Cameroun : une peur permanente des attaques de Boko Haram règne au nord du pays

Mardi 6 Janvier 2015 - 15:30

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Depuis les attaques des militants présumés du groupe islamiste nigérian Boko Haram en fin de semaine dernière dans les environs de la ville de Baga, sur les bords du lac Tchad où ils s’étaient emparés d’une base militaire, le sentiment de peur généralisée gagne toute la région. Conséquence : beaucoup d’écoles sont restées fermées.

La reprise des classes n’est pas encore  possible dans la région du nord-Cameroun après les fêtes de fin d’année suite aux attaques de Boko Haram à la frontière avec le Nigeria. Ces troubles qui ont perturbé la scolarité de milliers d’écoliers dans le pays se sont aggravés après la confrontation sanglante entre les insurgés et l’armée camerounaise.

« C’est une situation très difficile pour élèves et enseignants, beaucoup d’écoles – surtout celles du secteur de l’éducation de base, ayant été fermées. Nous faisons face aux attaques de Boko Haram et à la peur permanente de surprises », a confié un agent du ministère de l’Education de base. Il a précisé que des milliers d’enseignants et d’élèves ont dû fuir, en raison de cette confrontation entre l’armée camerounaise et des éléments du groupe islamiste.

Des sources concordantes font état de plusieurs écoles fermées dans les régions frontalières du Nigeria, du lac Tchad au secteur de Bourha dans Mayo Tsanaga. En effet, hormis la base militaire de Baga appartenant à la Force multinationale constituée par le Cameroun, le Nigeria, le Niger et le Tchad, les islamistes de Boko Haram ont aussi pris plusieurs localités de l’extrême nord-Est du Nigeria, forçant des centaines d’habitants à fuir par  bateaux et pirogues vers le Tchad voisin. Il faut noter qu’au moment de l’attaque, seuls des soldats nigérians s’y trouvaient.

Pour repousser l’assaut des islamistes, l’armée camerounaise a lancé la semaine dernière des attaques à la roquette et engagé son aviation, marquant ainsi une nouvelle escalade dans le conflit.  

« Les assaillants ont perdu plusieurs combattants », a indiqué le ministre camerounais de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, ajoutant que le bilan des combats allait être communiqué dès que l’évaluation opérationnelle sera achevée. « Sur très hautes instructions du président de la République (Paul Biya) l’aviation de chasse camerounaise est entrée en action pour la première fois depuis le début de ce conflit. Après deux passages et un feu nourri de ses vecteurs de combats, les assaillants ont déguerpi du camp d’Assighasia », selon Yaoundé. Et d’ajouter : « L’entrée en action de notre aviation dans ce conflit constitue une nouvelle gradation de la riposte camerounaise face à la multiplication (...) des attaques ennemies venues du groupe terroriste Boko Haram »

Selon le Nigeria et le Cameroun, les combats entre les armées loyalistes des deux Etats et Boko Haram ont déjà fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés depuis le soulèvement de la secte islamiste qui veut à tout prix créer un Etat islamique dans le nord du Nigeria.

La ville de Baga, il faut le rappeler, avait été le théâtre, en début 2013, de violents combats entre la force multinationale et des miliciens de Boko Haram. Des centaines de civils avaient été tués dans ces combats, plusieurs autres ayant été brûlés vifs dans leurs maisons au toit de chaume.

Du fait des attaques menées par Boko Haram au Cameroun, Yaoundé a longtemps été très critiqué par ses voisins, mais aussi par la France, qui l’accusaient de passivité face aux agissements du groupe islamiste. Ceci, parce que les membres de ce groupe qui commettaient des attentats au Nigeria, se servaient essentiellement du territoire camerounais comme base arrière pour se reposer, se ravitailler en armes et en nourriture.

Cette situation a changé en 2013, notamment depuis les enlèvements de la famille française Moulin-Fournier et de religieux occidentaux dans le nord-Cameroun. La donne a effectivement changé puisque, le président Paul Biya a décidé d’envoyer d’importants renforts militaires de l’opération « Alpha » pour contrer les attaques islamistes. A ce jour, environ 2.000 hommes ont ainsi été déployés, mais il en faudrait beaucoup plus pour contrôler  cette frontalière extrêmement poreuse.

L’envoi des soldats camerounais dans le nord du pays n’a pas empêché Boko Haram qui a multiplié les attaques dans cette partie du pays dès début 2014 et engagé de plus en plus d’hommes dans ses opérations. Ces derniers s’en prennent directement à l’armée camerounaise et non plus simplement aux civils.

 

 

 

Nestor N'Gampoula