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La leçon des Jeux AfricainsVendredi 18 Septembre 2015 - 12:58 Demain samedi, 19 septembre 2015, le chef de l’Etat, Denis Sassou N'Guesso procédera à la clôture des Jeux du Cinquantenaire. Le stade de l’unité, qui porte bien son nom en tant que projet et nouveau paradigme de l’espoir de rédemption nationale, a été le théâtre des joutes sportives dans la paix. En 1965, les Premiers Jeux africains se sont déroulés dans une atmosphère marquée par des coups d’Etat du nord au sud du continent; des dirigeants ont été renversés. En effet, deux ans avant le rendez-vous de Brazzaville, l’Afrique connaissait son premier coup d’Etat postindépendance au Togo. Parmi les insurgés qui remettront le pouvoir à Grunitzky, le sergent Etienne Eyadema. L’onde de choc de ce premier coup d’Etat s’est répandue partout, des décennies durant, et entraîné une profonde mutation dans les pays touchés par ce nouveau mode d’accession au pouvoir. Ahmed Ben Bella est renversé alors qu’il assistait à un match de football le 19 juin 1965. Ce coup d’Etat aurait pu compromettre la participation de l’Algérie aux Premiers Jeux Africains. Dans un autre contexte, les turbulences politiques entre Léopoldville et Brazzaville furent un autre sujet d’inquiétude. Au-delà de ces péripéties, l’Algérie et le Congo-Léopoldville (Kinshasa), pour ne citer que ces deux cas, participèrent aux jeux de Brazzaville. Le sport unit les peuples, heureusement. La fraternité africaine est plus forte que les contingences politiques. En 2015, après les coups d’Etat, l’Afrique vit désormais l’ère des déchirements tragiques, celle des guerres civiles et, depuis peu, la montée des intégrismes de toutes sortes qui font du mal au continent. C’est donc dans ce contexte géopolitique préoccupant que le Congo a organisé les 11èmes Jeux Africains. Presque tous les pays du continent y ont participé, à la grande satisfaction du public congolais. Les Congolais, viennent de montrer leur capacité à sauver l’essentiel, c’est-à-dire, le Congo. Cette attitude de retenue est à mettre au crédit des hommes politiques toutes obédiences confondues. Il faut espérer que la même retenue perdurera au-delà des jeux. L’évolution inéluctable et nécessaire des institutions ne doit pas être le prétexte pour tout jeter par-dessus bord. Ce que les partisans de la paix, au-delà des appartenances partisanes, si tant est que les partis aient encore un sens dans ce pays, et aussi, au-delà de quelques personnes fanatisées, doivent pousser ces quelques extrémistes, ils sont de tous les camps, à observer la même retenue, à se parler et cultiver la paix. Ils doivent penser à la mémoire de tous leurs frères qui ont perdu la vie dans toutes les violences qui ont émaillé la vie politique de ce pays. Il faut pour cela une volonté sans faille de sauver la paix au Congo. L’Afrique en général, et l’Afrique centrale, en particulier, nous regardent. Nous sommes encore, dans la sous-région, un havre de paix alors que tout autour de nous le feu couve sous la cendre. Partout, le Congo y compris, les équilibres sont précaires. Ne nous cachons pas derrière notre petit doigt. C’est pourquoi, les partisans de la paix au Congo ont le devoir de faire triompher les forces de la vie sur les forces de la mort, pour tourner définitivement la page du spectre de la violence qui sert de programme à certains hommes politiques congolais. Partout dans le monde, la démocratie est en crise. Nous ne pouvons plus nous satisfaire du modèle désuet et en crise dans les vieilles démocraties. Nous devons réinventer la démocratie à l’aune de notre propre expérience. Sans inquisition et sans objurgations. Les Congolais sont un peuple paisible. C’est la leçon que nous pouvons tirer des jeux de Brazzaville 2015. Ils viennent de nous en donner la preuve. Les forces de paix sont, à l’évidence, face aux extrémismes de toutes sortes, majoritaires dans notre pays. Elles ne doivent pas accepter de laisser leur Destin entre les mains de quelques hommes qui ne pensent qu’à eux-mêmes. Elles doivent imposer le compromis politique pour contrarier l’inclination de certains à la guerre et à la violence. Les partis politiques au Congo sont désormais inaudibles. Ils prospèrent sur la forfanterie. Les partisans de la paix doivent garder la main après les jeux. Les prochains jours leur offrent l’occasion de montrer que l’aspiration du peuple à vivre en paix est profonde.
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