Dialogue : des pressions pour plus d’inclusivité

Mardi 27 Septembre 2016 - 18:20

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L’Union africaine, l’Organisation des Nations unies et l’Union européenne exigent l’organisation d’un dialogue « inclusif » avec toutes les parties prenantes.

Les travaux n’ont toujours pas repris à la Cité de l’Union africaine depuis les tristes évènements du 19 et 20 septembre survenus à Kinshasa sur fond de violence extrême. En l’absence de l‘opposition ayant décidé de marquer un temps d’arrêt pour cause de recueillement en mémoire des victimes, des évêques catholiques et une belle brochette des ONG de la société civile, Edem Kodjo se retrouve bien seul dans un forum qui a viré au monologue entre membres de la majorité. La suspension de fait des travaux, alors que le draft de l’accord politique en gestation attend des amendements nécessaires, est un signe qui ne trompe pas. L’on est de plain- pied dans une nouvelle impasse et la reprise des travaux n’est pas pour demain tant que certaines revendications posées par l’opposition pro et antidialogue n’auront pas trouvé de réponse.

Délai court et une date claire pour l’organisation de la présidentielle, certitude que Joseph Kabila ne briguera pas de nouveau mandat et recomposition de la Céni. Ces exigences de l’opposition pilotée par Vital Kamerhe imbriquées avec celles du Rassemblement qui continue à réclamer le remplacement du facilitateur, la fin des poursuites judiciaires contre Moise Katumbi et la libération des prisonniers politiques se présentent comme une pilule difficile à avaler par la majorité. Cette dernière tient ces revendications pour inacceptables. Elle estime avoir déjà trop concédé à l’opposition radicale qui ne lui rend toujours pas l’ascenseur en acceptant de participer au dialogue. Figés sur leurs positions, les deux camps ne veulent visiblement plus rien lâcher. D’où l’entrée en lice de l’Union africaine, de l’Organisation des Nations unies et de l’Union européenne dont les délégués multiplient, depuis le début de la semaine, des contacts avec les parties prenantes. Objectif : relancer la dynamique du dialogue actuellement au point mort.

Saïd Djinnit pour remplacer Kodjo

Les consultations se poursuivent. Le discours de ces représentants de la communauté internationale envers leurs interlocuteurs gravite essentiellement autour de la nécessité d’un dialogue inclusif impliquant toutes les forces politiques et sociales du pays. « Les groupes politiques qui ne font pas partie des négociations en cours sont invités à jouer un rôle plus constructif en vue de contribuer à la tenue d’élections crédibles le plus tôt possible », martèlent les représentants de la communauté internationale qui, déjà, semblent tourner la page du dialogue made in Kodjo. Sans ambages, les ambassadeurs des pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU ainsi que la délégation de l’Union européenne à Kinshasa qui ont rencontré dernièrement le facilitateur, l’ont enjoint à clôturer son dialogue tout en insistant sur l’organisation d’un autre de large consensus. Un deuxième round du dialogue est donc attendu avec pour principaux protagonistes, d’un côté la majorité présidentielle et alliés et, de l’autre, l’UDPS et ses alliés du Rassemblement.   

L’audience, d’après des sources, aurait revêtu les accents d’une cérémonie d’adieu sur fond de remerciement pour le travail abattu, lequel appelle inévitablement un nouveau souffle. Entre-temps, l’idée d’un nouveau facilitateur fait du chemin. L’option de remplacer Edem Kodjo jugé trop « proche du pouvoir », selon le Rassemblement, serait déjà levée par les grandes capitales occidentales qui s’accorderaient sur le choix de l'envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour la région des Grands lacs, Saïd Djinnit.

Une proposition que l’UDPS et ses alliés sont tenus d’avaliser. En attendant, d’autres noms circulent pour conduire éventuellement la facilitation à l’instar de Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations unies ou Joaquim Chissano, l’ex-président mozambicain. Cependant, n’écoutant que la voix de sa raison, Edem Kodjo continue, de son côté, de faire fi de toutes ces tractations multipliant des contacts en prévision de la reprise des travaux suspendus. Une chose est au moins sûre, c’est que ses jours sont comptés.   

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Edem Kodjo et le groupe international d'accompagnement à la facilitation

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