Education : la pratique de la fessée ne fait pas l’unanimité

Jeudi 30 Janvier 2020 - 20:34

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La fessée, considérée comme moyen de discipline chez les enfants, ne fait toujours pas l’unanimité. Pour certains spécialistes de l’enfance, ces pratiques n’ont aucune performance éducative. Elles peuvent d’ailleurs s’avérer dangereuses pour le développement et l’avenir de l’enfant. Une opinion que beaucoup de parents ne partagent pas, vu qu’ils la considèrent comme une bonne pratique pour discipliner les enfants. Pour ou contre la fessée, parents et pédagogues nous renseignent sur le sujet.

« Je plaignais les mamans qui tapaient leurs enfants quand ils faisaient des bêtises. Aujourd’hui, je suis mère deux  garçons. Je vous assure que je les tape presque tous les jours car j’ai le gosier sec à force de crier, des maux de tête », lance d’emblée Keba Joséphine, la quarantaine révolue, qui utilise la fessée comme un moyen pour punir ses deux enfants. « Donner des fessées à ses enfants en signe de correction n’est pas une forme de maltraitance.  Et je pense qu’après moult explications, si l’enfant ne comprend pas, une bonne fessée peut parfois lui remettre les idées en place. Mais il y beaucoup de paramètres à prendre en compte dont la personnalité et l’âge de l’enfant », avance Kiadi Louise instructrice qui dit avoir recours à cette pratique au sein de son foyer.

Le sujet sur « les violences éducatives ordinaires » est régulièrement débattu pour sensibiliser aux conséquences de ces gestes. Et au Congo, l’Unicef veille au grain en mettant en lumière les lois prises au niveau des institutions internationales pour éradiquer cette pratique. A la question, est-il possible d’éduquer sans avoir recours à la fessée ? Marius Biyekele, ancien agent de l’Unicef admis à la retraite, est plus que claire à ce sujet. « L’enfant est une bombe. Pas encadré, il va à la dérive. Mais l’encadrement des enfants ne passe pas nécessairement par la fessée ou autres formes de punitions corporelles.  La bonne façon d’éduquer un enfant est de lui parler », a fait savoir ce dernier qui pense que les punitions physiques vis-à-vis de l’enfant ne font qu’augmenter son agressivité. 

Procéder autrement au lieu d'avoir recours aux violences éducatives ordinaires 

La Charte africain des droits et du bien-être de l’enfant, adoptée en 1990 par tous les pays africains, condamne ces pratiques traditionnelles. Elle est tout de même foulée aux pieds puisque beaucoup de parents ont recours à cette pratique. C’est le cas de Ghislain Moyo, père de trois filles et un garçon. « Je me rappelle que, dans mon enfance, ma mère avait une courroie qu’elle avait surnommée le Djombéla qu’elle sortait quand on commettait des bêtises. Aujourd’hui, je suis cadre dans une boite de la place et cela ne m’a pas affecté. je pense même que cette pratique a fait de nous ce que nous sommes aujourd’hui », a-t-il expliqué.

 Gertricia Mavanga a, quant à elle, opté pour les intimidations. « Avec le temps, j’ai compris que je n’avais plus besoin de lever la main. Il suffit d’un regard ou juste de tonner un peu la voix et le tour est joué. Sinon, je frappe la spatule de foufou sur le fauteuil et ce bruit les tient calmes instantanément. Mais je ne sais pas combien de temps ça va durer, vu que le plus petit commence à faire de la résistance », a-t-elle dit. Enfin, Mizonza Gertrude, ancienne institutrice à la retraite, campe sur sa devise.« Un enfant a besoin d’orientations. Même en Europe, certains parents ont recours à cette pratique. Super Nany n’est pas une Congolaise à ma connaissance », a déclaré l’instructrice qui affirme avoir grandi dans cette ambiance et n’est pas pour autant affectée ou traumatisée. 

Berna Marty

Légendes et crédits photo : 

Une mère donnant une fessée à son garçon /DR

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