Enjeux politiques : controverse sur les récentes déclarations du président Tshisekedi

Mercredi 22 Janvier 2020 - 18:20

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Des personnalités politiques ont dénoncé toute tentative de dissoudre l’Assemblée nationale.

Après avoir brandit la menace d’une éventuelle remise en cause des résultats des élections sénatoriales, l’an passé, et fustigé les conditions des élections des sénateurs, le président de la République a récemment évoqué la possibilité de la dissolution de l’Assemblée nationale. Cette déclaration qui continue à alimenter la chronique en République démocratique du Congo suscite un autre débat sur la capacité réelle du pouvoir en place à organiser des élections législatives anticipées dans les six mois à venir, en cas de dissolution, alors que l’opinion attend la tenue des élections locales depuis 2006.

De part et d’autres, la controverse ne cesse de gagner du terrain par médias interposés. Pour cause, la question aurait été soulevée lors des échanges entre le chef de l’Etat, les présidents du Sénat et de l’Assemblée Nationale, le 13 janvier. Cela explique la vive réaction de la présidente de l’Assemblée nationale, Jeannine Mabunda, lors de sa récente sortie médiatique. Notons que les deux chambres du Parlement sont à coloration Front commun pour le Congo (FCC) et donc que leurs principaux animateurs sont issus de la même formation politique.       

Des analystes estiment que la matérialisation de la déclaration du chef de l’Etat est soumise à plusieurs contraintes d’ordre politique, juridique et financière. Sur un plan purement politique, la dissolution de l’Assemblée nationale marquera la fin de la cohabitation avec le FCC dont les conséquences seront immédiatement ressenties au Sénat et, surtout, au sein du gouvernement, sans oublier les Assemblée provinciales. L’ensemble du système politique congolais pourrait en être ébranlé. Il va donc falloir réfléchir sur les moyens d’éviter une nouvelle crise politique qui anéantirait les efforts fournis sur les fronts social et sécuritaire.

D’un point de vue juridique, note-t-on, il sera important de remporter la bataille juridique que suscite déjà la déclaration du chef de l’Etat. Faute de quoi, le pays risque de reculer de plusieurs décennies pour retomber dans les travers qui ont causé sa déchéance autrefois. Le juridisme qui va élire domicile au pays ne fera que mettre l’eau aux moulins des camps politiques opposés au point de reléguer au second plan des aspects non moins essentiels.

Le défi financier consistera à réunir près d’un demi-million de dollars américains en un temps record (moins de six mois) pour organiser les élections législatives de manière anticipée. Un défi qui s’avère difficile à relever au regard des priorités du pays et, surtout, des attentes des uns et des autres quant à la poursuite du processus électoral. Sauf si les finances sont mobilisées et que des directives sont clairement données à la Commission électorale nationale indépendante pour des scrutins combinés législatives-locales. Pour l’heure, la voie du dialogue semble être privilégiée par les acteurs politiques de la coalition au pouvoir pour autant que rien ne permet de garantir que la dissolution de l’Assemblée nationale est la solution idéale au blocage constaté au sein du gouvernement.

Jeannot Kayuba

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