Opinion
- Éditorial - Les Dépêches de Brazzaville
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- Analyse - Xinhua
Regard sur les cinquante dernières années 1990 (27) suite du numéro précédentJeudi 14 Juillet 2016 - 18:44 En ce tout début de décennie 90, l’échiquier politique congolais est en ébullition. On y assiste à une espèce de veillée d’armes avant des événements décisifs. Les turbulences n’empêchent pas la vie de continuer. 1990, c’est l’inauguration de la Tour Nabemba, qui doit son nom à la plus haute montagne du Congo. Cette réalisation architecturale phallique est un excellent point d’observation de la capitale, Brazzaville et de sa voisine, Kinshasa. Dire que depuis des années, les mêmes hommes sont une gangrène pour le pays, n’a véritablement aucune valeur heuristique. Tout de même, cela n’empêche pas d’observer qu’ils sont à l’origine de la chienlit récurrente au Congo, usant de la politique comme de l’ypérite, sans souci des dommages qu’ils causent au pays et aux hommes. Il y a plus d’un quart de siècle, en 1990, deux politiciens sont arrêtés « pour collusion en vue de renverser les institutions ». Plus de vingt cinq ans après, l’un d’eux est rentré dans les rangs ; l’autre, avec la même énergie du désespoir, continue de ferrailler contre Denis Sassou N'Guesso. Il est difficile de comprendre les ressorts de l’action politique au Congo, où le complot est la règle. Les problèmes que rencontre le pays depuis toujours sont imputables à la connivence d’opinion, réversible au gré des circonstances et des intérêts. C’est la caractéristique de l’agir politique au Congo. De ce point de vue, les choses n’ont guère changé. Décès, le 28 août 1990, à l’Hôpital militaire, de Mgr Louis Badila. Il est prêtre et journaliste. Sa carrière journalistique atteint son apogée sous le régime des présidents Youlou et Massamba-Débat. En effet, à la mi-octobre 1962, il remplace le révérend-père Legall, à la tête du journal La Semaine Africaine. Dans le numéro 544 de ce journal, il annonce les couleurs : « Notre mission n’est pas de raconter avec complaisance, ce n’est pas, non plus, de se servir du journal comme une arme pour nuire. Plus tard, il insiste : « il faut du journalisme non pas lucratif, pour faire et gagner de l’argent, mais du journalisme responsable qui n’a pas le droit de trahir, de travestir la vérité, qui n’a pas, non plus le droit de fausser les consciences d’autrui… Si la presse est un pouvoir incontesté, il faut s’armer de beaucoup d’honnêteté pour le manier, le gérer »… Par deux fois, son journal est saisi pour diffamation. En août 1964, il comparaît deux semaines. Il est relâché. Louis Badila est le premier prêtre à avoir connu la prison dans l’histoire du Congo. Il quitte La Semaine Africaine en 1965. Le 22 septembre 1990, la légende du football congolais, Mambéké-Boucher, disparaît. Né le 2 février 1919, Mambéké-Boucher, ancien ministre, a marqué les rives du fleuve Congo par ses exploits sportifs. Footballeur émérite, on l’appelait, le « Roi-de-la-plaine ». Quelques jours après, le 11 février 1990, l’auteur de l’hymne des 1ers Jeux africains, Raphaël Kakou, né le 16 octobre 1928 à Brazzaville, s’éteint au C.H.U. de Brazzaville. Dans le registre décès, il faut rappeler la disparition des sœurs Obela, Delphine et Brigitte, dans le crash d’un avion militaire, le 27 janvier 1990 à Kinkala. La Confédération syndicale congolaise (CSC), affiliée au parti au pouvoir, le Parti congolais du travail (PCT), déclenche une grève, renouant avec l’essence même du syndicalisme, la défense des intérêts de ses membres, au besoin par le moyen de la grève. « La souris qui te mange le pied est sous ton lit », dit la sagesse congolaise. L’onde de choc de cette grève sera exploitée par les partisans d’une Conférence nationale, nouvelle antienne en Afrique, en ce début de la décennie 90. Le 2 décembre de cette année-là, le général Jacques-Joachim Yhomby-Opango, ancien président du Comité militaire du parti et ancien président de la République, crée le Rassemblement pour la démocratie et le développement (RDD). L’ouverture démocratique délie les langues et les intellectuels montent aux premières lignes de la dénonciation du parti unique. Selon certains d’entre eux, « La connivence a partout été achetée plus cher que la compétence », à cette époque. Force aujourd’hui est de constater que leurs velléités de changement ont fait chou blanc, malgré la tenue, l’année suivante, de la Conférence nationale souveraine. Ainsi va la vie Congo.
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