Parler vrai

L’accord conclu avec le Fonds monétaire international a un mérite important parmi bien d'autres: celui de multiplier les échanges, au sein même de la classe politique, sur les dispositions qu'il convient de prendre maintenant dans le domaine de la gouvernance publique afin de traduire cet accord en termes concrets le plus rapidement possible. Avec, il est vrai, deux camps qui se font face et dont les jugements sont différents mais, si l'on y réfléchit bien, convergent et sont donc très utiles pour le Congo : d'une part la majorité présidentielle qui se réjouit de sa conclusion et appelle le gouvernement à en tirer rapidement les conséquences ; d'autre part l'opposition qui doute quant à elle de la volonté et de la capacité du gouvernement à le faire.

Le système démocratique dans lequel nous vivons depuis deux décennies étant, par définition, fondé sur le débat plus ou moins musclé qui oppose les deux camps issus des grands scrutins électoraux, l'on ne peut que se réjouir de voir chacun d'eux avancer maintenant sur la place publique les arguments qui prouveront demain aux citoyens qu'ils sont engagés à leur manière dans la recherche d'une meilleure gouvernance économique et financière. Ceci est d'autant plus important que nous sommes à quelques encablures des échéances majeures que seront l'élection présidentielle de 2021, les élections législatives et locales de 2022.

Dans ce contexte très particulier, ce que l'on doit recommander aux acteurs de la scène politique c'est bien de savoir raison garder, autrement dit de ne pas laisser la passion partisane l'emporter dans l'échange d'idées et de projets  au risque de dévoyer le dialogue sur la gouvernance interne que favorise la conclusion de cet accord avec la communauté financière internationale. L'enjeu est tel, en effet, que chacun à sa place peut et doit contribuer à la concrétisation des différentes dispositions de cet accord, sans abandonner ses convictions, mais en veillant à ce que de ce dialogue, pour l'instant informel, surgissent des avancées notables qui profiteront à la nation tout entière.

Pour dire les choses de façon encore plus claire, toutes les conditions sont aujourd'hui réunies pour que le Congo améliore fortement sa gouvernance grâce à de tels échanges d'idées, à un tel "parler vrai".