Tribune: Brazza fashion night ou l'espoir d'une mode 100% « Made in Africa »Vendredi 21 Août 2015 - 21:15 Brazzaville est réputée pour ses sapeurs. Cependant, le monde de la mode et du textile demeure un univers quasi inexploré faute de structures adéquates pouvant faciliter la formation et la professionnalisation du secteur localement. Ces dix dernières années, des initiatives privées se sont multipliées au Congo pour promouvoir les entreprenants qui exercent dans ce secteur. A leur suite, la Brazza fashion night s’y est ajoutée avec brio les 7 et 8 août 2015.
Toutefois, les choses ne bougeaient guère localement. Du moins comme le souhaitait l'organisation du festival dirigée par ma modeste personne. En effet, après leur participation aux ateliers de formation de Molato, certains candidats locaux semblaient ne pas prendre la mesure et l’importance de tels workshop. A tort ou à raison. Chacun retournait timidement à ses ateliers de couture tandis que les candidats venus d’ailleurs annoncaient de belles perspectives. Qu’en est-il de la compréhension que les locaux ont de ces workshop ? Cette question mériterait d’être cultiver à son temps. Cela fait 4 ans que le festival est en stand-by. Ce temps a permis aux organisateurs de Molato d'observer les mutations qui se sont opérées dans ce secteur. Finalement, "Molato na Brazza" a permis de lancer une dynamique. Les lignes bougent, certes lentement, mais elles bougent. Une nouvelle génération de créateurs a vu le jour avec un ardent désir de se professionnaliser. Les défilés de mode se multiplient. Bref, il y a du mouvement. Ce qui est plutôt positif ! Toucher du doigt les vrais problèmes et réagir ! En tant que professionnelle, mon regard est toujours dirigé sur les évolutions de cet environnement. Ce qui permet d’être au parfum de ce qui se passe de l’intérieur. Il reste encore beaucoup à faire. La réalité est qu’il existe un potentiel humain. Il faut se bouger pour accéder durablement à un « Made in Congo »...L'absence d'une vraie politique pouvant réguler le secteur et poser les bases d'un développement durable freine le rêve de voir se construire, ici même, une industrie de la mode qui pourrait rivaliser avec le Ghana, le Nigéria ou l'Afrique du sud qui, on le sait, possède un écosystème propice à l'éclosion du marché de la mode. Depuis deux ans, un vent nouveau impulse les jeunes créateurs congolais. On a vu arriver sur la place Les Jumelles de Brazza à l’occasion du Brazza Festival, en décembre 2014 où elles ont gagné le premier prix des jeunes créateurs. Elles se sont ensuite rendues à la Dakar Fashion Week organisée par Adama Paris. Désormais, la marque des jumelles de Brazza est lancée.
La BFN a accueilli trois conférences durant lesquelles entrepreneurs, organisations institutionnelles et investisseurs se sont réunis pour proposer des cannevas pour participer au développement et au rayonnement du Made in Africa dans la sous-région et à l’international. Enfin, outre cette conférence, six jeunes créateurs étaient en compétition au cours d’une soirée de mode qui leur a permis d’affirmer leur savoir-faire. La marque Nandjika de la créatrice Jacynthe Mackosso, basée au Benin, a raflé magistralement le premier prix. Et, j’ai été impressionnée par le courage de Grace Ekoha. Cette jeune créatrice autodidacte a présenté avec audace ses pièces pour la première fois. Avec un peu de management, elle pourrait avoir un bel avenir à l’instar de la styliste Corinne Bill qui a remporté trois ans de formation à l’ESMOD Tunis. Pour tout dire, il reste encore à faire. Bon vent !
Meryll Mezath Légendes et crédits photo :Photo 1: Jacynthe Mackosso, créatrice de la marque NANDJIKA en position équilibre avec ses mannequins ;
Photo 2 et 3: Deux créations de la marque Les Jumelles de Brazza
Crédits photo: Groupe Sorom Color Notification:Non |