Crise des matières premières : le malaise s’empare du système bancaire

Mardi 25 Octobre 2016 - 17:58

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Après l’installation d’un Comité d’administration provisoire à la Banque internationale pour l’Afrique au Congo (Biac) le 31 mai 2016, la Banque centrale du Congo (BCC) a pris la même mesure à l’encontre de la Mecreco, un réseau réunissant une vingtaine de coopératives disposant des points de service dans six provinces de la RDC. Comme pour la troisième banque du pays mise sous tutelle administrative, la BCC a initié également des poursuites judiciaires contre l’ancienne équipe dirigeante de la Mecreco pour des malversations signalées. Analysant profondément le phénomène à l’échelle africaine, les experts constatent une nette augmentation des banques en difficulté dans la région au cours de l’année 2016.

L’annonce de la mise sous tutelle administrative de la Mecreco et les poursuites engagées contre l’équipe dirigeante contribuent davantage à l’effritement de la confiance des Congolais en leur système financier. Depuis plus d’une semaine, il était impossible aux clients de cette coopérative d’accéder à leurs comptes à travers les différentes filiales dont celles qui sont implantées solidement dans l’est de la RDC. Dès son arrivée, l’équipe de la BCC a cherché à réunir toutes les informations financières possibles pour établir un diagnostic. Il s’agit, notamment, de définir l’importance de la crise de liquidité et de permettre aux clients désabusés de reprendre rapidement avec les opérations financières. Un plan de redressement de la coopérative devra être mis en oeuvre ainsi que des mesures supplémentaires annoncées dans les 45 jours après la mise sous tutelle, a-t-on appris d’une source indépendante.

Une pression à l'échelle africaine

La RDC n’est pas le seul pays africain où les banques éprouvent des difficultés depuis un certain temps. Des cas similaires sont signalés en Ouganda, avec la récente mise sous administration provisoire de la Crane Bank. Cette banque posséde une quarantaine d’agences opérant sur l’étendue de l'Ouganda. Elle a enregistré des pertes considérables au cours de l'exercice 2015. D’autres banques ont connu des difficultés considérables, notamment au Mozambique et au Nigéria. Prenant le Kenya, les difficultés d’Imperial Bank ont poussé le gouvernement kenyan à encourager un rapprochement des banques pour éviter de disparaître. Quant au gouvernement nigérian, il a invité les banques à trouver des solutions alternatives au renflouement de l’État. L’Angola, pour sa part, a connu un besoin de recapitalisation des banques estimé à plus de 4 milliards de dollars US. Il faut parler de la Zambie où il s'est posé avec acuité une urgence de venir en aide aux banques au cours des neuf premiers mois de 2016. L'on évoque également la hausse de l’encours des créances douteuses sur les bilans des quatre grosses banques sud-africaines. Comme quoi, l’Afrique est en train de s’interroger sur les perspectives d’avenir dans un secteur qui a connu une fulgurante ascension ces dernières années.

Réactions des expert

Il existe une explication à cette crise qui frappe durement les banques africaines. D'abord, expliquent les experts, l’Afrique au Sud du Sahara collecte l’essentiel de ses revenus de la vente des ressources naturelles. Avec la chute des cours mondiaux des matières premières, la région fait face à d’énormes défis économiques et monétaires. En effet, après des années de croissance galopante, la crise a stoppé un élan en Afrique. Et en perdurant de la sorte, les effets n’ont été que plus dévastateurs pour la région. Cela a entraîné une baisse des revenus, une hausse de l’inflation et une réduction des investissements.

Du côté congolais, l’on invite le gouvernement à réfléchir profondément sur la qualité de la croissance et, surtout, ses retombées sur le social. Le niveau de croissance doit se situer dans les deux chiffres et sur une longue période pour espérer en récolter les fruits. Sur le plan financier, cette croissance permettra un meilleur accès au crédit pour accroître les activités économiques. Au-delà, le pays doit arriver à maintenir la stabilité des principaux indicateurs macro-économiques dont le taux d’inflation et le taux de change.

Laurent Essolomwa

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