G7 de Biarritz : le G5 Sahel s’invite au sommet

Lundi 26 Août 2019 - 14:05

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Alors que le terrorisme continue de sévir au Sahel, le président français Emmanuel Macron veut mobiliser plus d’acteurs, lors du sommet du G7, pour soutenir la coopération militaire dans la région et dans le financement des projets de développement.

Lors du sommet du G7 qui s'est ouvert le 24 août à Biarritz, il a  été question de financement du G5 Sahel. Cet instrument de coopération militaire et de développement avait été mis en place par cinq pays de la région (Mauritanie, Burkina Faso, Mali, Niger Tchad) en 2014 pour lutter contre le terrorisme. Le président français Emmanuel Macron a invité le Japon et le Canada à rejoindre l’Alliance Sahel, créée par Paris et Berlin en 2017 pour financer les projets de développement et mieux coordonner les aides internationales dans cette partie de l’Afrique, minée par les conflits intercommunautaires et dont les populations dans des zones reculées sont abandonnées par les États. 

La plate-forme dite de coopération internationale regroupe déjà huit pays membres de l’Union européenne ainsi que les États-Unis. À Biarritz est présent le président burkinabè, Roch Christian Kaboré, président par intérim du G5 Sahel. Son pays a été endeuillé par des attaques de groupes armés terroristes contre l’armée dans la province de Soum au Nord. Au lendemain de l'attentat, Roch Christian Kaboré avait déclaré sur Twitter : “J'appelle le peuple Burkinabè à rester toujours debout dans cette lutte de longue haleine contre le terrorisme".

Lori-Anne Theroux-Bénoni, directrice de l’Institut d’études pour la sécurité (ISS), a déclaré que les attaques jihadistes contre les cibles militaires au Burkina Faso comme ailleurs dans le Sahel visent "à montrer leur puissance de feu, mais c’est aussi une façon de se ravitailler en armes et en munitions. Ce type d’attaques intervient parfois en prélude à des attaques plus larges’’. Ces attaques sont une provocation des groupes jihadistes à l’encontre de la force conjointe du G5 Sahel, qui peine à gagner en efficacité, appelée à compter cinq mille militaires.

L'attentat au Burkina Faso rappelle surtout la débacle de la force régionale, et met en lumière la difficulté à lutter contre les groupes jihadistes sur un territoire désertique cinq fois plus grand que la France. Et le G5 Sahel attend toujours les contributions financières  à son fonctionnement, évaluées à quatre cents millions d'euros, promises par la communauté internationale depuis sa création en 2014.  Il déplorait le manque de moyens à l’issue d'une réunion ministérielle à huis clos organisée par la France avec les membres du Conseil de sécurité. “On est à plus de quatre mille hommes mais les équipements majeurs manquent encore et tardent à se mettre en place. On attend toujours des moyens qui tardent à venir.”, a regretté Ould Sidi. Il semble avoir été entendu. L'UE a annoncé en juillet, une aide de 138 millions d’euros, qui doit permettre de renforcer les capacités militaires du G5. “Les groupes jihadistes ont démontré leur capacité à s’adapter à la riposte des dispositifs qui sont mis en place et généralement à les contourner”, explique William Assanvo, chercheur de l’ISS détaché au Burkina-Faso.

Pour Lori-Anne Theroux-Benoni, directrice de l’ISS, le volet militaire du G5 Sahel a été un échec. Il a surtout pris le dessus sur les autres axes de l’initiative régionale qui donnent la priorité au développement et la gouvernance. Le G5 Sahel doit donc engager ‘’urgemment les réformes qui lui permettront de consolider et de préserver sa légitimité en tant que cadre de coordination régionale interétatique”, a-t-il ajouté. " Cette force fait face à des problèmes de financement qui limitent ces actions. Il ne faut pas s’attendre à ce qu’elle règle seule le problème. L’outil militaire est juste censé apporter la sécurité dans les zones où le développement, la résilience, les infrastructures, la gouvernance doivent être" prioritaires. Emmanuel Macron et Angela Merkel l"ont compris en initiant l’Alliance Sahel et en mobilisant d'autres partenaires à Biarritz. Les bailleurs regroupés au sein de cette Alliance doivent financer plus de six cents projets dans les pays de la région, pour un montant total de neuf milliards d’euros.

Noël Ndong

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