Opinion
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2009, début du deuxième mandat présidentiel de Denis Sassou N'GuessoVendredi 10 Avril 2015 - 16:25 En 2009, le président Denis Sassou N’Guesso rempilait pour un second mandat. Un discours inaugural magistral en donnait le ton. Treize chefs d’État, autant de représentants de chefs d’État, d’institutions panafricaines et bien d’autres avaient assisté à la cérémonie de prestation de serment du président de la République, élu au premier tour du scrutin présidentiel du 12 juillet 2009. Dans son discours à la nation, en décembre dernier, à l’adresse en particulier de ceux qui trépignent d’impatience pour en découdre prématurément avec lui, il a précisé que l’élection présidentielle aurait bien lieu en 2016 et les législatives en 2017. Ce discours avait le mérite de la limpidité. En guise de réponse à cette exhortation au travail, des borborygmes enfantins. Il est curieux que des gens qui n’ont pas la maîtrise du calendrier se mettent à donner des ultimatums. Faisant fi de la réalité, ils donnent l’impression d’être déjà en 2016. On nage en plein délire. Certains, visiblement, prennent leurs lubies pour la réalité. Ils enlèvent ainsi aux discussions « informelles », qui ont cours en ce moment, leur caractère cathartique. Sans retenue ni tempérance, ils prononcent des oukases, préjugeant de leur force comme s’ils étaient les maîtres du jeu. Lamentable ! D’autres, véritables Janus biface de la politique, adoptent des postures d’équilibriste, un pied dedans, un pied dehors, prêts à quitter le navire. Navrant ! Sans aucune gêne, ils prennent leur couardise pour du courage. Consternant ! Comme me le suggèrent les réminiscences de mes lectures, « ( Le dissensus, non moins que le consensus, est une nécessité démocratique !), en réhabilitant le débat, la contradiction (ce qui ne veut pas dire les polémiques stériles), en redonnant sens et portée aux rapports de force, aux négociations, aux compromis, bref, en faisant passer au premier plan (au lieu de la cacher comme une maladie honteuse !) la défense légitime et conflictuelle des intérêts sans oublier pour cela, puisque c’est en vérité la même chose, l’organisation – tout aussi légitime, tout aussi conflictuelle – des solidarités. Hélas les individus poursuivent uniquement leurs intérêts. » Il s’agit pourtant, en politique, de « susciter les convergences objectives d’intérêts ». La paix est sans conteste, le premier de ces intérêts. C’est ce à quoi le président exhorte la classe politique. L’impatience de certains ne doit pas nous pousser à perdre de vue cette donnée incontournable de toute vie politique. Ce qui est dommage dans notre pays, c’est que les dénonciations de l’opposition « ne s’opèrent plus aujourd’hui sous l’égide d’un modèle alternatif. Singulier courage, en effet, de critiquer sans proposer de solutions. » Ce qui est symptomatique du vide abyssal de la pensée chez ceux qui font office d’ « hommes politiques ». Le carriérisme passe désormais avant tout. Dans ces conditions, la démocratie ne peut qu’aller à vau-l’eau. Et c’est bien ce qui se produit chez nous depuis la Conférence nationale souveraine. Plus de cent cinquante partis politiques pour 4 millions d’habitants, sans que cette situation n’intrigue personne. Dans ces conditions, pour remettre un peu d’ordre dans la vie politique, il faut constitutionnaliser le nombre de partis ou de regroupements de partis à trois, au pire, à cinq. Voilà, entre autres, un des enjeux du changement de la constitution. Mais le combat politique est réduit à une lutte de personnes, une lutte entre des individus, sans véritable démarcation sur une ligne de fracture idéologique. Ce qui n’est pas sans rappeler cette autre réminiscence de mes lectures, que dans l’ordre du cynisme l’ « objectif premier est la conquête du pouvoir pour le pouvoir, parce que c’est « excitant », « vivant », comme aurait dit Nietzsche. Pour ces cyniques, la solidarité (qui suppose des intérêts communs) et la générosité (qui suppose le désintéressement) sont des mots vides de sens. Sauf mauvaise foi évidente, la veine démocratique du président de la République ne peut être mise en doute. Denis Sassou N’Guesso a rendu possible le passage du monopartisme au multipartisme. Au terme du processus, il est parti. Certains l’ont volontairement oublié, d’où, le mauvais procès qu’ils lui font actuellement. La mauvaise foi fait devenir brutalement amnésique. De la même manière qu’en 1992, Denis Sassou N’Guesso, sans conjecturer de sa position par rapport au sujet en débat, est en mesure de quitter le pouvoir, en laissant au pays des institutions rénovées. De ce point de vue, il rassure. Le président de la République ferait-il autant peur à ses adversaires politiques, au point de les pousser à de ridicules simagrées ? La démocratie est protéiforme. On peut tout y mettre. En réalité, « il ne s’agit pas de dire qu’on est pour la démocratie, il s’agit de dire comment on va l’atteindre ». La politique, en effet, est l’art des moyens non des fins. Au Congo, la fin justifie les moyens dans ce sens qu’on assiste à une absorption des fins dans les moyens. C’est une très mauvaise appréhension et une compréhension biaisée de la démocratie. Démocratie psalmodiée, mais mal intériorisée. Faut-il le rappeler ? Le mandat présidentiel prend fin en 2016. En attendant, « Travaillons d’abord !». Mfumu Edition:Édition Quotidienne (DB) |