Béni et Butembo : manifestations de colère contre le report des élections

La ville de Beni est entrée en ébullition ce jeudi 27 décembre au lendemain de la décision de la Céni reportant les élections dans ce territoire et à Butembo ainsi qu'à Yumbi, dans la province de Maï Ndombe, au mois de mars 2019. Ils étaient plusieurs les jeunes qui ont investi, tôt le matin, les principales artères et avenues de Beni pour protester contre cette décision jugée inopportune et arbitraire. La tension était grande sur la route Beni-Kasindi, apprend-on des sources locales qui font état des barricades érigées sur plusieurs avenues pour empêcher la circulation.  Aux quartiers Matonge et Kasabinyole, dans la commune de Ruwenzori, les activités socioéconomiques ont tourné au ralenti, faisant penser à une journée ville morte.

Les appels à manifester contre la décision de la Céni lancés la veille par la coordination de la société civile du Nord-Kivu ainsi que par la direction provinciale de la coalition Lamuka ont eu un écho favorable auprès de la population concernée. A Beni et Butembo, la grogne était perceptible. Plusieurs manifestants se sont rendus au quartier général de la riposte contre l’épidémie de la maladie à virus Ebola, à Beni, pour y déposer un mémorandum dans lequel ils ont exprimé leur refus du report des scrutins dans leur territoire. Afin de dissuader les jeunes surexcités à manifester sur la voie publique avec toutes les conséquences qui pouvaient s’en suivre, les éléments des Forces armées de la RDC et de la police étaient visibles notamment le long du boulevard Ruwenzori, à Beni, ainsi que sur plusieurs axes. La collusion était dès lors inévitable entre les forces de l’ordre et les manifestants qui ne demandaient ni plus ni moins que l’annulation de la décision de la Céni.

Entre-temps, la coordination de la société civile du Nord-Kivu, désapprouvant cette décision qu’elle qualifie de « politique » et de « discriminatoire »,  a, dans un communiqué, invité la population de Beni et Butembo à se rendre aux bureaux de vote le 30 décembre, le jour d'élections. Même scenario à Goma où la situation était  tendue ce jeudi dès l’aube. Les habitants du quartier Majengo étaient particulièrement très actifs dans les artères de la ville, barricadant la chaussée au point de perturber l’ordre public. Plusieurs commerces sont restés fermés toute la journée, craignant d’éventuels troubles. Les éléments de la police déployés dans les principales artères de la ville étaient, par moments, contraints d’user des méthodes fortes pour assurer le maintien de la paix sérieusement menacée.