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Du pain sur la planche

Lundi 16 Août 2021 - 19:29

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La coordination nationale de gestion de la pandémie de coronavirus avait invité, lors de sa réunion du 23 juillet 2021, les membres du gouvernement « à mettre en œuvre, sans délais, toutes les actions devant amener les fonctionnaires et les agents placés sous leur autorité à se faire vacciner » parce que, dixit la coordination nationale, « l’administration d’État et les structures sous tutelle devaient donner l’exemple à l’ensemble de la population ». A la suite de cette orientation à valeur d’instruction, quelques ministères seulement ont initié des notes, en application de la circulaire consécutive du Premier ministre publiée le 6 juillet dernier.

Pour l’essentiel, les circulaires publiées par dix ministres, sur la trentaine que compte le gouvernement, visent à inciter les fonctionnaires évoluant sous leur tutelle à se faire vacciner. Certaines de ces notes fixent un délai au-delà duquel la présence des mêmes fonctionnaires au service sera subordonnée à la présentation du certificat de vaccination ou du test PCR négatif.

A la lecture de l’instruction de la coordination nationale de gestion de la pandémie de coronavirus et des circulaires sus-évoquées, il apparaît évident que le gouvernement est mû par le souci de préserver la vie des Congolais. Mais, en même temps, transparaît aussi le paradoxe : certains administrés qui devraient être protégés refusent curieusement cette protection. En effet, l’acquisition des vaccins par les autorités est la preuve que l’État ne se départit pas de ses obligations d’assurer la protection de la population face à une maladie dangereuse. De fait, le refus d’une partie de celle-ci de se vacciner et donc de se faire protéger devant la furie de la covid-19 est à tout le moins incompréhensible.

La tâche est donc difficile pour les pouvoirs publics. Elle est davantage difficile avec la dizaine de circulaires ministérielles. En effet, exiger aux fonctionnaires un test PCR négatif ou un certificat de vaccination pour être au service constitue, à n’en point douter, un élément motivant pour que chacun d’eux se rende vers les centres dédiés afin de recevoir sa dose de vaccin. Malheureusement, ces circulaires ont le défaut de ne pas définir, explicitement, les mesures coercitives prévues contre ceux des fonctionnaires qui résisteraient opiniâtrement aussi bien à l’idée de se vacciner qu’à celle de s’exposer aux tests PCR.

Il y a fort à parier que la plupart d’entre eux prendront ces exigences comme prétextes pour ne plus se rendre au lieu du travail. D’ailleurs, ils sont d’avance convaincus que rien de grave ne leur arrivera, quoique le gouvernement fasse. Parce qu’ils ont la conviction que, malgré leur absence au service, leur salaire continuera à être versé intégralement à la fin du mois.

Ces fonctionnaires peuvent fonder leur raisonnement sur le fait que notre administration pourrait indubitablement renfermer des fantômes perpétuellement absents au service, mais régulièrement payés. Ainsi se pose le problème des mesures d’accompagnement des circulaires publiées. C’est dire combien, dans le cadre de la complémentarité gouvernementale, le ministère du Contrôle d’État, de la Qualité du service public et de la Lutte contre les antivaleurs dans les administrations publiques aura beaucoup de travail en perspective. Autant dire qu’il a du pain sur la planche.

Valentin Oko

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