Formation du gouvernement : empoignades autour du partage de deux ministères régaliens

Samedi 20 Juillet 2019 - 15:45

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Alors que le Front commun pour le Congo (FCC) met en avant sa majorité acquise au Parlement pour revendiquer les ministères de l’Intérieur et des Finances, le Cach dénonce sa boulimie trouvant anormal que la famille politique de Joseph Kabila puisse obtenir les deux portefeuilles alors qu’elle a déjà, dans son escarcelle,  quelques ministères régaliens, la BCC, la Primature, l’Assemblée nationale ainsi que la majorité des exécutifs provinciaux.

Des bribes d’informations commencent à fuiter autour des négociations en cours au sujet de la formation du gouvernement. S’il est vrai qu’il y a eu quelques avancées qui présagent une fin heureuse des tractations menées par les délégués du Front commun pour le Congo (FCC) et ceux du Cap pour le changement (Cach), s’agissant notamment de la taille du gouvernement et de la définition du programme commun de la coalition, il n’en demeure pas moins vrai que beaucoup reste encore à faire. Les échanges tourneraient, pour l’heure, autour de la répartition des portefeuilles et de leurs animateurs. Un exercice, somme toute, difficile d’autant plus que les personnalités désignées devront impérativement recueillir l’adhésion des présidents de deux composantes de la coalition, en l’occurrence Joseph Kabila et Félix Tshisekedi. Ce qui n’est toujours pas évident.

D’où, d’ailleurs, l’exigence faite à chaque regroupement politique membre de la coalition FCC-Cach de proposer trois noms par ministère. Une procédure qui offre un éventail de choix avec possibilité de dégager, à chaque poste, une personnalité consensuelle. Nonobstant cette approche, l’on se rend compte que les choses ne sont pas aussi simples qu’elles ne paraissent. Ayant compris la complexité du problème et, surtout, compte tenu de ce qu’il recèle comme intelligences, le FCC a finalement demandé à tous les regroupements politiques de son ressort d’envoyer  « au plus tard le 22 juillet 2019 les critères de désignation des membres pouvant faire partie du gouvernement ». Le Cach, qui a également tout intérêt à faire les choses proprement pour minimiser les contestations en son sein, devrait également imaginer une procédure de désignation de ses délégués au prochain gouvernement. Entre-temps, les premières listes envoyées par les deux plates-formes contenant les noms des candidats ministrables auraient été retournées à leurs expéditeurs, apprend-on.  

Autre écueil dans les tractations qui fait jaser, c’est le partage voulu équitable par le Cach des différents portefeuilles alors que le FCC, fort de sa majorité dans les deux chambres législatives, tient mordicus à tout rafler. Si un modus vivendi a été trouvé sur certains ministères régaliens, l’Intérieur et les Finances continuent à diviser les deux camps, susurre-t-on. Pour le Cach, il n’est nullement question que ces deux portefeuilles lui échappent. Il serait anormal que le FCC qui a déjà dans son escarcelle la Banque centrale du Congo (BCC) puisse également avoir une mainmise sur les finances du pays, argumente-on. Quant au ministère de l’intérieur, le Cach justifie son attachement à ce portefeuille par le besoin, pour le chef de l'Etat, de mettre en œuvre sa vision politique qui implique une réelle appropriation de l’espace national. C’est sur ces entrefaites que les jeunes de l’Union pour la nation sont sortis de leur réserve pour demander aux négociateurs du Cach de ne pas fléchir face au diktat du FCC qui tient à ramener dans son giron les deux ministères.   

L'attente devient de plus de plus longue, près de six mois depuis l’investiture de Félix Tshisekedi à la magistrature suprême. Le pays est toujours sans gouvernement  alors qu’il a été nommé, le 20 mai dernier, un nouveau Premier ministre, en la personne de Sylvestre Ilunga Ilunkamba, sur proposition de l'autorité morale du FCC. Ce dernier n’exerce pas, faute d’investiture du Parlement et, pendant ce temps, son prédécesseur pourtant réputé démissionnaire continue de gérer les affaires courantes au nom de la continuité de l'Etat.

Alain Diasso

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