Couleurs de chez nous : chef de famille

Samedi 18 Août 2018 - 12:12

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C’est cette personne à qui revient la mission de veiller sur la famille et de répondre en son nom. Il s’agit généralement d’un homme et, souvent, le plus âgé. Mais le chef de famille peut aussi être un jeune en raison de sa filiation. Aussi, une personne âgée de 30 ans, par exemple, peut-elle se voir investie de cette autorité alors que la famille compte des cinquantenaires, sexagénaires ou plus. Bref, ainsi fonctionne la société congolaise.

L’autorité du chef de famille est souvent sollicitée dans les cas de décès, de maladies graves, de mariage, etc. C’est aussi lui que l’on consulte quand survient un différend dans le couple. Il peut aussi jouer les médiateurs entre un père et son fils ou sa fille qui ne s’entendent pas tout comme entre des frères ou des sœurs qui se regardent en chiens de faïence.  Statut naturellement acquis et légitime, le chef de famille doit cependant faire preuve d’impartialité, de sagesse, de hauteur et être un fédérateur. Car hier comme aujourd’hui, les familles congolaises ne sont pas à l’abri des fissures. Un rien suffit à les faire exploser. Et pour peu que le chef de famille penche pour tel ou tel autre membre de la famille, il fait courir à celle-ci le risque de division.

De plus en plus, on assiste à la responsabilisation des jeunes comme chefs de famille. Des gens insouciants et vivant à l’écart de la famille se voient confier la charge de la diriger parce que le patriarche qui incarnait l’autorité n’est plus en vie. La gestion de la famille obéissant aux us et coutumes, des jeunes chefs de famille, bardés de diplômes, ont toute la peine pour assumer cette charge.

Certains, incapables de parler la langue de la famille ou de l’ethnie, sont souvent humiliés à l’heure des conciliabules et palabres. Même quand il faut recourir aux porte-parole (nzonzi ou twèrè), ils sont obligés de se faire traduire les propos. Il en est ainsi des actes traditionnels que ces nouveaux chefs de famille ont du mal à exécuter ou à accepter en voulant leur donner la forme moderne. 

À côté, il faut citer l’opposition de ceux qui croient que leur richesse matérielle ou leur posture sociale devrait faire d’eux, et d’autorité, des chefs de famille. Ceux-là, en effet, ne supportent pas qu’une personne sans maison, sans parcelle, sans argent les dirige. Ce qu’ils pardonnent à un chef de famille septuagénaire ne passe pas pour  un quadragénaire démuni.

À l’instar du jeu politique où tous les coups sont permis, la famille congolaise en importe les schémas et les pratiques. Ceux qui ont l’argent corrompent les cousins, neveux, frères, sœurs et tantes pour les retourner contre le « vrai » chef de famille qui, lassé par des attaques et affublé de tous les noms d’oiseaux, finit par démissionner.

Telle est la triste réalité qui secoue la vie sociale chez nous. Telle est la nouvelle peinture pour illustrer la vie de famille au Congo. Il en va de la famille congolaise comme il en va du village à la congolaise avec son chef dont le critère communément admis est d’ordre héréditaire. Malgré quelques exceptions.     

Van Francis Ntaloubi

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