Couleurs de chez nous : garde-malade ?

Samedi 23 Décembre 2017 - 11:31

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Le point d’interrogation annonce déjà les couleurs de cette chronique qui porte sur le statut de « garde-malade » chez nous, au Congo.

Le garde-malade n’est autre que cette personne de confiance qui assiste le malade et qui l’aide en tout : soins divers et courses. Il est tantôt le porte-parole et parfois le trait d’union entre le malade et l’équipe médicale ou les autres membres de la famille. Bref, il peut se faire relayer par une autre personne.

Or, cette description est violée sur le terrain. Au Congo, tout le monde joue les garde-malades : la mère, la femme, la sœur, le frère, le neveu, l’oncle, la tante, le cousin ou la cousine, la grand-mère, etc. Autour d’un malade ou d’une malade gravitent et se succèdent différents membres de la famille, décidés, chacun et chacune, de ne rien céder à un autre de peur de se voir jugé peu solidaire ou peu affectif. Il n’est pas rare de trouver quatre ou cinq personnes assises sur le lit du malade, tantôt bavardant tantôt méditatives ou, de plus en plus en prière. Un décor qui contraste avec les lieux que l’on veut par essence sereins.

À bien y regarder, certains visiteurs finissent par devenir garde-malades. En effet, le devoir d’assistance ou de solidarité oblige des membres de la famille à faire le déplacement de leur lieu de résidence pour la ville ou la localité où se trouve le malade. Tout comme ceux qui vivent dans la localité du malade qui, toutes affaires cessantes, migrent vers l’hôpital. Ici, plus personne n’accepte de repartir. Chacun veut rester au point qu’en dehors des dépenses liées à l’hospitalisation s’ajoutent celles de prise en charge de la famille réunie à l’occasion de cette « veillée anticipée ».

Une solidarité en violation des consignes de l’administration hospitalière sur les horaires de visites ou le nombre de personnes requis pour assister le malade. En d’autres termes, des présences nulles, car parfois non suivies d’effets financiers.

Allez dans les centres hospitaliers du Congo, vous constaterez que la communauté des visiteurs et garde-malades est plus importante en effectif que le personnel (administratif et médical) et les patients réunis. Si bien que les couloirs, les jardins, les escaliers et autres endroits sont pris d’assaut par ces visiteurs et garde-malades qui, soucieux du sort du malade, oublient parfois qu’ils s’exposent eux-mêmes à des maladies par le fait de passer des nuits dans des conditions éprouvantes voire abjectes. Il n’est que de penser aux toilettes qui font souvent défaut ou à bien d’autres conditions d’hygiène  que ne réunissent pas ces milieux.

Un environnement à risque avec des personnes ignorantes et dont la proximité avec des malades peut favoriser l’émergence ou le développement d’autres maladies. Imaginez ce visiteur qui vient de l’extérieur et qui va droit aux embrassades avec ce malade déjà guéri ou en observation. Qui ne peut pas contaminer qui ?

Van Francis Ntaloubi

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