Opinion

  • Tribune libre

Russie et Afrique : un partenariat axé sur l'avenir

Vendredi 22 Juillet 2022 - 6:30

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel


 À la veille de mes déplacements dans certains pays d’Afrique, je tiens à partager avec mes lecteurs ma réflexion sur les perspectives des relations russo-africaines dans le contexte géopolitique actuel.

         Aujourd’hui les États africains jouent un rôle de plus en plus important dans la politique et l’économie globale, apportent d’une manière énergique leur contribution au règlement des problèmes clés de notre époque. Leur voix solidaire dans les affaires mondiales résonne de façon de plus en plus harmonisée.

         La Russie a toujours favorisé le renforcement des positions de l’Afrique dans l’architecture internationale multipolaire qui doit s’appuyer sur les principes de la Charte de l’ONU, prendre en compte la diversité des cultures et des civilisations du monde. Dans ce contexte nous saluons le succès acquis dans le développement des structures d’intégration telles que, par exemple, l’Union africaine, la Communauté de l’Afrique de l’Est, la Communauté de développement d’Afrique Australe, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, l’Autorité intergouvernementale pour le développement.  Nous considérons la création de la Zone de libre-échange continentale africaine comme un pas important sur le chemin vers une véritable indépendance économique du continent, sa libération définitive de toutes les manifestations de discrimination et de contrainte forcée.

         Les relations russo-africaines sont basées sur les liens d’amitié et de coopération éprouvés par le temps. Notre pays n’a pas terni sa réputation par des crimes sanglants du colonialisme et a toujours sincèrement soutenu les Africains dans leur lutte pour la libération du joug colonial. La Russie a accordé une assistance pratique et souvent gratuite aux peuples du continent qui cherchaient à mettre sur pied leurs institutions publiques, jeter des bases de leurs économies nationales, renforcer les capacités de défense, former le personnel qualifié. Aujourd’hui nous sommes solidaires avec les revendications des Africains de mener à bien le processus de décolonisation et nous soutenons les initiatives appropriées au sein de l’ONU.

         Le partenariat multiforme avec les pays d’Afrique reste une des priorités internationales de la Russie. Nous sommes prêts à le développer davantage en vertu des décisions stratégiques prises lors du premier sommet «Russie - Afrique» fin octobre 2019 à Sotchi.

         Je voudrais réitérer : notre pays n’impose rien à personne, ne cherche pas à donner des leçons aux autres. Nous respectons profondément la souveraineté des États de l’Afrique, leur droit inaliénable de déterminer leurs propres voies de développement.   Nous soutenons fermement le principe – «solution africaine aux problèmes africains». Une telle approche envers le développement des liens entre les États est complètement différente de la logique de «guide et disciple» imposée par les anciennes métropoles qui projette un modèle colonial tombée en désuétude.

         Nous savons que nos partenaires africains désapprouvent les tentatives flagrantes des États-Unis et de leurs satellites européens de dicter leurs volonté à tout le monde, d’imposer à la communauté internationale le modèle de l’ordre mondial unipolaire. Nous apprécions la position équilibrée des Africains à l’égard de la situation en Ukraine et autour de ce pays. Malgré la pression externe d’une ampleur sans précèdent, nos amis n’ont pas soutenu les sanctions contre la Russie. Cette ligne indépendante mérite un grand respect.

         La situation géopolitique actuelle exige évidemment un certain ajustement des mécanismes de notre coopération. En premier chef, il s’agit de garantir une logistique stable et mettre sur pied un système de transactions protégé de toutes ingérences extérieures. En coordination avec nos partenaires, la Russie prend des mesures pour élargir la pratique d’utilisation de monnaies et de systèmes de paiement nationaux. Nous travaillons sur la réduction successive de la part du dollar et de l’euro dans nos échanges. En principe, nous préconisons la mise sur pied d’un système financier indépendant et efficace qui ne serait pas vulnérable à un impact éventuel des États inamicaux.

         Une tâche importante à l’ordre du jour actuellement : l’accès des opérateurs économiques russes et africains sur les marchés nationaux des uns et des autres, l’encouragement de leur participation aux grands projets d’infrastructure. On part de l’hypothèse que l’organisation du deuxième sommet «Russie - Afrique» va contribuer à la réalisation de ces objectifs, aussi bien que plusieurs autres. Pour le moment, en collaboration avec nos amis africains, on s’est mis au travail pour mettre au point l’ordre du jour substantiel du futur sommet.

          Parmi les questions qui meublent le contexte international, la sécurité alimentaire a actuellement sa place de choix. Nous sommes conscients de l’importance des livraisons russes des articles qui ont une dimension sociale, y compris les denrées alimentaires, pour plusieurs États. Nous nous rendons compte du rôle de ces livraisons dans le maintien de la stabilité sociale et la réalisation des Objectifs de développement durable de l’ONU.

         Je voudrais mettre en relief que les spéculations de la propagande occidentale et ukrainienne qui prétendent que la Russie «exporte la famine» sont sans fondement. Au fait, ce n’est qu’une tentative de rejeter leur propre responsabilité vers un autrui. Il est de notoriété qu’au moment de la pandémie de Covid-19 l’Occident collectif a attiré les flux commerciaux et alimentaires par intermédiaire du mécanisme de l’émission de monnaie, ce qui a fait dégrader la situation dans les pays en voie de développement qui dépendent des importations des denrées alimentaires. C’est là qu’une situation difficile sur le marché alimentaire a pris sa forme. Les sanctions occidentales contre la Russie imposées ces derniers mois n’ont fait qu’empirer ces tendances négatives.

         Il est important que nos amis africains comprennent : la Russie continuera à remplir scrupuleusement ses obligations en vertu des contrats internationaux en ce qui concerne les exportations des denrées alimentaires, engrais chimiques, sources d’énergie, autres marchandises qui sont d’importance vitale pour l’Afrique. La partie russe prend toutes les mesures nécessaires à cet égard.

          Moscou va garder le vecteur de paix dans sa politique internationale, continuera à jouer un rôle équilibrant dans les affaires du monde. Nous préconisons une large coopération équitable entre les États, fondée sur les dispositions de la Charte de l’ONU et en premier lieu sur le principe de l’égalité souveraine des États. Nous continuerons à renforcer davantage la coopération fructueuse avec les partenaires qui s’y montrent disposés.

          À cette fin, on suppose que les relations Russie-Afrique, politiques, humanitaires, commerciales ou d’investissement, ont une valeur en soi et ne dépendent pas des fluctuations de la conjoncture internationale. Il est rassurant que nos amis africains partagent la même vision. Ensemble, nous ne serons que plus forts.

 

Serguei Lavrov, ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie

Sergueï Lavrov

Légendes et crédits photo : 

SEM Sergueï Lavrov/DR

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

Notification: 

Non

Tribune libre : les derniers articles