Opinion
- Éditorial - Les Dépêches de Brazzaville
- Réflexion - Jean-Paul Pigasse
- Le fait du jour - Gankama N'Siah
- Humeur - Faustin Akono
- Chronique - Boris Kharl Ebaka
- Brin d’histoire - Mfumu
- Tribune libre - Sergueï Lavrov
- Idées-forces - Les Dépêches de Brazzaville
- Analyse - Xinhua
Regard sur les cinquante dernières années (1965-2015) 1992 (31) suite du numéro précédentJeudi 11 Août 2016 - 18:06 L’ancien international congolais de football, Ballon d’Or africain en 1974, Paul Sayal Moukila, décédé le 23 mai 1992 en France est inhumé le 1er juin au cimetière du centre-ville, en présence des autorités politiques, administratives, sportives nationales, des amis et parents. À cette occasion, il a été fait, à titre posthume, commandeur dans l’Ordre national du Mérite Congolais. C’est le ministre de l’Education nationale, de la Science et de la Technologie, de la Jeunesse et des Sports, Justin Koumba qui a remis la médaille au de cujus, au nom du président de la République, Denis Sassou N’Guesso. Le Premier ministre, André Milongo, a déposé une gerbe de fleurs, avant la levée de corps. Brazzaville et le Congo ont déploré d’autres morts, naturelles, serait-on tenté de dire : Denis Wamba dit Dragon, ancien footballeur, Bienvenu Bankaites, hommes d’affaires, Nzoussi-Sounda, journaliste et tant d’autres. L’année 1992 est marquée par la motion de censure contre le gouvernement Bongho- Nouarra. La réaction du gouvernement est d’une accablante actualité : «En effet, dans notre pays, il y a des courants politiques qui veulent toujours prendre le pouvoir d’Etat à travers machinations et complots… » « … À peine deux mois après la mise en place du gouvernement de la République, ces mêmes groupes, jadis adversaires politiques irréductibles, tant au niveau de leurs visions du monde que de leurs éthiques politiques, s’associent sans aucune gêne morale, presque sans honneur, et complotent contre le gouvernement de la République en déposant une motion de censure dont l’étrangeté et la fragilité juridique n’en sont que curieuses ». Depuis, rien n’a pratiquement changé dans ce pays qui se nourrit des mêmes intrigues et des mêmes disputes éculées. C’est l’éternel débat entre connivence, politicienne par quintessence et consensus, national et patriotique par essence. La connivence est l’une des causes des maux politiciens que connait le Congo, depuis le début de la République. Elle s’oppose au consensus dont la tempérance est le trait essentiel. C’est dans cet esprit que s’est déroulé, à Brazzaville, le 10 août 2016, à l’initiative de Clément Mouamba, Premier ministre, chef du gouvernement et du député-maire de Brazzaville, Hugues Ngouélondélé, « le cocktail du vivre ensemble ». Le vivre ensemble qui résulte de la communication, c’est-à-dire, de l’échange qui est lui-même mis en commun et partage. On ne se parle plus dans ce pays ; d’où, les crispations récurrentes dans les rapports citoyens. Pour revenir au sujet du jour, mardi 17 novembre 1992, chute du gouvernement Bongho-Nouarra, suite à la motion de censure du 31 octobre. Dans une adresse à la Nation, le président de la République, Pascal Lissouba, dissout l’Assemblée nationale. C’est dans cette atmosphère délétère que l’ancien Premier ministre du gouvernement de transition, André Milongo, crée son parti, dénommé « Union pour la Démocratie et la République » (UDR-Mwinda), dont les objectifs sont fondamentaux « la sauvegarde et le triomphe des valeurs fondamentales réhabilitées par la Conférence nationale souveraine ». Le 30 novembre, manifestation de l’opposition. Elle se solde par la mort de plusieurs manifestants. La démocratie s’écrit désormais en lettres de sang. Parmi les victimes, Clément Ntsomi (35ans), Cyr Parfait Makoundou (21 ans) et Guy-Patrick Bahamboula (32 ans), des jeunes gens fauchés à la fleur de l’âge, par une mort inique. Face à la dégradation du processus démocratique, le Haut-commandement des Forces armées congolaises réunit, au Palais des congrès de Brazzaville, mercredi 2 décembre 1992, les chefs de partis de la mouvance présidentielle et ceux de la coalition de l’opposition pour trouver des solutions à la crise qui ébranle le pays. À l’issue de cette rencontre, une déclaration consigne quelques points d’accord : Mise en place d’un gouvernement d’union nationale dont le Premier ministre sera nommé par le président de la République après consultation des partis politiques ; la présidence de la commission préparatoire des élections législatives est confiée au bloc UDR/PCT ; le gouvernement qui sera mis en place fixera, de commun accord avec la commission préparatoire, la nouvelle date des élections législatives ; un appel est lancé en direction de la population pour aider l’armée et la police nationale dans la récupération des armes détenues par des civils ; toutes les décisions prises courent jusqu’à la mise en place de la nouvelle Assemblée nationale ; l’exécution de cet accord est assuré par les Forces armées congolaises… En réalité, depuis la naissance de la République, les blessures narcissiques sont à l’origine des désaccords entre les hommes politiques congolais. Elles « migrent » de la sphère privée à la sphère publique, nourrissant, par leur persistance, voire leur permanence, le drame congolais. Ainsi va la vie au Congo.
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