Opinion

  • Brin d’histoire

La musique congolaise à l’aune du Fespam

Jeudi 6 Août 2015 - 18:48

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel


Quelques jours après la clôture de la 10ème édition du Fespam, il m’a paru important de parler de la musique congolaise.  Les musiciens  des deux rives ont su relever le défi de la concurrence et défendre leur statut de tête de file de la musique africaine.

L’explosion de la  rumba, pratiquée sur les bords du fleuve Congo depuis la fin des années 40, coïncide avec l’installation de l’industrie phonographique  à Léopoldville, véritablement, la capitale de la musique congolaise moderne. En effet, à partir de cette époque, naissent, après Ngoma des frères Jérénomidis, en 48-49, les éditions Opika de Moussa Benathar, Loningisa de Papadimitriou et Cefa de Pelgrims, dont Bill Alexandre est le patron. Plus tard Dino Antonopoulos crée les Editions Esengo, sur les cendres d’Opika. Par un système judicieux de diffusion, ces différents éditeurs, Grecs et  Belges, pour l’essentiel, réussissent à propager la musique congolaise à travers l’Afrique.

Pour ce faire, il n’est pas de pays, en Afrique, qui n’ait subi l’influence de la musique congolaise que l’on écoutait tard dans la nuit, grâce aux puissants émetteurs de Radio Léopoldville et de Radio Brazzaville, alors toutes les autres  stations de radiodiffusion s’étaient tues. Par ces canaux, en plus du judicieux système de diffusion, évoqué plus haut, la musique congolaise a pu être largement diffusée au-delà de son aire de production.

La seconde moitié du 20è siècle est marquée par une remise en question de l’hégémonie musicale du Congo sur les autres pays du continent. Elle commence par le Cameroun, avec Eboa Lottin et son Muyengué ma nganda qui déboula, dans la scène musicale congolaise à la fin de la décennie 60. Preuve de cette influence extérieure grandissante, ce titre, comme Seyni de Laba Soseh, faisait partie du répertoire exécuté à L’Olympia par Rochereau et l’African Fiesta. Après cette première escarmouche, d’autres artistes prirent le relais, à l’instar de Francis Bebey, dont la chanson Kinshasa s’installa longtemps dans les charts au Congo et au Zaïre de l’époque. Le Gabon se mit dans la danse avec la ritournelle « Si tu ne m’aimes plus dis-moi la vérité » de Mack Joss. C’est surtout un autre gabonais, Pierre  Akendengué, au milieu des années 70, qui cassa la baraque musicale congolaise avec son Africa Obota.

Mais, l’estocade la plus dangereuse vint avec l’escalade musicale des pays de l’Afrique de l’Ouest. La Guinée Conakry, tête de proue de cette escalade avec son Bembeya Jazz, obtint la médaille d’argent au Festival panafricain d’Alger, devant les grands Bantous de la capitale, médaille de bronze. Depuis le milieu des années 70 du siècle dernier, Abidjan est désormais la place forte de la néo musique africaine, comme le voulait le président Houphouët-Boigny.

La capitale ivoirienne a vu affluer une escouade de musiciens célèbres, parmi lesquels Manu Dibango et Maïga Boncana, chargés de prendre en main l’orchestre de la Radio télévision ivoirienne.  Grâce à la dynamique mise en place par le président Houphouët, la musique ivoirienne a réussi à se mettre sur orbite. Aïcha Koné, Alpha Blondy, hier, à la suite de Pierre Amedé, François Lougah, Ernesto Djé Djé, aujourd’hui, les Magic System et autres D.J. ont permis à  la musique ivoirienne de connaitre une vogue exceptionnelle depuis plus de trois décennies. Le Sénégal et Youssou Ndour ne sont pas en reste de cette escalade à l’assaut de la citadelle musicale congolaise. Toutes  ces musiques, à quelques exceptions près, comme la musique nigériane, qui renaît de ses cendres, après une longue période d’atonie, avec des artistes comme Martins, et P. Square, pour ne citer que les plus en vue, toutes les musiques africaines en vogue actuellement, naguère satellites, ont acquis leur légitimité sur l’échiquier musical mondial. Elles sont désormais sorties du giron musical congolais, quoique….

Il n’est pas superflu de signaler que les convulsions politiques au Pool Malebo ne sont pas étrangères à  la perte d’influence de la musique congolaise en Afrique. Malgré tout, des Congolais comme Zao, Passi, Fredy Massamba, Ray Lema, dans un registre différent,  perpétuent la présence de la  musique congolaise dans le monde, en même temps que les Koffi, Fally, Tshala Muana, Barbara Kanam, Pierrette Adams, MJ.30, Roga Roga, Kevin Bouandé, Trésor Mvoula, etc. Une réflexion  sur l’état de la musique congolaise, à l’aune de la prestation de nos musiciens au Fespam, est indispensable.

 

 

MFUMU

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

Notification: 

Non

Brin d’histoire : les derniers articles