Burn out : les enfants aussi !

Vendredi 12 Avril 2024 - 9:35

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Initialement employé dans le contexte professionnel, le terme "burn out" est désormais appliqué au domaine personnel et concerne de plus en plus de personnes, y compris des enfants. En effet, l’épuisement nerveux et la sensation de ne pas être à la hauteur pèsent sur de nombreux jeunes en raison d’une pression forte sur leurs performances scolaires notamment. Explications de Béatrice Millêtre, docteur en psychologie et autrice de « Le burn out des enfants - Comment éviter qu'ils ne craquent ».

Tout comme dans le monde du travail, le burn out des enfants se manifeste d’abord par un épuisement profond. « Alors qu’ils reviennent de vacances, par exemple, ils ne tiennent plus debout, sont irritables, ont les larmes aux yeux, n’arrivent plus à réfléchir », décrit Béatrice Millêtre. « Ils ne savent pas expliquer clairement pourquoi, simplement qu’ils n’en peuvent plus », poursuit-elle. Et « lorsque l’on creuse un peu, on observe une perte de sens ».

Et ce sentiment général est largement associé à l’école. « Ils y subissent une pression importante vers la performance », souligne la psychologue. Il faut toujours travailler plus pour réussir à l’école, puis dans la vie. Mais ce discours est parfois incohérent. En effet, « on dit à certains jeunes qui ont 14 de moyenne que ce n’est pas suffisant, pour qu’ils ne relâchent pas leurs efforts. Ils travaillent alors trois heures au lieu d’une et ne passent que de 14 à 15. Ce qui leur donne le sentiment que ça ne sert à rien », étaye-t-elle. Les enfants peuvent alors s’imaginer qu’aucun effort ne suffira jamais.

Le trop-plein d’activités extrascolaires et la pression vers la performance également dans ces différents domaines accentuent le risque de burn out. Naturellement, « certains sont plus touchés que d’autres, en fonction de leur caractère et de leur sensibilité personnelle ».

Arrêter en urgence

Avant que la dépression ne s’installe, « je les arrête systématiquement », insiste Béatrice Millêtre. « Comme on le ferait s’ils avaient les deux jambes cassées. Ils vont chez la grand-mère, par exemple, faire du vélo et manger des gâteaux. Ou faire n’importe quoi qui n’a plus trait aux activités habituelles », ajoute-t-elle. Ils sont en convalescence et peuvent dormir pour récupérer. « C’est ça l’urgence », insiste la psychologue.

« Une fois qu’ils sont remis d’aplomb, au bout de trois semaines, un mois ou deux mois parfois, ils peuvent reprendre l’école et leurs activités et n’ont rien perdu », note-t-elle. C’est à ce moment-là qu’il est judicieux de « réfléchir à ce qui s’est passé pour en arriver là ».

Il faut alors décrypter les attentes des parents, des professeurs, etc., et interroger le système autour de l’enfant. « Si l’on change de prisme et qu’on dédramatise certaines injonctions, que des pressions sont remises en question, en général ça va beaucoup mieux », assure-t-elle. En tout cas, il est essentiel « d’écouter et de croire un enfant qui exprime qu’il n’en peut plus », conclut-elle.

Destination santé

Légendes et crédits photo : 

Un petit garçon épuisé/DR

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