Benoit Moundélé-Ngollo : « Je ne dérange personne dans mes écrits »

Samedi 2 Mai 2015 - 12:29

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Après Je plaide non coupable, le général à la retraite Benoît Moundélé-Ngollo présentera le vendredi 8 mai 2015, à l’hôtel de la préfecture de Brazzaville, son nouvel ouvrage intitulé : Cocktail Molotov bourré des vérités détonantes qui explosent dans un Snoprac. À quelques jours de cet événement, il nous a accordé une interview dans laquelle il réfute tous les préjugés portés sur son écriture. Son style, dit-il, n’obéit pas aux prescriptions académiques classiques (Snoprac).

Dépêches de Brazzaville : L’ouvrage que vous venez d’écrire, paru aux éditions L’Harmattan, comporte un long titre qui dit beaucoup de chose en plus. Pourquoi ce titre ?

Général Benoît Moundélé-Ngollo : Oui ! En réalité j’aurai pu tout simplement dire Cocktail Molotov, mais j’ai voulu en même temps donné une signification à cela, parce que le Cocktail Molotov c’est un engin explosif artisanal que l’on bourre de substances inflammables. Dans mon livre, il y a des choses vues par moi, comme vérités, et qui peuvent faire mal à ceux qui ne veulent pas entendre des vérités de ce genre. C’est pour cela que je l’ai titré Cocktail Molotov bourré des vérités détonantes qui explosent dans un snoprac. Le snoprac c’est mon style, du fait que je n’écris pas comme tout le monde. Je n’utilise pas les sentiers battus pour écrire ce que j’écris. J’utilise la forme tout à fait particulière que j’ai baptisée Style qui n’obéit pas aux prescriptions académiques classiques (Snoprac).

DB : Si on fait une rétrospection sur vos derniers ouvrages, on a l’impression que les idées sont chronologiques et paraissent aux yeux de plusieurs personnes comme de la provocation. Pourquoi ce style ?

BMN : Je ne peux pas parler à la place d’autres écrivains. J’ai une certaine logique. Lorsque je mets un titre à mon livre, je fais comme un appât pour attirer la personne qui va le lire. Quand j’écris par exemple : Du coq à l’âne ; ou Lettre ouverte, les lecteurs s’interrogent de prime à bord, à qui il écrit cette lettre ? Quand à Fantasmons ensemble dans un Snoprac, c’est un ouvrage qui est écrit à dessein. Par contre, ce ne sont pas des provocations, puisque je ne provoque personne.

DB : Pourquoi plaidez-vous non coupable ?  

BMN : Lorsque je plaide non coupable, ce n’est pas de la provocation, mais de la défense. Le problème vient de mes lecteurs, qui prennent le personnage que j’ai écrit dans mon livre et le plaque à une personne qu’ils connaissent dans la cité ou alors qu’ils pensent que je connais. En ce moment-là, je suis accusé de parler de telle ou telle autre personne. Pour preuve, beaucoup de lecteurs, après avoir lu mes ouvrages, ont donné leurs points de vues par écrit. Comme quoi, ceux qui m’accusent de parler de messieurs Taba-Tampion, Massamba ou Itoua, se trompent. Parce que je ne parle pas de Massamba qu’ils connaissent, ni moins d'Itoua. Je peux parler pourtant de Diawara, de Diallo, pour la simple raison que ce que je décris, on retrouve ça aussi dans d’autres sociétés. D’ailleurs, j’ai mis là-dedans des réponses d’un Burkinabé qui s’appelle Poussi Sawadogo qui trouve que ce que j’écris au Congo, c’est comme si j’étais au Burkina Faso. Ce n’est pas donc une provocation mais plutôt une défense. Je dirais au contraire ce sont les gens qui me provoquent.

DB : On sent quelques brins de provocation dans Cocktail Molotov bourrés de ses vérités détonantes...

BMN : Je ne dérange personne dans mes écrits. C’est un cocktail Molotov bourré des vérités détonantes qui explosent dans un snoprac, donc dans mon cercle. C’est comme un recueil de constats sur un certain nombre de vérités qui se passent dans la société et ces vérités-là, beaucoup de personnes n’aiment pas les entendre. C’est pour cela que je dis que, c’est détonant et je le développe dans mon style. Par exemple quand je parle des gens qui sont incestueux, si vous ne l’êtes pas, vous ne pouvez ne pas vous sentir concerné. Mais si vous trouvez que votre voisin qui est à vos côtés que je ne connais pas est incestueux, vous allez me dire que j’ai parlé de votre voisin. En effet, je parle de manière générale de ce qui peut s’apparenter à quelque chose d’universel. Le pape par exemple a dit que la corruption, ça pue. Mais si c’est moi qui l’ai dit dans mon pays, qu’est-ce que l’on ne va pas me dire ? Et quand le pape dit ça, tous les milieux de la mafia en Italie peuvent se sentir concernés mais sans qu’il n’ait parlé à une personne donnée. Il le dit parce que la corruption au niveau mondial devient une espèce de gangrène au point où lui qui est garant de la moralité est contraint de la dénoncer.

DB : Que faire face à cet appel du pape ?

BMN : Je crois que toute personne, qu’elle croit en Dieu ou non, doit avoir la notion du bien et du mal, de l’honneur et du déshonneur. Donc si vous êtes une personne et que vous avez votre jugement, c’est votre conscience. Il faut peut-être faire appel au discernement qui est une faculté intellectuelle qui vous permet de discerner le bien et le mal. À partir de là, vous êtes libre de faire votre choix. Voilà ce qu’il y a lieu de faire. Même au Vatican, il n’y a pas trop longtemps, on a eu à dénoncer des mauvaises pratiques financières. Et pourtant, ce sont des cardinaux, des évêques, des prêtres. Mais ils restent malgré tout  des hommes. Il n’y a pas que la corruption, mais aussi la drogue, la pédophilie. Aujourd’hui si on critique des prêtres qui sont des pédophiles, c’est parce qu’ils sont en vue, ils sont les garants de l’esthétique. À leur niveau ça devient comme un scandale. Mais en dehors des prêtres et des évêques, il y a plein de pédophiles dans la cité.

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo 1: le général Moundélé-Ngollo répondant aux questions d’un journaliste des Dépêches de Brazzaville Photo 2: le livre du général Benoit Moundélé-Ngollo