Cinéma : "Kongo", une immersion au cœur de la communauté Ngunza

Lundi 16 Décembre 2019 - 14:15

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Le film réalisé par les Français Hadrien La Vapeur et Corto Vaclav a été diffusé en leur présence, le 13 décembre, à l’Institut français du Congo (IFC), dans le cadre du festival de danse « Boya kobina ». La projection a été suivie d’un débat avec le public.

Dans une salle pleine comme un œuf, "Kongo" a tenu en haleine un public intrigué par le déploiement du scénario, quelquefois comique. L’histoire du film se déroule précisément à Brazzaville, où l’invisible régit le monde visible. L'apôtre Médard se démène avec son église « Ngunza » pour guérir les malades victimes de mauvais sorts qui se nichent dans leurs corps. Il fait des incantations, exorcise, invoque et communique avec les esprits, mais les démons sont malins. Dur métier que de guérir les âmes et de vivre dans un monde où les sentiments et convictions font chanceler. Sa vie bascule lorsqu'on l'accuse publiquement de pratiquer la magie noire. 

Avec habileté, les réalisateurs parviennent, scène après scène, à laisser l'invisible imprimer sa marque sur l'image, engageant derrière eux diverses appréciations, manipulées par le pouvoir magique du cinéma. Dans ce récit, où l’on suit le charismatique apôtre consulter les sirènes pour tenter de sauver sa peau, c’est aussi la résistance d’un pays face aux puissances colonisatrices qui se manifeste. Film à suspense, "Kongo" est une aventure réelle, avec un brin de fiction, gouverné par les esprits.

Auréolé du dernier festival de Cannes et plébiscité par la presse internationale, le film est le premier long métrage des deux cinéastes de la maison de production Expédition invisible. De genre documentaire d’environ 1h 10min, il a nécessité six ans de réalisation, soit de 2013 à 2019. Sa sortie officielle est prévue pour le 11 mars 2020.

Au terme de la projection, les deux réalisateurs se sont réjouis d’avoir, enfin, pu partager le film avec le public congolais. « Kongo reste l’une de mes plus belles aventures que je ne prédisais pas du tout. En 2013, au cours de mon séjour à Brazzaville pour une collaboration au Fespam, l’artiste musicien congolais Jacques Loubelo, décédé la même année, m’a fait découvrir la communauté Ngunza. D’autant plus que chez nous, en France, on ne croit pas vraiment à ces histoires d’esprits, j’ai eu l’idée de me pencher là-dessus en réalisant un film dans ce sens », a déclaré Hadrien La Vapeur.

Interrogés sur leur croyance par rapport à la religion Ngunza, les deux réalisateurs ont répondu, qu’après avoir vu et entendu tellement de choses, leur perception s’est élargie avec une croyance à mi-chemin entre le réel et le non réel.

« Au-delà de quelques critiques qui peuvent être faites, je reconnais que c’est un bon film car, réalisé en langue locale, il puise sa source dans l’immensité de notre culture et de nos traditions ancestrales », en pense Alain Akouala Atipault. Pour Sébastien Kamba, premier cinéaste congolais, un film sur les dimensions cosmogoniques et exotériques n’est pas courant. « J’en ai fait un, dans les années 1977, Le corps et l’esprit. De cette année-là à aujourd’hui, on a plus vraiment eu droit à ce genre d’œuvres. Bravo aux réalisateurs ! », a-t-il fait savoir.

Merveille Atipo

Légendes et crédits photo : 

1- Un cliché du film/DR 2- Une vue du public/Adiac

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