Centrafrique : le nouveau président de l’Assemblée nationale promet de mieux gérer la législature

Mardi 30 Octobre 2018 - 13:13

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Quelques jours seulement après la destitution d’Abdou Karim Meckassoua, à l’issue d’une session plénière spéciale pour « manquement aux devoirs de sa charge », le député de Baboua (ouest du pays), Laurent Ngon Baba, a été élu le 29 octobre à la tête de l'institution.

Porté au perchoir de l’Assemblée nationale centrafricaine par cent douze voix sur cent seize votants, Laurent Ngon Baba, président du Parti d’action pour le développement, avait précédemment occupé plusieurs fonctions. Il avait été nommé de nombreuses fois en tant que ministre et député de Baboua. En 2011, il était devenu le premier vice-président de l’Assemblée nationale.

S’adressant à ses collègues après son élection, le nouveau président de l’Assemblée nationale a promis de corriger les erreurs de son prédécesseur afin de faire prévaloir la transparence dans la gestion de la législature. « Nous n’avons plus le droit à l’erreur (…). « Nous allons immédiatement prendre des mesures, surtout en ce qui concerne la gestion des ressources financières », a-t-il précisé.

Laurent Ngo Baba affrontait deux autres parlementaires au poste de président de l’Assemblée nationale : Thierry-Georges Vackat, député de Mongoumba (sud) et Timoléon Mbaïkoua, député de Paoua (extrême nord-ouest). Lors de l’examen des dossiers, la candidature de Thierry-Georges Vackat a été invalidée parce que déposée une minute seulement après le délai prescrit. Timoléon Mbaïkoua, quant à lui, a décidé de retirer sa candidature mais son désistement a été rejeté par le président de la séance faute de courrier justificatif.

Avant que le vote ne commence et selon des sources concordantes, le député de Mbaïki II (sud), Alfred Yékatom Rombault, avait sorti un revolver contre l’un de ses collègues suite à des échanges violents dont l’origine reste inconnue. Il a tiré deux coups de feu en l’air avant d’être maîtrisé puis conduit à la gendarmerie. D’après l’opinion publique, ce député de Mbaïki II, un ancien chef rebelle d’anti-balaka alias Rambo, avait été élu par les pressions sur la population sous son contrôle. Il avait fait asseoir son hégémonie sur les préfectures de l’Ombella M’Poko (ouest) et de la Lobaye (sud).

Tenant compte du climat qui prévalait dans l’hémicycle, tous les députés y ont été évacués puis soumis à des fouilles systématiques. L’opération a révélé que trois autres élus du peuple portaient également des armes sur eux, dont le candidat invalidé Thierry-Georges Vackat.

Le prédécesseur de Laurent Ngon Baba est le député du troisième arrondissement de la capitale Bangui, qui comprend le PK5, le quartier abritant la majorité des musulmans de cette ville.

D’après Mathurin Dimbélet Makoé, deuxième vice-président de l’Assemblée, Abdou Karim Meckasoua était accusé par ses détracteurs d’avoir « confisqué des dossiers essentiels pour les députés », évoquant mi-octobre devant la presse une « opacité dans la gestion des finances » de cette chambre du parlement. « On nous a accusés d’agir selon des critères confessionnels mais celui qui a été élu est un musulman », a-t-il fait remarquer.

Plusieurs députés estiment, quant à eux, que la pétition et la tentative de destituer Abdou Karim Meckassoua pourraient avoir été pilotées par la présidence centrafricaine qui souhaiterait placer un de ses fidèles à la tête de l’Assemblée. L’ex-président avait été destitué le 26 octobre, suscitant de fortes tensions dans la capitale où des tirs nourris avaient éclaté au Kilomètre 5, le quartier musulman.

Après le début de la crise centrafricaine fin 2012, suivie du déferlement de haine entre les rebelles de la coalition Séléka, à dominante musulmane, et les groupes antibalaka, prétendant défendre les chrétiens à partir de 2013, la tendance était déjà à l’équilibre entre les deux camps, lorsque la présidence a été échue à Faustin-Archange Touadéra, d’origine chrétienne, et qu’Abdou Karim Meckassoua, d’origine musulmane, avait été élu à la tête de l’Assemblée nationale. Ce qui a contribué effectivement à apaiser des tensions en ce sens que cela était apparu comme un symbole de réconciliation en Centrafrique.

Fort malheureusement, dans ce pays où l’influence politique reste en partie communautaire, les relations entre les deux hommes n’étaient plus bonnes, des rumeurs de coups d’Etat avaient circulé, des proches de l’actuel président du pays n’hésitant pas à accuser publiquement Abdou Karim Meckassoua. Sa destitution était prévisible puisqu’en mars dernier, un proche du président Faustin-Archange Touadéra avait été élu vice-président de l’Assemblée : une volonté, selon les observateurs à l’époque, de saper l’autorité de Abdou Karim Meckassoua.

 

 

 

 

Nestor N'Gampoula

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