Exposition sur le kiébé-kiébé à Pointe-Noire : les organisateurs entendent mieux vulgariser le patrimoine

Jeudi 16 Juin 2016 - 20:10

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Après l’espace culturel Jean Baptiste Tati Loutard (arrondissement 1 Emery patrice Lumumba) qui a abrité cette exposition sur le kiébé-kiébé intitulée « A la découverte du Congo et de sa culture» du 21 mai au 5 juin dernier, les initiateurs de l’événement ont décider  le 25 juin,  de l’organiser dans d’autres communes de la ville pour mieux vulgariser ce patrimoine traditionnel.

 

 

L’événement qui a reçu un succès, a mis en avant le côté initiatique du kiébé-kiébé, un aspect qui se cache derrière sa danse folklorique plus connue. Ladite initiation, qui intervient dès l'âge de 7 ans, est destinée à former des hommes justes, sages et honnêtes, à l’image des ancêtres primordiaux des Mbochis, notamment Ndinga (le vertueux) et kiba (le vicieux). Et ne peut être initié que celui qui sait garder le secret.

De ce fait, l’exposition a été constituée d’objets de rituels, notamment: des robes de raphia portées lors de la danse Kiébé-Kiébé, des tam-tams, des attributs des responsables et surtout les 127 marottes très colorées qui ont suscité beaucoup de curiosité et d’admiration. Ces marottes qui occupent une place importante dans l’initiation Kiébé-Kiébé sont classées en catégories (éléments terre, eau, air, feu et autres) et ont chacun une signification selon leurs dimensions, leurs attitudes, leurs formes, leurs couleurs…L’on a aussi noté la présence des tableaux représentant les marottes.

L' exposition a été initiée par Yves Dubois et Emmanuel Okamba, deux passionnés d’objets d’art. Cela, en vue de mieux faire connaître les racines culturelles du Congo et donné un aperçu réel des dimensions universelles, des principes de ses traditions. Elle a été organisée avec la collaboration de l’espace culturelle Jean Baptiste Tati Loutard, le groupe de danse folklorique kiébé-kiébé de Pointe-Noire, les peintres de l’école de peinture de poto-poto (Brazzaville) et également avec l’appui de certaines entreprises de la place. L’événement a été marqué les deux premiers jours par une conférence sur la société initiatique ou société secrète Kiébé-Kiébé, les visites commentées et l’exécution de la danse kiébé-kiébé par les initiés vivant à Pointe-Noire.

L'événement a connu un véritable succès en dépit des difficultés communicationnelles constatées. L'exposition a été visitée par 1500 personnes environ en l’espace de deux semaines. «Nous avons reçu de nombreux visiteurs même le dernier jour de l’exposition », a confié Alain Rock Ngoma, directeur de l’espace culturel Jean Baptiste Tati Loutard. Yves Dubois s’est dit comblé par cette activité qui a donné une visibilité internationale au kiébé-kiébé (danse), aux marottes et à leur signification. Elle  a aussi permis à plusieurs initiés et ressortissants des localités où le kiébé-kiébé est présent de retrouver leurs traditions. « Nous avons reçu des autorités de la place qui ont passé beaucoup  de temps à regarder et à apprendre sur les marottes. Ils étaient heureux de retrouver leurs traditions», a expliqué Yves Dubois évoquant, par ailleurs, les aspects liés à l’urbanisation qui entraine l’exode rural qui constitue un des aspects qui conduisent les gens à briser leurs liens avec les traditions une fois en ville.

Les traditions étant une véritable richesse pour un pays, les congolais devraient sauvegarder et vulgariser les leurs, car elles contribuent (les traditions) à forger la personnalité de chacun et constituent un des intérêts de la vie d’un pays. «C’est la même chose partout, il est important de connaitre les traditions de son département et celles des autres. C’est pourquoi on apprend l’histoire et la géographie à l’école. Je pense que les congolais ne doivent pas abandonner leurs traditions», a-t-il dit. 

Poursuivre la vulgarisation du kiébé kiébé à Pointe-Noire

L’exposition a été une véritable découverte pour les visiteurs dont les préoccupations et la curiosité ont tourné autour des aspects culturels, initiatiques et sociologiques des marottes. Elle a aussi été une école pour Nadia Camar et Coroline Lievin, deux expatriées résidant dans la ville depuis plus de 15 ans ans. «Avant, pour nous les marottes étaient juste des petites marionnettes et sur le marché on ne donne pas leur signification que nous avons pu découvrir grâce à cette exposition et on s’est du coup passionné. Je suis ravi de cette découverte», a confié la première. Pour la deuxième, le kiébé-kiébé renferme une sagesse qui est universelle : « J’ai appris que les marottes sont sacrés et que dans le kiébé-kiébé tout à une signification : les couleurs, la bouche fermée ou ouverte, les animaux sur la tête. C’est l’humanité, c’est rempli de sagesse, et c’est une sagesse universelle qu’on peut retrouver dans d’autres civilisations. Les kiébé-kiébé nous unissent tous».

Il faut intéresser les enfants aux valeurs traditionnelles

Selon Alain Rock Ngoma, l’exposition a été une véritable découverte surtout les enfants qui manquent totalement de connaissances sur les traditions. Pour lui, cette ignorance qui s’avère dangereuse pour eux devrait être corrigée par des initiatives en leur faveur. De ce fait il a suggéré : «Les enfants ignorent tout des traditions.  Il faut les intéresser à ces valeurs à partir de l’école, leur faire visiter des expositions tel que celle sur le kiébé-kiébé que le centre venait d’abriter, les emmener là où on organise des danses traditionnelles, organiser des conférences pour enfants  sur les traditions». Et le ministre Henri Djombo avait exhorté les initiateurs de l’exposition lors du vernissage, à former des jeunes qui assureront la relève de demain pour perpétuer cette richesse inépuisable et émis le souhait que la jeunesse du pays  s’approprie les valeurs traditionnelles.

Tenant compte de tous ces aspects, les organisateurs de cet événement entendent reproduire  cette exposition dans deux communes de la ville. Cela, pour la rapprocher des populations et continuer à vulgariser ce patrimoine, cette richesse traditionnelle qu’est le kiébé-kiébé. Et le souhait d’Yves Dubois, c’est que l’on organise dans la ville, des manifestations sur les traditions tout en insistant sur l’aspect communicationnelle. D’ailleurs Jean-Luc Delvert, consul général de France, indiquait le jour du vernissage de l’exposition que tout ce qui contribue à valoriser et expliquer le patrimoine doit être encouragé.

La danse kiébé-kiébé au siège de la commune de Loandjili

Tous ceux qui sont intéressés ou veulent découvrir la danse kiébé-kiébé peuvent se rapprocher de la maison commune de l’arrondissement 4 Loandjili à côté duquel se situe le siège du kiébé-kiébé Pointe-Noire et dont l’esplanade permet une fois le mois, l’exécution de cette danse folklorique, a informé Monsieur Deckambi, responsable du groupe kiébé-kiébé de la ville. Ce  ressortissant du village Okonda du district d’Alémbé, descendant de ceux qui ont emmené le kiébé-kiébé dans cette zone et initié dès l’âge de 9 ans, a le mérite d’avoir relancer le kiébé-Kiébé de Pointe-Noire créé depuis 1948. Celui-ci réuni les ressortissants de plusieurs districts notamment ceux de : Boundji, Owando, Abala, Alémbé, soit plus de 100 personnes. 

Lucie Prisca Condhet N’Zinga

Légendes et crédits photo : 

-Une vue de l'exposition sur le kiébé-kiébé à l'espace culturel Jean Baptiste Tati Loutard/ crédit photo Adiac - Yves Dubois, à droite, et ...Deckambi

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