Covid-19. Florent Aimé Bembé : « La réussite d’un dépistage massif dépend de la réunion de certaines conditions »

Mercredi 20 Mai 2020 - 14:15

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Le superviseur du Programme de santé communautaire de la Fondation Perspective d’avenir, le pharmacien biologiste, Dr Florent Aimé Bembé, a déclaré dans une interview exclusive aux Dépêches de Brazzaville que la réussite d’un dépistage massif nécessite la réunion et la définition idéal d’un périmètre, du personnel suffisant, en qualité et en nombre.

 

Les Dépêches de Brazzaville : Quelles sont vos impressions, en tant que scientifique, de l’annonce du déconfinement progressif par le Premier ministre, Clément Mouamba ?

Florent Aimé Bembé :   Les scientifiques, plus précisément les microbiologistes ainsi que les médecins en santé publique ont pour mission d’éclairer l'opinion publique et les décideurs sur le pouvoir pathogène du virus et l’évolution de l’épidémie.  En ce qui me concerne, ma casquette de pharmacien biologiste peut servir dans le diagnostic biologique de cette pandémie qui passe par la Réaction de polymérisation en chaîne ( PCR ) pour le diagnostic de mise en évidence du virus et les tests sérologiques pour tracer la réponse immunitaire des individus en réaction au passage du virus dans l’organisme.

LDB. : Confinement et déconfinement, deux vocables d’actualité. Quel est votre regard ?

F.A.B : Le confinement dans notre cas a représenté l’ensemble des mesures et des précautions prises pour empêcher la propagation du virus et par conséquent celle de la pandémie. Je vais imager mon propos de la manière suivante : le confinement est un tunnel dans lequel nous étions plongés avec des préconisations et des règles et le déconfinement représente la sortie du tunnel qui comporte également des exigences.

LDB : L’annonce du déconfinement signifierait que le Congo est sur la bonne voie ?

F.A. B : Le confinement a suscité des débats et des controverses à travers le monde, surtout pour ses effets induits ou adverses. Il a exposé au grand jour la fracture sociale par l’augmentation de la pauvreté et la précarité à cause du chômage à grande échelle avec comme corollaire l’arrêt des activités économiques ayant entrainé la baisse drastique des recettes de l’Etat.

La dernière allocution du Premier ministre prend complètement la mesure de la situation et justement il préconise une campagne massive de dépistage. Ce qui nécessite des moyens sur le plan technique, en ressources humaines et surtout une bonne organisation. C’est la condition sine qua non de la réussite du déconfinement.  Les modélisations donnent le pic, le plateau et la décroissance de la pandémie. D’où l’intérêt des tests à grande échelle pour éviter la vague de rebond épidémiologique, c’est-à-dire le phénomène de stop and go, c’est-à-dire confinement-déconfinement-reconfinement.

LDB :Pouvez-vous nous en dire davantage sur les tests ?

F.A.B : Il existe en effet deux tests, la PCR qui est le test de référence, et les tests serologiques qui viennent à peine d'être validés.  la PCR est le test d’amplification des acides nucléiques. Il permet par des procédés révolutionnaires d'identifier l'antigène, en quelques heures au maximun, au moyen de procédures établies de microbiologie. Avant la PCR, ce type de diagnostic nécessitait un prélèvement, ensemencement, la mise en étuve durant un à trente jours, selon les cas, notamment pour les germes à croissance difficile, afin d'identifier les cultures positives. La PCR répond à la question simple: présence ou absence du virus.

 En revanche les tests rapides ou tests sérologiques ont une approche diagnostique. Ces tests ne détectent pas la présence du virus, mais ils permettent de dire si oui ou non, un individu a été en contact avec le virus : ils sont basés sur la réaction antigène/ anticorps. L’antigène étant l’agent pathogène qui pénètre dans l’organisme et l’anticorps, la réaction de l’organisme face à l’agresseur.Le problème est que les anticorps n’apparaissent pas aussitôt. Il faut un certain temps à l’organisme pour fabriquer les anticorps. C’est ce qu’on appelle la réponse immunitaire. On peut porter le virus et être négatif au test sérologique car l’organisme n’aurait pas encore fabriqué les anticorps détectables.

Dans un autre cas, un test positif nous informe simplement que l’individu a été en contact avec le virus (que le virus soit actuellement présent ou pas). Ceci parce que le virus laisse sa mémoire immunologique sous forme d’anticorps IgG et IgM.Les tests sérologiques trouvent leur intérêt dans les études épidémiologiques dans l’espace et dans le temps.

LDB : Pensez-vous que le dépistage massif serait effectif dans la période définie par le Premier ministre ?

F.A.B : Pour réussir un dépistage massif, il faudrait idéalement définir un périmètre, du personnel suffisant, en qualité et en nombre. Cette décision stratégique consiste à choisir le pourcentage paramétrique de la population à tester.

 

 

Roger Ngombé

Légendes et crédits photo : 

Florent Aimé Bembé

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