Opinion
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Le 5 juin 1997, 18 ans à peine !Samedi 6 Juin 2015 - 13:51 Le 5 juin 2015 tombe sous le sceau du dialogue. 18 ans à peine, c’était le début d’une guerre fratricide. Il ne faut pas l’oublier. Il y a donc, à peine 18 ans, « Plus jamais ça ! », avions-nous dit collectivement. Grâce à sa magnanimité, le président Sassou N’Guesso, dans sa quête permanente de consensus et de paix, dès la guerre terminée, a résolument posé les bases d’un « vivre ensemble » apaisé, parfois contrarié mais toujours recherché. C’est dans cette perspective qu’il vient de lancer les concertations citoyennes, largement approuvées par la classe politique. Cette initiative est, sans conteste, une leçon de politique réelle et la marque d’un grand homme d’État. Ce n’est pas sans raison que Clément Mouamba, au sortir de sa rencontre avec le chef de l’État constatait avec amertume que « nous avons autant d’hommes politiques dans le pays, mais très peu d’hommes d’État. Quand on est un homme d’État, on sait avaler sa colère. Dans ma langue, poursuit-il, on dit la colère d’un insensé, on la lit sur la figure, celle d’un sage est enfouie dans les entrailles. » Loin d’une atmosphère de scatologie métaphysique, les concertations politiques se déroulent sans coup férir. La météo politique, qui annonçait les risques d’une bourrasque infernale, parle désormais d’une accalmie rassurante, après la surchauffe du débat sur le changement ou non de la Constitution du 20 janvier 2002. Il faut être au moins deux pour dialoguer. La discussion, dans le cas d’un pays, exige, chaque fois, l’assentiment de tous. C’est la condition d’une force rédemptrice pour la nation, en tant qu’elle favorise la résolution des contentieux entre les parties en présence. L’« agir juste » est ce que l’on attend de nos hommes politiques et ceux de la société civile. L’image qu’ils renvoient, dans la majorité des cas, à l’occasion des concertations qui ont lieu actuellement, est gratifiante pour eux. Ce qui est plutôt rare, faut-il le rappeler. En politique, en général, le principal moteur est l’ambition et que l’intrigue et le mensonge sont parmi les moyens ordinaires. Cette initiative de décrispation, certes, initiée par le chef de l’État, n’a été possible que parce qu’une bonne partie de la classe politique y a répondu favorablement. C’est donc cette dynamique d’interlocution citoyenne dépassionnée, qui doit pouvoir instaurer une nouvelle ère politique, marquée par un plus grand exercice de la discussion. Elle « est en effet en mesure, grâce à ses caractéristiques pragmatiques insoupçonnées, de garantir une formation de la volonté telle que les intérêts de tout un chacun puissent être mis en évidence sans que soit déchiré le tissu social qui lie objectivement chacun à tous ». « La reconnaissance réciproque des gens qui se font face à la fois comme individus insubstituables et comme membres d’une même communauté s’impose à tous » comme une vitale nécessité. C’est pourquoi, en toute humilité, le chef de l’État a ouvert cette fenêtre d’opportunité dialogique pour sortir le monde politique de la tentation autiste qui le gagnait inexorablement. Ce qui se passe en ce moment m’a quasiment incité à dire du bien d’une classe politique dont je n’ai pas toujours pensé que du bien. Pourvu qu’elle ne nous vende pas de faux espoirs et qu’elle permette de dissiper définitivement les malentendus qui ont nourri une psychose malsaine généralisée. Au surplus, nous espérons que par ces concertations, qui sont, dans tous les pays démocratiques, une modalité d’anticipation des crises, dans l’égal respect pour chacun, marqueront un tournant dans la pratique politique au Congo. Notre pays est trop resté enchâssé dans des rivalités futiles qui brident sa dynamique d’évolution. L’initiative présidentielle de la concertation, quasiment corroborée par toute la classe politique, a estompé à la fois les craintes qui s’exprimaient dans l’opinion et le spectre du souvenir fuligineux du 5 juin 1997, qui avaient pourri l’atmosphère dans le pays. On ne peut que s’en réjouir. Le principe de cette concertation est de faire tout ce qui peut favoriser la cohésion sociale et d’éviter ce qui est nuisible à la communauté nationale. Le décloisonnement de l’échiquier politique, constaté à la faveur de la concertation citoyenne en cours, a apporté une ambition rafraîchissante qui peut laisser penser que désormais, les hommes politiques sont pénétrés de la nécessité de se parler, sans tabous, sans acrimonie et sans passion, des problèmes du pays, en toute responsabilité. Jai souvent souhaité que l’on entendit, dans le monde politique congolais, la voix du simple bon sens. C’est ce qui semble se produire actuellement. Le bon sens, en effet, « est tellement au-dessus des petits intérêts, des petites passions, et des petites impatiences ». Mfumu Edition:Édition Quotidienne (DB) Notification:Non |