Sahel : pour Yves Trotignon, le sahel est un échec contre le djihadisme

Lundi 1 Mai 2017 - 11:45

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 Spécialiste des questions de terrorisme, Yves Trotignon pense que le Sahel, à travers « Serval », est en passe de devenir un cas d’école de la lutte contre le terrorisme « regroupant tous les ingrédients d’un échec inévitable ».

Après avoir longtemps nié, ou du moins sous-évalué la militarisation de la menace djihadiste, la France a choisi, en janvier 2013, d’intervenir directement au Mali contre Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et ses alliés locaux afin de restaurer l’intégrité territoriale du pays, explique Yves Trotignon. Déclenchée dans l’urgence, l’opération « Serval » ne visait pas tant à éteindre une menace terroriste qu’à vaincre sur le champ de bataille une coalition de groupes de guérilla qui, quelques mois plus tôt, avait elle-même défait l’armée malienne.

Face à des djihadistes déterminés et aguerris, l’armée française, épaulée par des soldats tchadiens, parviendra en trois moins, à réduire les velléités  de ces groupes et à contraindre les autres à passer dans la clandestinité ou à leur dispersion. Un succès salué par Yves Trotignon. Le président français, François Hollande, déclarera : « l’objectif n’était, ni plus ni moins, que de remporter une victoire nette ».

Yves Trotignon note toutefois de « réelles faiblesses » dès le déclenchement de l’intervention française. « La victoire militaire, en effet, ne vaut que si elle s’accompagne de la reconnaissance par l’adversaire de sa défaite et, partant, de l’ouverture de discussions poli­tiques. Vaincus, AQMI et ses alliés le furent, et sèchement, mais allait-on discuter avec eux des termes de la paix ? ». « Serval » ne déboucha donc pas sur l’abdication des djihadistes », regrette-t-il.

La réponse politique à la crise fut finalement discutée à Alger, des accords discutés. Ceux-ci, avec raison, écartèrent les mouvements terroristes des discussions. Consciente du caractère régional de la menace, la France, en juillet 2014, transformera « Serval » en un dispositif militaire, Barkhane, couvrant cinq Etats du Sahel (Mauritanie, Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad) afin d’y poursuivre la traque des éléments d’AQMI et de ses émanations.

Noël Ndong

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