Ethiopie : les violences imputées aux « ennemis extérieurs »

Mardi 11 Octobre 2016 - 14:04

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

L'Ethiopie a accusé l'Egypte et l'Erythrée d'être à l'origine des violences sur son territoire, depuis un quart de siècle.

« Il y a une menace renouvelée venant de différentes directions, des ennemis extérieurs, qui sont déterminés à détruire le pays tout entier. Ces éléments anti-éthiopiens utilisent les manifestants pour remettre en cause toutes les réussites de l'Ethiopie ces 15 ou 20 dernières années », a déclaré le ministre de la Communication, Getachew Reda.

L'Ethiopie est actuellement en proie à un mouvement de contestations antigouvernementales, commencé en région Oromo (centre et ouest) en novembre 2015, et s'est étendu depuis l'été à la région Amhara (nord). La répression menée par le gouvernement a fait plus de 500 morts, selon les organisations de défense des droits de l'Homme.

Cette révolte est sans précédent, depuis la chute de la dictature communiste de Mengistu Hailé Mariam en 1991, renversé par le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), aujourd'hui accusé de monopoliser les postes-clés au sein du pouvoir. Getachew Reda, aussi porte-parole du gouvernement, a pointé du doigt l'ennemi traditionnel: l'Erythrée et l'Egypte, leur reprochant d'orchestrer les troubles. Il a accusé l'Egypte de financer et d'entraîner militairement le Front de libération Oromo (OLF), un mouvement rebelle indépendantiste, qualifié par le gouvernement éthiopien de groupe terroriste.

Le ministère égyptien des Affaires étrangères a réagi, en affirmant le « respect absolu » de son pays pour la souveraineté de l'Ethiopie. Getachew Reda s'en est également pris à l'Erythrée: « Le gouvernement érythréen a infiltré toutes sortes de terroristes" dans le nord de l'Ethiopie », a-t-il affirmé.

L'Erythrée a obtenu son indépendance de l'Ethiopie en 1991 après trois décennies de guerre. Une nouvelle guerre les a opposés de 1998 à 2000. Depuis, les deux voisins s'accusent mutuellement de tentatives de déstabilisation, en soutenant des mouvements rebelles. Les autorités éthiopiennes n'ont toutefois divulgué aucun élément permettant d'accréditer leurs accusations.

Les violences ont redoublé la semaine passée après la mort, le 2 octobre, d'au moins 55 personnes selon le bilan officiel, lors du festival religieux oromo Ireecha à Bishoftu (centre). Le drame, causant une vive émotion dans la communauté oromo, a été provoqué par une bousculade déclenchée par des tirs de gaz lacrymogènes par la police. Les manifestations de la semaine écoulée, qui ont visé des intérêts étrangers et des bâtiments publics jusqu'à la périphérie d'Addis Abeba, ont poussé le gouvernement à décréter dimanche l'état d'urgence pour six mois.

Josiane Mambou Loukoula

Notification: 

Non