Exposition : « Divine », une création de Pierre Man’s

Lundi 28 Décembre 2020 - 17:01

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En séjour à Brazzaville, l’artiste performeuse et photographe congolaise Pierre Man’s expose aux ateliers Sahm une installation dénommée « Divine ». L’œuvre peint les maux de la femme devenus comme une norme dans la société.

On n’est jamais mieux servi que par soi-même ! Un principe que Pierre Man’s applique bien à travers les photographies de son installation, où comme une divinité dans une mythologie, elle apparait dénudée, pomme à la main, longues tresses écarlates et tombantes, lui servant de corsage, auxquelles elle y met sa touche particulière. Elle s'exhibe, elle se cache, elle s'exprime, elle dénonce et elle choque-même, mais elle souhaite par-dessus interpeller la société sur le fait que la femme est « Divine ».

Les cheveux, symbole d’une vie, d’une identité, d’une lutte, de l’intimité, parcourent l’ensemble de l’exposition dans une couleur frappante, à savoir le rouge. A ce cheminement artistique s’ajoutent la pomme perçue comme l’image de la connaissance interdite dans les saintes écritures chrétiennes ou l’expression d’une démonstration d’amour au même titre que la rose dans la mythologie gréco-romaine, sans oublier les fragments de glaces faisant effet d’un puzzle et un reflet sur les images placardées au mur.

Au cœur de la salle où est installée l’exposition, se trouve un cube sous la forme d’une boîte ouverte qui occupe considérablement l’espace. Présenté à l’image d’un mur de lamentation, l’installation interroge de manière critique les photographies. Sur ces faces, on peut lire des offenses que subissent la femme telles sale, chétif, moche, ventre, laide, obèse, avorter, violence, grossesse, souffrance, etc.

Au regard des clichés infligés par la société, Pierre Man’s appelle les femmes ayant perdu leur dignité et estime à ne pas se taire mais à se relever, à chercher de l’aide et à continuer de vivre. Pour ce faire, elle traduit cet appel par des mots comme non, liberté, extase, sexologue, vibrante, vivre, attirante, purification, respect, vertu, élévation, échange, parole, sagesse, résilience…

Pour elle, il n’est plus question que la femme continue de vivre dans la peur, le traumatisme ou la prison des épreuves passées. « Elle est belle, forte, douce, aimante. Elle procure du plaisir et donne la vie. Par conséquent, elle mérite le respect », partage-t-elle à travers ses murs de lamentations.

Ainsi, loin de susciter le beau, qui demeure une notion subjective, « Divine » expose le mal infligé à la femme qui est devenu presque une norme dans la société actuelle. Elle est une performance dénonciatrice des clichés féminins, du sexisme et du laxisme de l’entourage. « Toutes mes félicitations à l’artiste Pierre Man’s pour son travail très dénonciateur et instructif en lien avec les maux que subissent les femmes », a déclaré Khris Kangou.

Pour le critique d’art, slameur et performeur congolais, Thales Zokene, « Divine » est aussi « un hymne à la femme décomplexée, la femme qui croque avec hardiesse la vie à pleines dents, la femme à l’ébène satinée qui doit s’extraire de l’ombre et être consciente qu’elle est divine avec ses courbes généreuses ».

Notons que « Divine » est une création qui ne sollicite pas seulement le regard du spectateur, mais l’enveloppe dans un univers imaginaire et lui propose un tas d’expériences sensorielles nouvelles. L’installation est à visiter aux ateliers Sahm jusqu’en début janvier. 

Merveille Atipo et Grace Merveille Ngapia, stagiaire

Légendes et crédits photo : 

1- Une photographie en lien avec l’exposition « Divine » /Adiac ; 2- Le mur de lamentations des maux et louanges faits à la femme/Adiac.

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