Election à la Francophonie : Louise Mushikiwabo défie Michaëlle Jean

Mardi 9 Octobre 2018 - 14:30

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La ministre rwandaise des Affaires étrangères veut succéder à la Canadienne à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), alors que cette dernière voudrait briguer un second mandat. Les deux femmes vont être départagées lors du XVIIe sommet de cet espace qui se tiendra du 11 au 12 octobre à Erevan, en Arménie. 

La rencontre de deux jours placée sur le thème « Vivre-ensemble » sera, entre autres, l’occasion pour les chefs d’État et de gouvernement de l’OIF de choisir la prochaine dirigeante de l’organisation. La tradition veut que ce choix soit fait par consensus plutôt que par vote formel.

En attendant de connaître celle qui aura dorénavant la charge de diriger la Francophonie, il convient de noter que Louise Mushikiwabo est soutenue par l’Afrique. Le continent veut récupérer le poste de secrétaire général, estimant que la majorité des francophones du monde vit sur son sol.

En clair, il faut noter que les pays africains, qui formeront une bonne partie de la quarantaine des dirigeants présents à Erevan, sont plus majoritaires au sein de l’OIF (vingt-sept sur cinquante-quatre membres ayant droit de vote). Avec l’Union africaine - dirigée par le Rwanda cette année -, ces pays vont apporter leur soutien à l’actuelle cheffe de la diplomatie rwandaise qui jouit aussi d’un soutien appuyé de la part du président français, Emmanuel Macron.

De son côté, Michaëlle Jean bénéficie du soutien du Québec et du Canada qui ont d’ores et déjà demandé plus de transparence dans la gestion de l’OIF. La secrétaire générale sortante défend déjà son bilan et assure avoir « positionné la Francophonie sur l’échiquier multilatéral », tout en mettant en avant son « africanité ». « Je suis Haïtienne et Canadienne afrodescendante », a-t-elle répété devant des journalistes, dénonçant des « campagnes diffamatoires » et des attaques d’une partie de la presse québécoise qui l’accuse de mener un « train de vie extravagant » après des travaux réalisés par l’OIF dans sa résidence officielle.

Selon des sources proches de l’OIF, la course pour sa direction « s’annonce très difficile » pour Michaëlle Jean, dont les appuis se comptent sur « les doigts d’une main ».

En ce qui concerne Louise Mushikiwabo, plusieurs analystes estiment qu’elle va l’emporter pour plusieurs raisons. C’est, d'ailleurs, ce que pense le secrétaire d’Etat français en charge de la Francophonie, Jean-Baptiste Lemoyne, qui a assuré : « Le centre de gravité de la francophonie aujourd’hui est en Afrique (…). La France se rallie à une candidature qui est portée par un continent tout entier ». Pour leur part, dans une tribune au quotidien français "Le Monde", Charles Josselin, Pierre-André Wiltzer, Hélène Conway-Mouret et André Vallini, quatre anciens ministres français chargés de la francophonie, écrivaient à la mi-septembre.« Y a-t-il au monde un pays moins bien placé que le Rwanda pour prétendre présider aux destinées de la francophonie linguistique ? Sans doute pas ». 

Malgré tous les soutiens annoncés, la candidature rwandaise est critiquée dans certains milieux pour la simple raison que Kigali a remplacé, en 2008, le français par l’anglais comme langue obligatoire à l’école puis a rejoint le Commonwealth, un an plus tard.

De plus, c’est en anglais que le président rwandais, Paul Kagame, avait annoncé la candidature de Louise Mushikiwabo. Mais dans l’entourage d’Emmanuel Macron, l’on souligne que le plurilinguisme du Rwanda, loin d’être un handicap, « illustre parfaitement » la politique inclusive du président français qui veut défendre le français sans l’opposer aux autres langues.

Loin de s’arrêter à la langue, les détracteurs de la candidature rwandaise ne veulent pas que le choix de l’OIF porte sur elle, au motif que les autorités rwandaises ne respectent pas les droits de l’homme. Le Rwanda pratique « censure, menaces, arrestations, violences, assassinats » contre les journalistes qui osent dénoncer l’autoritarisme de ses dirigeants, a récemment dénoncé Reporters sans frontières.

Rappelons que les deux premiers secrétaires généraux de la Francophonie étaient originaires d’Afrique, notamment   l’Egyptien Boutrous Boutros-Ghali et le Sénégalais Abdou Diouf.

 

 

 

 

Portraits des deux candidates

Louise Mushikiwabo

Née le 22 mai 1961 à Kigali, elle a fait ses études à l’université du Rwanda à Butare, où elle a obtenu un diplôme d’anglais en 1984. En 1990, elle quitta son pays pour les Etats-Unis. Bilingue, mariée à un Américain, elle reviendra dans son pays en 2008. Louise Mushikiwabo fait son entrée en politique et sera nommée ministre de l’Information par le président Paul Kagame, avant de décrocher le porte-feuille des Affaires étrangères en décembre 2009. Cette femme qui veut succéder à Michaëlle Jean aux fonctions de secrétaire générale de l’OIF avait annoncé sa candidature à ce poste en 2018.

Michaëlle Jean

Cette Canadienne d’origine haïtienne est née le 6 septembre à Port-au-Prince (Haïti). Femme d’Etat, diplomate, animatrice de télévision et journaliste, elle a occupé les fonctions de gouverneure générale du Canada, notamment de décembre 2005 à septembre 2010. Polyglotte, elle parle cinq langues : français, anglais, espagnol, italien et créole haïtien.

La secrétaire générale sortante de l’OIF a été désignée à ce poste le 30 novembre lors du XVe sommet de la Francophonie à Dakar, au Sénégal, devenant ainsi la première femme à l'occuper.

Nestor N'Gampoula

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