Droits humains : des sujets étrangers devant la Cour criminelle pour trafic d’enfants

Mardi 4 Août 2020 - 14:15

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Accusés de trafiquer les mineurs venant de leur pays pour les faire travailler en terre congolaise, quatre commerçants béninois dont un homme et trois femmes répondent de leurs actes devant la justice.

Pauline Houessou, coiffeuse au marché Poto-Poto, et ses coaccusés ont plaidé non coupables. A l’ouverture du procès le 3 août, à la barre, ils n’ont, en effet pas reconnu les faits mis à leur charge. L’acte d’accusation souligne que ces derniers ont fait venir du Benin dix filles mineures privées de scolarité, soumises aux corvées dans les marchés et à leurs domiciles.

« Ces enfants viennent pour apprendre des métiers, afin d’être en mesure de se prendre charge demain et aider leurs parents », a rétorqué l’accusée Pauline Houessou.

Pratique punie par la loi

« La présente loi s’applique à toutes les formes de traite de personnes qu’elles soient de nature nationale ou transnationale ou qu’elles soient ou non liées à la criminalité organisée », souligne l’article 2, de la loi n°22-2019 du 17 juin 2019 portant lutte contre la traite des personnes. Depuis l’adoption de cette loi l’année passée, ce procès est le premier du genre.  Cette loi donne, en effet, aux juridictions congolaises la compétence pour connaître de tous les faits de traite des personnes commis par un ressortissant congolais ou à l’encontre d’un ressortissant congolais ou à l’encontre d’une personne résidant en République du Congo.

Sujet délicat

Parmi les accusés figurent certains qui sont eux-mêmes arrivés au Congo mineurs travaillant dans les commerces de leurs compatriotes qui les ont fait venir jusqu’à devenir indépendants et voler de leurs propres ailes. « Je suis arrivé au Congo à l’âge de treize ans. Je travaillais auprès de la maman qui m’a fait venir. Je n’étais pas payé parce que j’apprenais le commerce auprès d’elle », a expliqué l’unique homme parmi les accusés, la trentaine révolue.

Visiblement, la pratique est ancrée dans les traditions. A entendre les accusés, qui ont eux-mêmes subi les mêmes sorts, il parait normal de faire venir les enfants qui ne font rien dans leur pays pour qu’ils apprennent tel ou tel métier afin de réussir leur entrée dans la vie active. Ils ne paient pas ces enfants, parce qu’ils sont à leur charge et ceux-ci ne paient pas pour apprendre. Les accusés jouissent de la présomption d'innocence car le procès se poursuit encore.

Vulgarisation

Les autorités congolaises ainsi que les chancelleries accréditées au Congo devraient travailler d’arrache-pied pour intensifier la sensibilisation aux traités internationaux interdisant la traite des personnes y compris la loi adoptée par le Parlement congolais visant à lutter contre le fléau sur son sol.

 

Rominique Makaya

Légendes et crédits photo : 

Les accusés en compagnie de leurs avocats

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