Coronavirus: un déconfinement contre les émeutes de la faim au Nigeria et en Afrique du sud

Vendredi 8 Mai 2020 - 15:15

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L'Afrique du Sud et le Nigéria, les deux puissances économiques africaines ont été très affectés par les mesures de restrictions visant à contenir la propagation du Convid-19.

Les populations de ces deux pays se sont senties compressées. Sentant de leur côté monter une certaine colère, les dirigeants du Nigeria et de l'Afrique du Sud ont été contraints d'assouplir les mesures. Des centaines de milliers de jeunes, sans travail et manquant de nourriture commençaient à piller les magasins et à défier les forces de l'ordre. Dans ces pays déjà déchirés par les inégalités sociales, l'économie informelle assure une grande partie des emplois et la survie de la population. Le confinement ne pouvait être prolongé indéfiniment. Tous les ingrédients étaient ainsi réunis pour que les tensions éclatent en émeutes. 

Dans ce contexte, les Sud-Africains ont été autorisés à reprendre le travail, sous stricte protection sanitaire, dans des secteurs comme la restauration à emporter, le bâtiment, l'agriculture, le secteur minier, le textile et la maintenance. Toutefois, les déplacements restent limités au strict nécessaire et les écoles restent fermées au moins jusqu'au mois de juin. Le port du masque est également obligatoire dans les lieux publics et le couvre-feu en vigueur de 20h à 5h.

Les spécialistes sont cependant unanimes. Les mesures de confinement mises en place depuis cinq semaines dans le pays ont permis de ralentir la progression de la pandémie. L'Afrique du Sud compte le plus grand nombre de cas sur le continent avec 5600 cas et une centaine de morts enregistrés. Mais la décision a été difficile à prendre pour les autorités sud-africaines qui ont voulu éviter des émeutes aux conséquences inimaginables dans les townships pour les populations pauvres. 

Pour les populations du Nigeria, la levée progressive des mesures de confinement sonne comme la fin d'un cauchemar dans ce pays de plus de 200 millions d'habitants. Les activités économiques ont repris dans l'ensemble du territoire, à l'exception de l'Etat de Kano. Malgré la mise en place d'un réseau d'entraide de particuliers et quelques aides du gouvernement pour les plus démunis, la situation devenait intenable pour des millions de Nigérians, dont la plupart dépendent de l'économie informelle. Certaine personnes n'avaient plus accès à la nourriture pour survivre. 

"Le gouvernement n'avait plus de choix", déclare l'économiste nigérian Chukwuka Onyekwena, "d'autant qu'il n'a pas les moyens financiers pour soutenir son économie. Ses revenus pétroliers se sont évaporés depuis le début de la crise".  Il poursuit : "Avec la chute des cours du pétrole, l'augmentation de la dette et le peu de revenus fiscaux, le Nigéria dispose de peu de marge de manoeuvre pour répondre à cette crise et le futur paraît sombre". Mais, comme l'Afrique du Sud, le Nigeria a maintenu le port obligatoire du masque dans les liens publics, les mesures de distanciation et la fermeture des frontières. 

Nul ne peut prédire si ce déconfinement progressif va automatiquement entraîner une explosion de cas de Covid-19. Pour le gouvernement sud-africain, la prochaine étape sera la levée du confinement, mais en fonction des impératifs de protection de la santé publique et la nécessaire reprise de l"économie. 

Pour d'autres raisons, notamment le recul des cas de propagation de l'épidémie, plusieurs pays africains ont ou vont entamer un assouplissement progressif des mesures de déconfinement dans les prochains jours, avec le maintien du port du masque et la distanciation. C'est le cas au Cameroun depuis le 1er mai, ce sera également le cas au Congo à partir du 15 mai et au Maroc à partir du 18 mai. Mais la peur de mourir reste présente. 

 

 

 

Noël Ndong

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