Opinion
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Regard sur les cinquante dernières années (1965-2015) 1997 (40)Jeudi 13 Octobre 2016 - 11:34 1997, un cocktail mortifère se met en place dans un contexte fortement électrique. Le Congo, une fois de plus, risque de morfler. L’actualité s’accélère. Le 26 janvier 1997, retour à Brazzaville de Denis Sassou N'Guesso, après un séjour de 17 mois en France. Il est accueilli par Victor Tamba Tamba, représentant du gouvernement congolais. Après trois ans et deux mois passés en France, à son tour, l’ancien chef d’Etat-major des Forces armées congolaises, devenu leader politique, le général Jean-Marie Michel Mokoko, rentre au Congo, jeudi 30 avril. Candidat à la prochaine élection présidentielle, son retour n’est pas, à proprement parler, une surprise. Le leader du Parti congolais du travail (PCT) et des Forces démocratiques unies (FDU), l’ancien chef de l’Etat Denis Sassou N'Guesso arrive à Owando samedi 10 mai 1997 après Brazzaville, Pointe-Noire et les régions des Plateaux et de la Cuvette-Ouest. Cette ville est réputée être le fief du général Jacques Joachim Yhomby-Opango. Au cours de ce voyage, un incident fait deux morts qui ont donné lieu à moult spéculations. Partout où il est passé, il est accueilli avec une extraordinaire ferveur. Il est porté en tipoye. Sans discontinuer, les déclarations incendiaires succèdent aux propos venimeux des uns et des autres. Au fur et à mesure que l’élection présidentielle se rapproche, dans une interview à la Semaine Africaine, le général Emmanuel Ngouélondélé-Mongo, vice-président du RDR (Rassemblement pour la démocratie et la République) déclare : « il y a un malaise dans le pays ». Venant d’un homme qui a été au cœur du pouvoir, par sa position d’officier, il y a de quoi être inquiet. Au regard des nuages qui s’amoncellent dans le ciel politique congolais, c’est de mauvais augure. Dix-huit partis politiques signent un Mémorandum sur l’élection présidentielle de juillet 1997. Ce document est remis au président Pascal Lissouba, vendredi 21 mars 1997, par une délégation, conduite par Bernard Kolélas, composée de Sassou N'Guesso, ancien chef de l’Etat et Jean-Marie Michel Mokoko, ancien chef d’Etat-major. Ce mémorandum comprend quelques points, sujets à caution : « Du caractère inachevé du processus de mise en place des organes constitutionnels et de ses conséquences » ; « de la libre circulation des personnes et des biens et du ramassage des armes de guerre », « de l’amélioration des réseaux de communication et du rééquilibrage de l’accès aux médias d’Etat », et du financement public de la vie politique nationale ». Sempiternelles revendications depuis l’instauration de la démocratie au Congo. Rien n’a changé depuis. Rien n’a vraiment changé. On est vraiment exaspéré par les faux-semblants de nos hommes politiques. Ceci dit, il est clair que ce premier semestre de l’année 1997 réunit tous les éléments d’une inévitable déflagration. Comme le dit le Pr. Miyouna, le drame du Congo, c’est la quasi permanence « d’hommes politiques qui se connaissent et s’épient depuis plus d’un demi siècle, et qui font de la place politique le lieu de transplantation de leurs affrontements pervers, en prenant le Congo en otage ». La classe politique morfale, que Grégoire Lefouoba désigne, si bien, sous le terme « d’entrepreneurs politiques », n’a rien épargné au pays. La « guerre » de 1959 et les affrontements entre le MSA de Jacques Opangault et l’Uddia de l’abbé Fulbert Youlou, la chute de ce dernier, la Révolution des 13, 14 et 15 août 1963, le mouvement insurrectionnel du 31 juillet 1968 et la prise du pouvoir par le capitaine Marien Ngouabi et la chute du camp Météo, la tentative de putsch du lieutenant Kinganga le 23 mars 1970, le mouvement du 22 février 1972 de Diawara et ses acolytes, l’assassinnat du commandant Marien Ngouabi le 18 mars 1977, la balkanisation de Bacongo en 1993-1994, par le pouvoir en place, sont sans commune mesure avec la guerre du 5 juin 1997, d’une violence inouïe. Cet épisode sanglant, Youlou Bakith l’appelle « Bouillon de sang », dans son livre éponyme. Le drame aurait pu être évité. (Suite dans le prochain numéro) MFUMU Edition:Édition Quotidienne (DB) Notification:Non |