Couleurs de chez nous. Enfants vendeurs

Jeudi 28 Novembre 2019 - 18:29

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« Si tu refuses d’aller vendre, tu vas manger tes cahiers ». C’est parmi les phrases que certaines mères prononcent à l’encontre de leurs enfants pour les contraindre à rejoindre la chaussée pour la vente de produits divers. Une déviance morale qui a interpellé un artiste décorateur exerçant en face du lycée Thomas-Sankara, dans la zone nord de Brazzaville. Ce décorateur est surtout connu pour ses affiches moralisatrices. Et sa dernière inspiration lui est venue de ce commerce de rue vers lequel certains parents orientent leurs progénitures. 

Mais combien de gens s’arrêtent devant cette banderole posée sur le mur du lycée cité ? Combien se laisseront-ils affecter par cette fresque dénonciatrice ? En attendant, l’artiste a le mérite de poser publiquement, et à sa manière, un problème de société qui devrait interpeller les pouvoirs publics et les organisations en charge de la protection des enfants et des mineurs.

Cet acte de l’artiste intervient dans un contexte où se célèbrent les trente ans de la Journée mondiale des droits de l’enfant instituée par les Nations unies. En rapport avec celle-ci, l’observateur a pu lire, sur une banderole initiée par les organisateurs : « Taper un enfant n’est pas l’éduquer ! ». Le message est bien puissant et éducatif avec tous les autres qui l’accompagnent telles les manifestations officielles dont les médias ont fait écho.

Cependant, sur le terrain, la réalité est triste avec ces enfants âgés entre 5 et 12 ans qui se livrent à une course poursuite avec d’éventuels acheteurs assis tranquillement dans des véhicules qui roulent. Risqué est aussi cet exercice qui les pousse à zigzaguer entre les voitures en pleine chaussée.

Au-delà se pose un réel un problème : celui de l’éducation de ces enfants. Vendre ou aller à l’école ? Telle est la question à laquelle les parents qui poussent leurs enfants au commerce ont la réponse. Mais que dit l’Etat ? La réponse est dans la Constitution qui reconnaît « l’école obligatoire » jusqu’à 16 ans. Sauf que la loi fondamentale de la République reste muette sur le non-respect de cette disposition et ne situe pas les responsabilités au cas où un enfant congolais n’aurait pas bénéficié d’une vie scolaire.

Loin d’être un espace de dénonciation, cette chronique se veut le miroir de la société congolaise en la montrant dans toutes ses facettes. Le phénomène des enfants vendeurs en est une illustration, car il ajoute une touche au tableau congolais que certains essayent de repeindre avec d’autres couleurs au lieu de la noire que l’on commence à remettre en cause même au niveau de l’enseignement.

Pour terminer, regardons le passé pour constater comment des directeurs d’école envoyaient chercher des élèves « fuyards » même dans leurs derniers retranchements (le lit ou derrière un buisson) pour les ramener de gré ou de force à l’école. Souvent, contre la volonté de certains parents qui, à l’époque, étaient heureux de voir l’enfant les aider dans des travaux champêtres. Une méthode à encourager quitte à y mettre de la manière. Sauvons ces enfants pour ne pas en faire une bombe sociale !

Van Francis Ntaloubi

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