Crise sud-soudanaise: les belligérants réunis à Addis-Abeba

Jeudi 2 Mai 2019 - 13:43

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Les protagonistes se retrouvent du 2 au 3 mai dans la capitale éthiopienne, à l’appel du bloc régional est-africain Igad. Une réunion consacrée à l’avenir de l’accord de paix, actuellement dans l’impasse.

Le pouvoir et les rebelles sont appelés, à l’occasion, à surmonter leur différend en vue de l’application du document signé en décembre dernier. Celui-ci prévoyait une période de transition s’achevant le 12 mai, à l’issue de laquelle un gouvernement d’unité nationale devait être formé. Etant donné que la mise en œuvre du texte a pris beaucoup de retard, la présente rencontre s’avère celle de la dernière chance pour éviter de sombrer longuement dans un profond désaccord.

En attendant les conclusions de la rencontre pour que Riek Machar redevienne vice-président, selon les termes de l’accord, le gouvernement sud-soudanais a d’ores et déjà fait savoir qu’il est déterminé à ce que le calendrier initial soit respecté et entend faire porter la responsabilité d’un échec à la rébellion.

« Lors de cette réunion, nous aimerions que les parties s’accordent sur un délai, mais nous aimerions aussi voir que le gouvernement est déterminé politiquement et en termes de ressources à faire en sorte que les mesures prévues par l’accord soient mises en œuvre », a déclaré, de son côté, Kang Pal Chol, un haut responsable du SPLM-IO, le mouvement de Riek Machar. « Pour l’instant, nous pensons qu’un consensus se dégagera (…). Mais si tel n’était pas le cas, le SPLM-IO menace de se retirer de l’accord de paix », a-t-il ajouté.

Pour les pays de la « Troïka » (États-Unis, Royaume-Uni et Norvège), les deux parties doivent s’accorder pour éviter que le processus de paix soit une nouvelle fois capoté au Soudan du Sud. Washington, Londres et Olso ont, de ce fait, appelé les belligérants à trouver un compromis. « Toute décision sur la formation d’un gouvernement de transition comme prévu ou un report à une date ultérieure devrait être la conséquence d’un consensus entre les parties », ont estimé, dans un communiqué, ces pays, parrains historiques de l’indépendance du Soudan du Sud et importants bailleurs de fonds.

La Troïka a souligné que « si les parties conviennent par consensus qu’un délai est requis, elles devraient prévoir un plan réaliste pour résoudre les problèmes en suspens et avancer selon un calendrier défini ». Pour ce faire, elle a mis en garde contre un report sans échéance qui pourrait « ralentir la dynamique et mettre en danger les processus de paix ».

De sérieux problèmes attendent d’être réglés au Soudan du Sud, dont la sécurité à Juba, la capitale, et d’autres questions sensibles comme la création d’une armée nationale, le cantonnement des groupes armés ou le nombre d’États régionaux. Quant à la réunion qui se tient présentement à Addis-Abeba, elle est la troisième tentative du genre visant à faire travailler ensemble le président Salva Kiir et son ancien vice-président, Riek Machar, dont la rivalité a déclenché, en décembre 2013, une guerre civile qui a fait plus de trois cent quatre-vingt mille morts, et poussé plus de quatre millions de Sud-Soudanais, soit près d’un tiers de la population, à quitter leurs foyers.

Le Soudan du Sud est le plus jeune pays au monde, majoritairement chrétien, qui a obtenu son indépendance du Soudan, en 2011, après vingt-deux ans de conflit. Malgré son accession à la souveraineté nationale grâce à Salva Kiir et Riek Machar, anciens alliés pendant leur combat contre Khartoum, il avait basculé, dès décembre 2013, dans la guerre civile, amorcée par la rivalité entre l’actuel chef de l’Etat et celui qui est appelé à devenir son vice-président.

 

 

 

 

 

Nestor N'Gampoula

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