Denis Sassou N'Guesso et les forces vives du Pool: Désir partagé de paix à Kinkala

Dimanche 28 Juin 2015 - 17:00

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Le mot paix est revenu plusieurs fois dans la bouche de ses interlocuteurs et du président Denis Sassou N’Guesso lui-même, lors de la rencontre citoyenne qui a conclu son séjour de travail dans le district de Mindouli et à  Kinkala, chef-lieu du département du Pool, les 26 et 27 juin.

Dans la salle polyvalente du Collège de l’enseignement technique de Kinkala plus que saturée, presque chacune des personnes présentes habitant le département voulait prendre la parole pour s’adresser au chef de l’Etat. Un remue-ménage s’est créé obligeant le préfet, Jean Michel Sangha, à procéder à quelques arbitrages. La parole a été accordée à celles qui ont pu la prendre, Denis Sassou N’Guesso qu’entouraient, outre le préfet, les ministres de l’Intérieur, Raymond Zéphirin Mboulou et de l’Aménagement du territoire, Jean-Jacques Bouya, les a écoutées sereinement pendant deux heures.

« Je me félicite de revivre à Kinkala et dans le Pool, le climat de paix qui a prévalu durant les festivités de l’indépendance, le 15 août 2012 », commentait le président de la République en ouverture des échanges. Jean-Michel Sangha lui a emboîté le pas expliquant qu’en raison des violences qu’avaient endurées les filles et fils de son département, depuis, sublimées par la construction des infrastructures en vue d’assurer son développement, le seul désir partagé pour tous est que la paix règne à jamais dans cette partie du pays et sur l’ensemble du territoire national. Plusieurs autres intervenants ont abondé dans le même sens, certains appelant à la poursuite du désenclavement des treize districts que compte le Pool, d’autres invitant le président de la République à consolider la stabilité du pays à travers la réforme des institutions nationales.

Paix et développement

Ce désir de paix exprimé par les intervenants est aussi celui du développement lorsque l’on considère diverses doléances présentées au chef de l’Etat. Dans les domaines de la santé, de l’éducation, des pistes agricoles, des ponts, ces demandes sont venues  notamment des élus locaux ou représentants des districts de Boko, de Loumo, de Mindouli et de Ngabé. Sur ce dernier cas, il s’agit du projet de la route Mbé-Ngabé au départ de la Nationale 2, tandis qu’un délégué de Kindamba s’interrogeait lui sur le démarrage effectif des travaux de l’aéroport de cette localité .  « Toutes ces questions sont traitées dans le cadre du programme du gouvernement » a répondu le président de la République qui exhibait un document récapitulant l’ensemble des engagements pris par l’Exécutif dans le cadre de la municipalisation accélérée du Pool. Denis Sassou N’Guesso a ajouté que le programme de construction du pays n’est pas uniquement dicté par la municipalisation accélérée car celle-ci n’empiète pas sur la réalisation d’autres projets structurants dans le pays. Il a reconnu que tout ceci s’exécute normalement en dépit des difficultés réelles qu’il ne faut pas éluder.

Les-Ex Ninjas s’expriment

« Nous ne voulons plus servir de marchepieds aux fauteurs de guerre », a déclaré en substance le porte-parole des ex-combattants Ninjas impliqués dans la guerre de 1998. Dans la déclaration qu’il présentait au nom de ses collègues, Saturnin Tambiki a rappelé la signature des accords de cessez-le-feu et de cessation des hostilités le 29 décembre 1999 à Brazzaville. «  Nous ne trahirons pas notre engagement en faveur de la paix et prions tous ceux qui veulent du fauteuil présidentiel d’aller le prendre au palais du peuple, lieu très connu de tout le monde à Brazzaville, et non de venir instrumentaliser les jeunes dans le Pool ».

Très acclamé à la fin de son intervention, il a remis la copie de son document au chef de l’Etat : «  Je garderais précieusement cette déclaration rendue devant témoin dans mes archives », faisait Denis Sassou N’Guesso en la présentant au public et qualifiant l’acte du porte-parole des ex-combattants ninjas de pathétique. « Il n’y a que ceux qui sont blessés à la langue qui connaissent la saveur du sang » a-t-il souligné. Il a poursuivi en disant qu’il tient cet adage des ex-combattants venus de plusieurs coins du Congo, qu’il avait reçus en audience à Brazzaville après la fin des hostilités, qui lui expliquaient leur renoncement aux violences du fait des peines qu’ils avaient subies durant la guerre.

Autres points forts

Autant l’intervention du porte-parole avait marqué les esprits au cours de la rencontre citoyenne de Kinkala, autant la question politique, entendue comme la gestion et le fonctionnement des formations créées pour la conquête du pouvoir, est apparue sensible durant ces échanges. « Monsieur le président, le Pool n’est pas la propriété privée de quelqu’un, nul n’a le titre foncier qui lui donne droit de considérer les habitants du Pool comme sa propriété », a-t-on noté chez certains intervenants. Ils semblaient s’en prendre, sans le dire clairement aux leaders politiques natifs de leurs départements, qui prétendraient avoir conclu des pactes pour le pouvoir et seraient prêts «  à verser le sang des innocents pour cela ». Tant que ce n’est pas dit clairement l’interprétation doit s’arrêter là, sans que l’on interdise aux uns et aux autres de faire leur autocritique, pourrait-on dire.

C’est dans le même ordre d’idées que pour répondre à un participant qui évoquait les coalitions politiques, le président de la République a rappelé l’alliance tissée entre l’URD et les FDU, (MCDDI-RDPS-PCT en 1992) « socle de l’unité nationale » disait-on alors, qui pour le chef de l’Etat n’a jamais été dénoncée. «  Alors, malheur à ceux qui prendraient la responsabilité de la détruire ». Débats d’actualité, le changement de la constitution et le dialogue inclusif ont été évoqués par certains intervenants. A ceux dont le dessein est de replonger le Congo dans les violences, Denis Sassou N’Guesso leur a demandé en quelque sorte de sortir du bois, de se montrer que le peuple les regarde distinctement. Il a rappelé pour conclure son propos que les Congolais doivent s’asseoir et se parler, régler ensemble les problèmes de leur pays, car ce ne seront pas les autres qui le feront à leur place.

Déclaration des ex-combattants Ninjas, lue par leur porte-parole, Saturnin Tambiki, à l’occasion de la visite de travail du président de la République, Denis Sassou N’Guesso, dans le département du Pool.

« Le peuple congolais est très heureux de constater que le président Denis Sassou N’Guesso a ramené la paix sur l’ensemble du territoire national. Les populations du département du Pool lui expriment, particulièrement, leur reconnaissance, parce que ce département a tellement souffert des guerres successives en 1993-1994, en 1997 et en 1998. Aujourd’hui, la paix règne dans le Pool. Et, il est hors de question que cette paix soit remise en cause. Si, hier les fauteurs de guerre ont manipulé la jeunesse, aujourd’hui la jeunesse s’oppose et s’opposera fermement à toutes les manœuvres visant à entraîner la guerre avec son cortège de misères et de malheur dans notre département. Nous, ex-combattants, qui avions fait le choix définitif de la paix, nous dénoncerons et combattrons les ennemis de la paix, qui sont, en fait, les ennemis du Congo.

Au sujet actuel sur le changement ou non de la Constitution du 20 janvier 2002, nous disons que cette constitution adoptée après la guerre de 1997, a rempli son rôle, en pacifiant le pays, en restaurant l’autorité de l’Etat et en créant les conditions nécessaires à la reconstruction du pays. Il est temps maintenant que le peuple congolais se donne des nouveaux objectifs pour réussir son émergence d’ici à  2025. Une nouvelle constitution est nécessaire pour donner naissance à la nouvelle République que nous attendons tous de nos vœux.

Nous accompagnerons le Président Denis Sassou N’Guesso dans sa farouche volonté de sortir le Congo du sous-développement et d’édifier un Congo nouveau, où il fera bon-vivre et où la jeunesse pourra s’épanouir. Pour terminer, Monsieur le président, les ex-combattants ne seront plus manipulés dans le département du Pool. Ils ne seront plus les instruments d’accession des gens au pouvoir. Celui qui trouve que l’heure est venue pour lui de prendre votre fauteuil, qu’il ne cantonne pas ses troupes dans le département du Pool, sinon  au contraire, il doit les amener directement à la résidence du Plateau. »

Gankama N'Siah

Légendes et crédits photo : 

1- le chef de l'Etat entouré des deux ministres et du préfet du Pool 2- les participants à la rencontres citoyenne 3- Le représentant des ex-combattants rendant leur déclaration, crédit Adiac

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