Bataille juridique autour d’une mosquée à Milan

Mardi 26 Avril 2016 - 17:21

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel

Entre la région de Lombardie, la mairie de Milan, les riverains et la communauté musulmane de la capitale économique italienne rien ne va plus !

Faut-il ou non construire une grande mosquée à Milan, la capitale économique d’Italie ? Depuis quelques années la question divise par ses réponses. Il faut dire que l’arrivée d’un exécutif d’extrême-droite à la tête de la région de Lombardie (dont Milan est le chef-lieu) a semblé susciter un malaise autour de questions qui étaient pourtant bien là avant l’arrivée de Roberto Maroni, secrétaire fédéral du mouvement xénophobe et anti-immigré de la Ligue du Nord et, depuis 2013, président de région.

Tout le monde semble désormais découvrir l’existence d’une communauté musulmane en croissance dans la ville et la région ; de ses besoins en lieux de culte décents et de la mixité de plus en plus affirmée dans les écoles. Croyants chrétiens, non-croyants et musulmans se côtoient dans cette région, l’une des plus riches d’Italie, et attrayante de ce fait pour la main d’œuvre immigrée. Mais de temps en temps la cohabitation est loin d’aller de soi. Surtout quand les politiques s’en mêlent.

Cette fois, la querelle a été ravivée autour d’une mosquée, située via Cavalcanti. Les autorités, constats en main, soutiennent que ce point de prière est totalement abusif. La communauté musulmane de la ville, elle aussi contrat en main, fait valoir son bon-droit pour un immeuble acquis en bonne et due forme. Mais les autorités régionales qui demandent au préfet d’intervenir pour fermer cet édifice avancent leurs arguments : local trop exigu ne satisfaisant pas du tout aux conditions d’accueil régulier de concentrations de personnes.

Qui plus, fait valoir l’assesseure régionale à la sécurité Simona Bordonali, le contrat signé l’avait été entre la ville et un groupe de personnes se prévalant du statut d’association. Or une mosquée est tout sauf, paraît-il, le lieu d’exercice d’une activité associative : il y a donc eu abus, il faut fermer ! Les musulmans de Milan disent attendre de pied ferme le premier huissier qui se présentera pour cela. Alors que la ville manque déjà singulièrement de lieux de culte, on viendrait à leur enlever même celui-là, un ancien dépôt d’habit, qui est loin de répondre aux attentes culturelles de leur communauté ? On va voir ce qu’on va voir !

La bataille juridique fait donc rage. La population elle-même est assez partagée entre ceux qui comprennent les raisons des musulmans et ceux qui, surtout à la faveur des derniers attentats de Paris et de Bruxelles (où des Italiens ont péri), retiennent qu’il faut limiter l’expansion sur le territoire des musulmans vus comme source de danger. Peur et xénophobie agissent ; la raison et le bon sens ont du mal à se frayer un chemin d’apaisement. Car les temps sont résolument à la méfiance.

Lucien Mpama

Notification: 

Non