Georges Moyen : « J’attends de l’équipe rectorale une évaluation du système LMD »

Samedi 1 Novembre 2014 - 13:15

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De retour du Gabon où il a été élu par ses pairs président du Conseil des ministres du Conseil africain et malgache pour l’Enseignement supérieur (Cames) et décoré de la médaille de Commandeur dans l’ordre international des palmes académiques, le ministre de l’Enseignement supérieur nous a présenté les grands enjeux de son département.   

Les Dépêches de Brazzaville : Quels sont les grands projets du ministère de l’Enseignement supérieur aujourd’hui ?

Georges Moyen : Les grandes priorités du Congo dans ce domaine sont, entre autres, de s’arrimer au système international LMD (Licence-Master-Doctorat) ; de se dire, par ailleurs, que l’enseignement supérieur privé s’impose à nous - l’Etat providence n’étant plus de ce monde - mais pas à n’importe quel prix. C’est pour cela que nous avons retiré l’agrément à seize établissements l’année dernière et des inspections se font actuellement. Ceux qui ne se sont pas améliorés se verront encore retirer l’agrément. Il y a également la condition de l’étudiant qui est un élément extrêmement important. Nous sommes en train de revoir les campus, nous allons rouvrir les restaurants universitaires, parce qu’il faut que la vie de l’étudiant soit paisible. À tout cela, il faut ajouter les grands projets d’académies et pôles universitaires que nous mettons en place dans le cadre de la modernisation de l’enseignement supérieur dans le pays.

LDB : Justement, Mr le ministre, où en êtes-vous avec ce vaste chantier de modernisation de l’Enseignement supérieur?

GM : À la date d’aujourd’hui, le premier grand succès qu’on peut déjà mentionner sur ce chantier est la promulgation de la loi portant création de l’université Denis-Sassou-N’Guesso qui est déjà en construction (à Kintélé en banlieue nord de Brazzaville, ndlr). Je puis vous assurer que les installations qui vont héberger les athlètes des Jeux africains l’année prochaine, sont bien celles du campus de cette université et la construction des modules de l’enseignement a commencé. Puisque nous projetons de mettre en place trois académies et cinq pôles universitaires, cela constitue une avancée pour l’académie de Brazzaville. Dans la capitale nous aurons donc bientôt deux universités dont l’une est fonctionnelle et en grande réfection, et l’autre en construction. Au sein de cette même académie de Brazzaville, se met en place l’Institut national du travail social qui est cogéré par le ministère des Affaires sociales et celui de l’Enseignement supérieur. Déjà, nous avons organisé dimanche dernier (26 octobre) un concours d’entrée à cet institut où 1700 candidats étaient au rendez-vous pour environ 70 places pour le démarrage.

LDB : Qu’est-ce qui a déjà été fait pour les autres académies et pôles universitaires envisagés ?

GM : Nous avons déposé sur la table du secrétariat général du gouvernement le projet de loi créant l’Université de Makoua, l’Université de Dolisie et l’Université de Pointe-Noire. Dans le pôle universitaire Likouala-Sangha, la convention créant l’université inter-Etats Congo-Cameroun est déjà bouclée et je me rendrai bientôt au Cameroun avec ce dossier. Cette université devra démarrer en 2016. Pour le pôle universitaire Pointe-Noire –Kouilou, le terrain a déjà été trouvé et le financement positionné pour la construction de l’Ecole supérieure polytechnique de Pointe-Noire qui sera suivie par l’Ecole de commerce basée à Loango.

LDB : Quelle évaluation pouvez-vous faire aujourd’hui de la mise en place du système LMD ?

GM : Je ne peux vous donner une évaluation complète maintenant. Néanmoins, je vous rappelle que c’est moi, en qualité de recteur de l’Université Marien-Ngouabi qui ai mis en place, avec le professeur Ngoma Maniongui, mon conseiller à l’enseignement supérieur actuel, le système LMD au Congo. Nous avons opté de démarrer là où nous avons des petits effectifs, notamment à l’Institut supérieur de gestion. Nous sommes ensuite allés à la grande aventure, à la faculté de droit, un établissement tant décrié, mais qui forme des cadres très compétents, je le reconnais. Puis, progressivement, nous l’avons installé à l’Ecole normale supérieure polytechnique où les gens ne sont pas tout à fait favorables au LMD, parce qu’ils aiment le titre d’ingénieur, plutôt que de parler de licence professionnelle. Cette conception a ouvert un débat qui ne se limite pas qu’au Congo, il est également en cours au Cames. J’ai toujours demandé qu’une évaluation soit faite et j’attends de l’équipe rectorale une évaluation interne du système LMD. Et, je puis vous dire qu’au mois de décembre prochain il y aura une évaluation externe du LMD qui sera faite par les partenaires, sous l’égide de l’Unesco.

Propos recueillis par Thierry Noungou

Légendes et crédits photo : 

Photo : Georges Moyen, ministre de l’Enseignement supérieur, crédit Adiac.