Madeleine Nsona étaient des figures incontournables. Félicité Safouesse, première speakerine congolaise et muse de Kabasele pour la chanson Parafifi s’y trouvait aussi. Il faut signaler que le service des Programmes connaissait déjà une pénurie de journalistes. On y notait un nombre important de pigistes : Yves Roger Yebeka, alors étudiant à l’université Marien-Ngouabi et son « Club des Amis de la Radio » qui lui avait permis de mettre le pied à l’étrier. Après une formation  à l’Institut français de presse à Paris, il intégra la radio, en qualité de journaliste. Miantourila Kouba,  enseignant de formation, assurait l’animation d’antenne, non sans réussite. Son émission matinale connaissait un succès foudroyant auprès des auditeurs et en particulier, chez les chauffeurs de taxi. Georges Embana, militaire de son état, reste sans conteste, celui qui a connu un phénoménal succès avec son émission Lisapo. Elle était suivie au-delà du fleuve, à Kinshasa, où il déplaçait des foules lors de ses prestations en direct sur la rive gauche du fleuve Congo. Dans l’absolu, Lisapo est le plus grand succès radiophonique du siècle dernier, loin devant André Maboké et son sketch diffusé, au cours des années 60, sur les antennes de la radio de Léopoldville (Kinshasa). À Pointe-Noire, en 1978, je rencontrais Kekolo. Journaliste, il était la cheville ouvrière de Radio Pointe-Noire. Directeur de cette station de radiodiffusion, j’ai pu apprécier son expertise.

Lorsque le vent de la liberté de la presse souffla sur le Congo, je fis la connaissance d’Arsène Samba, journaliste, ancien de « La Semaine Africaine ». Il était l’âme du journal Le Pays. La pertinence de ses analyses, appuyée sur une écriture de qualité, en faisait incontestablement une référence dans le métier. Fulbert Kimina Makumbu, autre ancien journaliste à « La Semaine Africaine », pendant plus de cinquante ans, était la mémoire du football congolais. C’est une bibliothèque qui a brûlé emportant son savoir encyclopédique. C’est une source à laquelle je puisais régulièrement des informations. En outre, il répondait toujours présent à mes sollicitations d’éditeur. Alors qu’il était déjà malade, il accepta d’écrire un article pour mon magazine, « Vision pour Demain », consacré aux 40 ans de la victoire des Diables Rouges à Yaoundé. Ce fut son dernier papier. Je m’arrête là. Tous ces journalistes, et bien d’autres,  ont contribué à donner ses lettres de noblesse à la presse congolaise.

Mfumu

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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