Art d’Orphée : Wazekwa se confie avant sa production à Luanda

Vendredi 9 Octobre 2015 - 15:00

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Considéré comme l’une des têtes pensantes de la musique congolaise moderne, Félix Wazekwa a, au cours d’une intervention dans les médias, livré ses impressions sur différents sujets, annonçant à l’occasion sa prochaine production scénique à Luanda, en Angola.

Le chanteur Félix Wazekwa va se produire le 10 octobre 2015 au ciné Atlantico de Luanda en Angola. « Nous attendions impatiemment qu’on nous confirme cette production, car nous nous sommes préparés en conséquence, moi et l’ensemble des membres de Cultur’A Pays Vie, mon groupe, pour ce spectacle dans la capitale angolaise. Que les mélomanes congolais habitant en Angola viennent nombreux à ce concert pour voir la chorégraphie singulièrement élaborée qui sera exécutée lors de ce spectacle », déclare Félix Wazekwa dans une intervention dans la presse.

Le chanteur a récemment largué la chanson « Fimbu » (fouet en français), six mois après son album « I love you ». « Fimbu » est une sorte de lutte philosophique contre l’impunité et contre les violences faites à la femme, indique l’artiste. « Je n’ai jamais vu un homme solliciter sa propre punition pour un mal commis. Et comment peut-on lever la main sur une femme qu’on dit aimer ?», ajoute Wazekwa. L’autre symbolique de « Fimbu » a trait à la manière de contourner les problèmes. « Lorsqu’on est confronté à des difficultés dans un domaine de la vie, il faut chercher des solutions. Je le dis dans la chanson, le cas d’un élève qui porte une culotte et des cartons en dessous pour amortir les coups de fouet d’un instituteur. L’élève trouve ainsi les moyens de contourner cette difficulté», explicite-t-il.

La structure Bomoko et le conflit avec Koffi…

Le leader du groupe musical Cultur’A Pays Vie a également évoqué une nouvelle structure initiée dans le but de rassembler les artistes. « Bomoko » n’a rien à avoir avec les précédentes organisations du même type. Il en parle en ces termes : « Tout musicien qui intègre Bomoko doit faire preuve d’esprit d’union, et être à même d’être dans cet ensemble. Nous ne pouvons pas être tout le temps éparpillés. Certes, nous n’avons pas à nous fréquenter à tout moment, mais on peut être ensemble dans le respect mutuel, dans la confrérie ».

Au sujet de ses relations avec Koffi, Wazekwa avait même déclaré une fois qu’il ne s’entendra avec lui que lorsque Dieu s’entendra avec Satan. Une façon de durcir encore plus son discours. « Lorsque l’on se rend compte que sa vie est en danger, on doit savoir se sécuriser. Dans notre milieu musical congolais, certains collègues peuvent vous en vouloir jusqu’à la mort. Et lorsqu’on s’en rend compte, on se doit de devenir extrêmement prudent. Certains musiciens ont besoin de conflit pour se retrouver. Ils s’en repaissent. C’est comme certaines personnes qui vivent des guerres. On doit donc être vigilant », affirme le patron de Cultur’A Pays Vie. Mais il note à propos de l’initiative de rassemblement des musiciens : « Mais dans Bomoko, il n’est pas même pas question de personnalisation. C’est un concept général de regroupement des musiciens. Quand on est ensemble, on peut faire beaucoup de choses. Ce sera par exemple intéressant de livrer un concert dans un stade avec d’autres amis musiciens invités, que de se produire seul. Et pour ne pas jouer seul, on aura besoin d’être en harmonie avec les collègues qu’on invite ».

Situation politique du pays

Félix Wazekwa s’est aussi exprimé sur la situation politique du pays de plus en plus emballée alors qu’on s’approche de l’année 2016 censée être électorale en RDC. « La politique, c’est l’un des domaines les plus complexes de la vie. Dans ce pays, on a tendance à croire que tout le monde peut faire de la politique. Il y a des personnes qui n’ont d’autre métier que de politicien. Ils n’ont que la carrière politique. Je souhaiterais que celui qui se lance dans la politique ait d’abord un autre métier. En France par exemple, Sarkhozy a été avocat avant de se lancer dans la politique et devenir président. Lorsqu’il n’a plus été président, il a rejoint son cabinet d’avocat. Michel Rocard a été inspecteur des finances, avant d’être Premier ministre. Ensuite, il a repris son travail d’inspecteur des finances », pense le chanteur qui soutient mordicus qu’il n’acceptera jamais une fonction politique au pays. Que les politiciens prennent des bonnes décisions pour le pays, a souhaité le chanteur.

« Nous attendons beaucoup du chef de l’Etat Kabila, du Premier ministre Matata, du président de l’Assemblée Minaku et de celui du Sénat, Kengo wa Dondo qui ont les rênes des institutions du pays. On ne peut pas critiquer ces personnalités du pays, parce qu’ils gèrent des réalités qui nous échappent. C’est pour ça que Je ne peux pas émettre des critiques à l’endroit de ces personnalités », poursuit-il. « Il y a beaucoup d’argent en politique comme me l’a attesté une fois le regretté seigneur Tabu Ley à qui je rendais régulièrement visite. Mais lorsqu’on fait la politique pour l’argent, c’est justement le piège et le danger de ce métier-là qui consiste en principe à œuvrer pour la population », déduit Félix Wazekwa.

Martin Enyimo

Légendes et crédits photo : 

Félix Wazekwa

Notification: 

Non