Edification de l'Etat de droit : les habitants de Matete sensibilisés à la procédure judiciaire

Mercredi 29 Août 2018 - 17:45

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L'activité qui rentre dans le cadre du projet Dialogue social développé par le Centre pour l’élevage, la transformation et l’agriculture, a concerné les leaders d’opinion ainsi que des personnes de tous âges habitant la municipalité.

Une centaine des Kinois, tous âges confondus, habitant la commune de Matete, a pris part, le 29 août, dans la salle polyvalente de la maison communale, à une matinée d’échange dans le cadre du deuxième forum des associations de cette commune. La campagne de sensibilisation à la procédure judiciaire appliquée dans les commissariats et sous commissariats de la municipalité, organisée par le Centre pour l’élevage, la transformation et l’agriculture (Celtrag), avec l’appui de la Fondation Hanns Seidel, avait comme objectif d’envisager des solutions aux problèmes posées par la population.

Le contenu de cette activité a été dicté, selon le secrétaire exécutif du Celtrag, Félicien Mbanghi Kassombo, par des plaintes de la population sur la brutalité policière lors des arrestations. « Nous visons, dans cet exercice, l’humanisation des cas d’arrestation opérés par les éléments de la police nationale congolaise », a-t-il expliqué.

Une activité qui vaut son pesant d’or

Pour atteindre cet objectif visant à informer la population de ses droits et devoirs, notamment face au travail de la police et ses agissements, les organisateurs de la matinée d’échange ont proposé trois exposés qui ont conduit à une interaction entre le panel d’intervenants et les participants.

Le premier exposé, sur le thème « Quelles sont les procédures de poursuite et d’incarcération appliquées par les commissariats et sous-commissariats ? », a été fait par le commissaire principal en charge des opérations et renseignements, Richard Moleka, représentant le commissaire de police de la commune de Matete. Le deuxième, sur « Les mesures prises par l’autorité communale pour veiller au respect de la procédure judiciaire en cas d’arrestation », a été présenté par le chef de bureau, représentant le bourgmestre de la commune de Matete, Bayllon Thierry Gaibene. Le dernier, sur les « Pistes de solutions pour des conditions minimales d’humanisation des procédures de poursuite et d’incarcération », a été développé par Me Mado Sylvie Zola, avocate près le barreau de Matete.

Dans son intervention divisée en trois volets, le chef de bureau de la commune de Matete a décliné les devoirs et responsabilités de l’autorité municipale, notant que cette dernière était un maillon de l’administration de la justice dans sa juridiction. Pour sa part, après avoir relevé que la loi avait clairement établi les responsabilités de l’autorité municipale en cette matière , le représentant du bourgmestre de Matete a appelé au civisme en vue de faciliter l’administration de la justice dans cette municipalité. « La mise en œuvre d’une véritable territoriale requiert le respect des lois par tous », a-t-il dit.

Prenant la parole, le commissaire principal, Moleka, a noté que la police, à Matete comme dans tout le pays, travaille sous la loi. Il a indiqué que pour faire son travail, la police avait également besoin de l’apport de la population ainsi que des structures étatiques et sociales de cette commune. C’est dans cette optique qu’il a exhorté à une collaboration étroite entre la population et la police. Il a également établi les responsabilités, dans les différents comportements reprochés aux éléments de la police. A l’en croire, la police fait son travail mais certains comportements décriés sont commandés par les agissements de la population envers les éléments de maintien de l’ordre commis sur le terrain. Invitant la population à dénoncer de mauvais comportements des policiers ou tout autre acte incivique, le commissaire a donné le numéro de téléphone de son supérieur et les siens, précisant qu’ils étaient ouverts à tout moment de la journée ou de la nuit.

De son côté Me Mado Zola a commencé par recadrer et circonscrire le thème de cette conférence, en soulignant qu’au niveau de la police, l'on parle plutôt de la procédure pré-juridictionnelle et que la procédure judiciaire, c’est au parquet.

Allant dans le concret, la juriste a donné à l'auditoire des éléments pour obtenir de la police le respect de ses droits. La connaissance de ces éléments, a-t-elle dit, fera que les droits des citoyens soient respectés lors des arrestations. Tout en déplorant la procédure de mise dans les offices de la police, Me Mado Sylvie Zola a fait savoir que la Constitution et d’autres lois de la République déterminent clairement les responsabilités des officiers de police judiciaire ainsi que la procédure à suivre dans l’exercice de leur mission. « La Constitution et d’autres lois de la République nous garantissent les bonnes conditions d’interpellation et d’incarcération », a dit la juriste, expliquant à l’assistance certaines notions telles que la présomption d’innocence, le secret de l’instruction. « Je ne vous appelle pas au soulèvement mais il faut aider la police à mieux faire son travail », a-t-elle insisté, décriant la procédure telle qu’appliquée par la police lors des interpellations ou pendant des incarcérations.

Au cours de l’interaction, les participants, qui ont souligné la nécessité de ce genre d’exercice, se sont dit heureux d’apporter leur pierre dans l’édification de l’Etat de droit et ont admis avoir beaucoup appris lors de cette séance.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photo 1: Le secrétaire exécutif de Celtrag, Me Mado Sylvie Zola et le chef de bureau de la commune de Matete / Adiac Photo 2: Les participants à la campagne / Adiac Photo 3: Le Commissaire principal Moleka, lors de son intervention/ Adiac

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